dimanche 22 décembre 2013

Kinshasa envoie 850 militaires pour le compte de la Misca



Stabilisation de la République centrafricaine

Kinshasa envoie 850 militaires pour le compte de la Misca

             «Quand la case du voisin brûle, va vite l'aider à l'éteindre, sinon l'incendie touchera tout le monde», dit un vieux dicton du continent: Kinshasa n’a pas attendu longtemps pour envoyer un contingent de 850 militaires en République centrafricaine (RCA) en vue d’aider le président centrafricain Michel Djotodia à faire face à l’insécurité causée par les hommes qui l’ont porté au pouvoir, les rebelles de la Séléka.

            La République démocratique du Congo a envoyé huit cent cinquante militaires en République centrafricaine dans le cadre d’une mission africaine de maintien de paix. Ces soldats, qui doivent former, avec des soldats d’autres pays africains, la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca), ont la lourde mission de stabiliser ce pays dont la situation sécuritaire est précaire depuis la chute de François Bozizé en mars dernier. 
            Cette mission est la toute première pour l’armée congolaise qui n’a jamais participé à une mission internationale de maintien de paix.
            En envoyant ses militaires en RCA, le gouvernement congolais compte faire d’une pierre deux coups en protégeant également sa population contre des éventuels débordements de la situation sécuritaire et humanitaire qui prévaut dans ce pays voisin. Les militaires congolais se rendront en République centrafricaine dans quinze jours au maximum. 

Misca forte de 3 700 hommes
            Forte de 3700 hommes et mandatée par l’Onu, la Misca a officiellement succédé jeudi 19 décembre à la Fomac, la Force jusqu’alors déployée par l’Afrique centrale en RCA.
            Donc, comme dit ce dicton africain, « Quand la case du voisin brûle, va vite l'aider à l'éteindre, sinon l'incendie touchera tout le monde», il n’y a pas de raison pour le gouvernement congolais d’être spectateur en regardant la situation se détériorer en RCA sans rien faire.
            De plus, la RDC qui partage avec la RCA une frontière de 1577 km ne pouvait pas laisser ce pays continuer de s’enflammer au risque de déstabiliser profondément sa propre tranquillité qui est loin d’être stable, car à peine sortie d’une guerre qui l’a profondément ruinée.
            « Un autre raison vient s’ajouter à celle-là, c’est la proximité de la République Centrafricaine et l’impact des désordres qui y surviennent sur la situation sécuritaire et humanitaire dans la partie Nord de notre pays. Nous avons une frontière de 1577 km avec la RCA. Elle s’étend de Libenge en province de l’Equateur à Ndu dans le territoire de Bondo en Province Orientale, c’est une raison suffisante pour que nous puissions nous préoccuper des précautions à prendre pour que ces conflagrations qui ont déstabilisé la République centrafricaine, ne débordent pas dans notre pays comme nous l’avons vu en 1994 », a indiqué le porte-parole du gouvernement congolais au cours d’une conférence de presse.

Près de 50 000 réfugiés centrafricains en RDC
            La situation en RCA est plus préoccupante que plus de 47 000 réfugiés centrafricains vivent actuellement en RDC, dont environ plus de 20 000 ont déjà été transférés dans les quatre camps de réfugiés créés par le HCR à l’Equateur et en Province Orientale, selon la chargée des Relations extérieures au Bureau régional du HCR, Céline Schmitt.
            Les réfugiés centrafricains avaient traversé la frontière pourtant fermée par les autorités centrafricaines depuis jeudi 5 décembre, fuyant les affrontements entre les militaires fidèles à l’ex-président François Bozizé et les ex-rebelles de la Seleka, qui ont pris le pouvoir à Bangui depuis mars dernier.
            Placé au pouvoir en mars dernier par les rebelles de la Seleka, le président de la transition, Michel Djotodia, peine à rétablir la sécurité dans un pays qui sombre dans le chaos des tueries interreligieuses.
            Aussi Michel Djotodia a-t-il appelé samedi au "sursaut national" et renouvelé son offre de dialogue aux milices chrétiennes, alors que le pays menace de nouveau de s'embraser après une reprise des tueries interreligieuses.
            En début de soirée, des tirs et de fortes détonations étaient audibles en provenance des quartiers Gobongo et PK12, dans le nord de la ville, à proximité de l'aéroport.
"Nous sommes condamnés à enclencher la bataille de la réconciliation nationale pour le triomphe du bien sur le mal. Mais pour y arriver, il nous faudra une plus grande dose de patriotisme et un sursaut national", a lancé le président Djotodia, dans une déclaration lue aux médias à sa résidence de Bangui.
            "Transformons dès maintenant nos machettes, nos fusils et autres armes en bulletins de vote et gardons notre mal en patience", a plaidé l'ancien chef rebelle, arrivé au pouvoir par les armes en mars 2013 à la tête de la Séléka, une coalition hétéroclite de groupes armés musulmans.
"Je renouvelle mon entière disponibilité à discuter avec tous ceux qui ont pris les armes, à tort ou à raison, pour qu’enfin tous, sans exception, nous soyons désarmés", a-t-il poursuivi: un désarmement physique mais aussi et surtout un désarmement de cœur, car la survie de notre nation en dépend".
            C'est la seconde fois que le président Djotodia fait une telle offre de dialogue aux milices d'autodéfense chrétiennes "anti-balaka" (anti-machette, en lutte contre les Séléka) depuis les massacres à grande échelle qui ont éclaté le 5 décembre à Bangui et fait près d'un millier de morts dans le pays.
            La plupart des victimes ont été tuées dans des représailles de la Séléka, mais également dans les atrocités des milices anti-balaka contre les civils musulmans. M. Djotodia avait alors été sévèrement critiqué, notamment par la France, pour ne pas avoir pu ou voulu contrôler ses hommes de l'ex-Séléka.
            Ces violences ont précipité l'intervention militaire de la France, dont les 1.600 militaires, qui ont déjà perdu trois des leurs, et sous lannaière de l’opération Sangaris (papillon en langue locale), tentent depuis lors de désarmer les belligérants et opèrent en appui à la Misca, forte de 3.700 hommes.
            Les déclarations de M. Djotodia interviennent au lendemain d'un nouveau regain de violences dans la capitale centrafricaine, où une trentaine de personnes ont trouvé la mort dans des affrontements à proximité de l'aéroport, impliquant des soldats tchadiens de la force africaine.
            La situation à Bangui est tellement explosive que les musulmans, privés de la protection des Séléka dans la rue, furieux, se sentent abandonnés et se disent à la merci des représailles des anti-balaka, reprochant à l'armée française de les priver des moyens de se défendre.
            Les ressortissants tchadiens sont également victimes des représailles des Centrafricains, notamment les anti-balaka qui les accusent d’être des musulmans et d’avoir amené la Séléka au pouvoir. Une patrouille tchadienne a même été attaquée jeudi soir par des anti-balaka, un officier tchadien tué dans l'embuscade et plusieurs soldats blessés.
            Depuis N'Djamena, le président tchadien Idriss Déby a confirmé l'incident, et appelé les Centrafricains "à ne plus s'en prendre aux militaires tchadiens qui sont là pour les aider à sortir de leur situation".
            C’est dans un tel contexte mêlé de violences, d’insécurité et de représailles que les militaires congolais vont intervenir dans une Centrafrique bouillonnante et en flammes.
Kléber Kungu

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