samedi 20 octobre 2012

Le Rwanda, un déstabilisateur pour ramener la paix et la sécurité

Elu membre du Conseil de sécurité de l’Onu Le Rwanda, un déstabilisateur pour ramener la paix et la sécurité La communauté internationale, les ONG internationales et nationales, de nombreux rapports onusiens ainsi que le gouvernement congolais ont beau avoir à accuser Kigali de soutenir les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23), le Rwanda a été élu jeudi 18 octobre membre non permanent du Conseil de sécurité de l’Onu. Et ce, peu après la publication d'extraits d'un tout dernier rapport accablant de l'Onu. Il a été élu en même temps que l'Argentine, l'Australie, la Corée du Sud et le Luxembourg. Un vote qui s’est fait à la main et à bulletins secrets. La RDC a beau protester et objecter, la machine électorale ne s’est pas arrêtée. Donc, à partir du 1er janvier 2013, ces cinq nouveaux membres siégeront pour un mandat de deux ans en remplacement de l'Afrique du Sud, de l'Allemagne, de la Colombie, de l'Inde et du Portugal. Juste avant le début des opérations de vote, qui se font à la main et à bulletins secrets, la République démocratique du Congo a soulevé sans succès une objection, affirmant que le Rwanda n'était pas digne de siéger au Conseil en raison de son "rôle déstabilisateur en RDC". « En plus de son rôle déstabilisateur de la RDC, le Rwanda constitue aujourd’hui l’oasis de paix pour tous les criminels de guerre qui opèrent dans la partie orientale de la RDC et qui sont recherchés par la justice internationale. A ce titre, ma délégation fait objection à l'entrée du Rwanda au Conseil de sécurité… », a déclaré l'ambassadeur de la RDC auprès des Nations unies, Charlotte Omoy Malenga. Comme pour se moquer de la RDC, après le vote, la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, a commenté l‘élection de son pays. “Nous comptons mettre en avant notre modeste expérience et nos idées pour promouvoir la stabilité dans cette région”, a-t-elle promis. Et d’ajouter que la tentative de blocage du scrutin par la RDC n‘était qu’un “geste de frustration”. Dans un rapport confidentiel de l'Onu qui a commencé à fuiter deux jours avant le scrutin à l'Assemblée, Kigali est accusé d'armer la rébellion du M23 dans l'est de la RDC. Le Rwanda a toujours démenti ces accusations. C'est la deuxième fois que le Rwanda siège au Conseil de sécurité. C’est ce même Conseil de sécurité de l’Onu qui a dénoncé à plusieurs reprises "l'appui extérieur" apporté aux rebellions en RDC, par le Rwanda notamment, qui bénéficie du soutien des Etats-Unis, ni sanctionner des responsables rwandais comme le réclame Kinshasa. Pour être élu, il fallait rassembler une majorité des deux tiers de l'Assemblée générale composée de 193 pays membres: le Rwanda avec 148 voix, l'Australie avec 140 et l'Argentine avec 182 voix ont été élus dès le premier tour. La bataille a été plus serrée pour le Luxembourg et la Corée du Sud élus au second tour. Avec 131 voix, le Luxembourg a déjoué les pronostics qui donnait la Finlande comme favorite. Il est passé tout prêt d'une victoire dès le premier tour avec 128 voix contre 108 pour la Finlande. La Corée du Sud a écrasé le Cambodge, 149 votes contre 43. Pas d’adversaires pour le Rwanda et l’Argentine Le Conseil, qui compte 15 membres, renouvelle chaque année cinq de ses dix sièges de membres non permanents, sur une base régionale. A la suite d'arrangements, les jeux étaient faits pour le Rwanda et l'Argentine qui n'avaient pas d'adversaires déclarés dans leur région respective (Afrique et Amérique latine-Caraïbes). En Asie, la Corée du Sud qui affrontait le Cambodge et le Bhoutan a fait valoir son implication dans 19 opérations de maintien de la paix de l'Onu depuis son entrée en 1991. Les cinq autres membres non permanents sont l'Azerbaïdjan, le Guatemala, le Maroc, le Pakistan et le Togo. Leur mandat s'achève à la fin 2013. Les cinq membres permanents, qui ont un droit de veto, sont les Etats-Unis, la Chine, la France, la Russie et le Royaume-Uni. Le Conseil de sécurité a la responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Ses décisions sont en principe contraignantes et doivent recueillir au moins neuf voix sur 15, sans veto. L'Argentine va siéger aux côtés du Royaume Uni, membre permanent du Conseil, 30 ans après la fin de la guerre qui a opposé les deux pays pour la souveraineté des Malouines, un archipel de l'Atlantique Sud. La querelle, en sourdine depuis plusieurs années, a été ravivée ces derniers mois par des déclarations acerbes de part et d'autre et une visite en juin de la présidente argentine Cristina Kirchner au siège de l'Onu pour réclamer des négociations sur les Malouines, ce que Londres refuse. Mais l'Argentine a déjà siégé au conseil huit fois depuis 1948 et lors de son dernier mandat en 2005-2006, la cohabitation s'était bien passée. L'Australie, qui a siégé au Conseil quatre fois déjà, avait lancé sa candidature en 2008 et a déployé un lobbying intense et coûteux auprès des membres de l'Assemblée pour obtenir un cinquième mandat, selon des diplomates. Cela dit, bien des observateurs avertis, dont les Congolais, récusent l’élection du Rwanda comme membre du Conseil de sécurité de l’Onu compte tenu de nombreux rapports des experts de cette Conseil qui l’accusent de déstabiliser la RDC en soutenant en armes, en hommes et en munitions des groupes rebelles comme le Mouvement du 23 mars, M23, qui combat l’armée congolaise au Nord-Kivu depuis avril dernier. Comment le Rwanda, se demandent-ils, peut-il se prévaloir jouer le rôle qui lui est dévolu comme membre du Conseil de sécurité, alors que depuis des décennies il n’a cessé de déstabiliser la région des Grands lacs par des rebelles entreposés ? Tout compte fait et tout déstabilisateur que puisse être le Rwanda, il ne lui appartient pas de ne pas de nourrir certaines ambitions hégémoniques comme occuper un poste de membre au Conseil de sécurité de l’Onu. Qui condamner dans le choix de ce pays déstabilisateur comme membre du Conseil de sécurité : le Rwanda lui-même ou les autres membres de l’Assemblée générale qui l’ont élu ? Qui sont au courant du comportement provocateur de Kigali. En outre, le manque (peut-être) d’intérêt d’autres pays africains à ce poste n’a pas fait le lit à l’ambition aux Rwandais ? En attendant, le Rwanda a deux ans pour faire entendre sa voix au Conseil de sécurité de l’Onu comme membre non permanent. Qu’elle (la voix) ou non à la RDC qui doit désormais faire du réalisme que se mettre à pleurnicher. Kléber Kungu

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