lundi 7 octobre 2013

WWF porte plainte contre le pétrolier Soco

Pour sauver le parc national des Virunga WWF porte plainte contre le pétrolier Soco L’avenir du parc congolais des Virunga est entre les mains du Fonds mondial pour la nature (WWF). Celui-ci a déposé plainte, lundi 7 octobre, contre la compagnie pétrolière anglaise Soco auprès de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Motif : "violation des normes de responsabilité sociale des entreprises internationales". Pour WWF, "les activités d'exploration pétrolière de Soco dans et aux abords du parc national des Virunga violent les directives de l'OCDE concernant l'environnement et les droits de l'homme". L'OCDE est appelé à se prononcer d'ici à deux mois sur la recevabilité ou non de la plainte. Le Fonds mondial pour la nature (WWF) est déterminé à sauver le parc national des Virunga, situé dans la province du Nord-Kivu en se lançant dans une bataille judiciaire contre la société Soco. Le Monde, qui rapporte la nouvelle, estime que c’est une nouvelle étape dans la bataille lancée par WWF pour tenter d'empêcher les pétroliers détenteurs de concessions dans le parc des Virunga d'utiliser les permis octroyés par le gouvernement congolais. Il s’agit, ajoute la source, de trois groupes concernés jusqu'à présent : L'italien ENI, Total et Soco. Si les deux premières sociétés ont renoncé grâce à la pression entre autres de WWF, Christophe de Margerie, PDG de l'entreprise française, ayant assuré, en mai, qu'aucune exploration n'aurait lieu à l'intérieur des limites actuelles du parc, la firme britannique, Soco, elle, résiste, en restant sourde aux avertissements de l'Unesco et du gouvernement britannique, tout comme le gouvernement congolais, qui, apprend-on, a reçu des mises en garde de ses bailleurs, à commencer par l'Union européenne. Créée en 1997, l’entreprise Soco opère en Angola et au Vietnam. La filiale congolaise de Soco – domiciliée aux îles Caïmans – détient depuis 2007 une concession dénommée "bloc 5" de 7 500 km2 dont plus de la moitié se trouve à l'intérieur des Virunga. WWF demande à l'OCDE de faciliter un "dialogue amiable" L’entreprise a été autorisée, en octobre 2011, par décret du ministère de l'énergie, à explorer "à des fins scientifiques", seul motif prévu par la loi congolaise sur la protection de la nature, pour déroger à l'interdiction de pénétrer dans une aire protégée alors que la mobilisation internationale était déjà lancée. Malgré toutes ces manifestations, Soco continue de violer les traités internationaux auxquels a souscrit la RDC en sollicitant l'inscription des Virunga au Patrimoine mondial. Le site, où vivent un quart des derniers gorilles de montagne, a été classé en danger en 2008. En portant l'affaire devant l'OCDE, le Fonds mondial pour la nature est conscient de s'aventurer sur un terrain juridiquement faible. Les lignes directrices de l'organisation internationale ne sont pas contraignantes et les entreprises qui ne les respectent pas n'encourent aucune sanction. Si ce n'est de ternir leur réputation. Pour Jean-Baptiste Roelens, de WWF France, la démarche de l’ONG est de pousser Soco ainsi toutes les sociétés désireuses de faire comme la première de renoncer. "Nous voulons attirer l'attention sur cette société et convaincre ceux qui détiennent des actions ou voudraient en acheter d'y renoncer", a-t-il expliqué. Dans sa procédure, l'ONG demande à l'OCDE de faciliter un "dialogue amiable" pour amener l'entreprise à modifier son comportement. La plainte, rédigée sur 34 pages, liste une série d'entorses aux principes auxquels sont tenues de se conformer les multinationales d'un pays membre de l'OCDE. Parmi elles, selon le WWF, l'absence d'évaluation de l'impact humain que pourrait avoir une "ruée vers l'or noir" dans une région aussi instable que l'est de la RDC. "Il y a de sérieuses craintes que le pétrole n'attire encore davantage de groupes armés et n'alimente les conflits. WWF souligne que Soco n'a pas démontré qu'elle avait pris ce risque en compte comme elle aurait dû le faire". Impacts sensibles sur la biodiversité La compagnie aurait aussi failli à son obligation de fournir une évaluation environnementale aux populations touchées par le projet. Or, selon le document gardé confidentiel par l'entreprise et que WWF produit dans sa plainte, il s'avère que les activités d'exploration pourraient avoir des impacts sensibles sur la biodiversité : pertes d'habitats ; risques de pollution ; perturbation de la reproduction de la faune aquatique ; risque de braconnage des employés du site... Le bloc 5 traverse le lac Edouard sur lequel travaillent environ 27 000 pêcheurs. Des tentatives d'intimidation des communautés locales, dont plusieurs se sont regroupées pour demander au gouvernement de mettre fin au projet, ont été relatées. Cette accusation fait écho à l'arrestation, le 19 septembre, d'un des rangers du parc, Rodrigue Katembo Mugaruka. Aucune charge n'a été encore officiellement retenue contre lui, mais les ONG qui ont pris sa défense pointent l'altercation qu'il aurait eue, deux jours avant son arrestation, avec des employés de Soco qui tentaient d'implanter une antenne de télécommunication sans autorisation. L'entreprise nie toute implication dans cette arrestation. Le Parc national des Virunga, jadis Parc Albert, est le plus ancien parc national de la République démocratique du Congo et d'Afrique. Il est classé au Patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1979. Créé en 1925, il est très riche par sa faune et sa flore. Des traces d'okapis y ont par ailleurs été récemment observées. Le parc est situé dans l'est de la République démocratique du Congo et couvre en partie les montagnes des Virunga, près du Rwanda et de l'Ouganda. Il présente l'une des densités de population les plus élevées d'Afrique, avec plus de 400 hab./km². Il est consacré patrimoine mondial pour son exceptionnelle biodiversité. Kléber Kungu

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