Selon MSF7
Des soins de santé pour tous, c’est possible
Des soins de santé pour tous n’est pas un pari impossible. C’est à cette conclusion qu’ont abouti l’ONG Médecins sans Frontières (MSF) et le ministère de la Santé Publique. Selon deux études menées parallèlement par MSF et le ministère de la Santé publique, ont conclu que respectivement 12$ et 16$ par habitant par an, c'est le prix de fonctionnement de l'Hôpital général de référence (HGR) de Lubutu, au Nord du Maniema, que MSF a réhabilité, réorganisé et géré pendant six ans. A la veille de son départ, l'organisation médicale humanitaire souligne qu'assurer à la population l'accès à des soins de qualité n'est pas aussi cher qu'on le pense.
Selon un communique de MSF dont L’Observateur a obtenu copie, MSF a ouvert en 2006 ce projet suite à une enquête de mortalité ayant révélé des taux catastrophiques, en partant de l'hypothèse que des soins secondaires gratuits et de qualité permettraient d'avoir un impact rapide sur la mortalité et la morbidité dans ce contexte post-conflit.
En six ans, la présence de MSF a en effet permis de réduire drastiquement la mortalité pour atteindre des taux de 6 à 8 fois inférieurs (selon qu'on parle du milieu urbain ou rural) et jusqu'à 16 fois inférieurs pour les enfants de moins de 5 ans en milieu rural. « Quand MSF n'était pas encore
ici, chaque semaine, nous avions des deuils : deux ou trois par quartier. Dès que MSF est arrivée, la situation a été maîtrisée. On passait des mois sans voir passer un mort. La population était très étonnée», racontent Jules Maiala et Philippe Ufyabo, respectivement Président et Conseiller
principal de la société civile de Lubutu.
Aujourd'hui, MSF a rempli ses objectifs et transmet à Caritas Congo la gestion d'un HGR de 144 lits, avec services de médecine interne, pédiatrie, chirurgie, maternité et soins intensifs. La cérémonie de passation entre les deux organisations a eu lieu le samedi 17 mars, en présence des autorités administratives locales, du médecin inspecteur de province, du médecin chef de district et du médecin chef de zone, ainsi que de l'agence de coopération britannique DFID qui soutient financièrement Caritas Congo.
A l'heure du bilan, MSF s'efforce de tirer les leçons de son expérience à Lubutu et de comprendre les différents facteurs qui, indépendamment de la pacification de la région, ont permis d'atteindre ces bons résultats. En effet, il ne suffit pas d'investir suffisamment dans une structure de santé pour qu'elle garantisse des soins de qualité, mais il faut encore en assurer son bon fonctionnement.
Une gestion des ressources humaines selon des critères de performance s'est avérée être une des clés de succès et a permis d'assurer l'implication et la motivation des employés. Cela passe, entre autres, par des procédures de recrutement transparentes, par une offre de formations adaptées et par le paiement régulier des salaires.
D'autre part, une gestion financière rigoureuse ainsi qu'un circuit efficace d'approvisionnement en médicaments, ont permis d'éviter au maximum les ruptures de stock tout en respectant des critères de qualité, indispensables à une offre de soins correcte. La fourniture d'équipements biomédicaux
permettant d'affiner le diagnostic rapidement, comme des appareils de radiographie par exemple, ainsi que la mise en place d'une intendance assurant une fourniture constante en eau/électricité et une hygiène exemplaire, ont également participé au bon fonctionnement de l'hôpital.
Enfin, assurer l'accès de tous aux soins en supprimant la barrière financière par l'entière gratuité des services de l'hôpital et des centres de santé sous gestion MSF, y compris la mise en place d'un système gratuit d'ambulance médicalisée, s'est avéré crucial pour une population dont les
moyens sont souvent très limités. « Plus de 90% des patients venus par l'ambulance sont des urgences dont on peut supposer qu'une bonne partie serait décédée sans ce moyen de transport rapide», estime Dominique Lambert, experte en santé publique, ayant réalisé une étude pour MSF sur Lubutu.
Ainsi, alors que le gouvernement congolais, les ONG et les bailleurs de fonds sont souvent réticents à investir dans les hôpitaux par peur des coûts et d'une administration trop complexe, le projet Lubutu de MSF démontre qu'avec une gestion adéquate et un coût proche de celui défini par le MSP pour le fonctionnement d'un hôpital respectant les normes nationales congolaises, il est possible d' offrir des soins de santé de qualité supérieure, accessibles à tous et d'avoir un impact bénéfique direct sur les populations en situation précaire.
Médecins Sans Frontières est une organisation privée, sans but lucratif, à vocation humanitaire et médicale, opérant dans 80 pays à travers le monde. Afin de garantir son indépendance et de renforcer ses liens avec la société civile, MSF s´efforce d´obtenir la majeure partie de ses financements de donateurs privés.
MSF est présent en RDC depuis 1981 et délivre des soins de santé primaire et spécialisés en hôpitaux, dans des centres de santé ou dispensaires mobiles à travers le pays.
Kléber Kungu
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