dimanche 19 août 2012
Pas de soldats congolais, burundais, ougandais et rwandais dans cette Force !
Force neutre internationale
Pas de soldats congolais, burundais, ougandais et rwandais dans cette Force !
La Force neutre internationale à déployer entre la RDC et le Rwanda ne comprendra tous les autres soldats sauf ceux de la République démocratique du Congo, du Burundi, du Rwanda et de l’Ouganda. Ainsi en a décidé le Comité des ministres de la Défense des pays membres de la Conférence internationale de la région des grands lacs (CIRGL), qui s’est réuni jeudi 16 août à Goma, chef-lieu de la Nord-Kivu. Une force qui devra compter quelque 4 000 hommes pour traquer tous ceux qui sont considérés comme forces négatives, c’est-à-dire les mutins du M23, les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda et d’autres groupes armés qui écument cette zone devenue une poudrière.
Ce comité, institué par les chefs d’Etat de la CIRGL, au cours de leur dernier sommet à Kampala, a pour objectif d’étudier les modalités de la constitution de cette force. Ses besoins opérationnels, administratifs et logistiques seront déterminés prochainement par l’équipe militaire de l’évaluation. Les ministres de la Défense ont en revanche déterminé la taille et les principales zones de déploiement de la force neutre.
Une force qui est loin de réunir l’unanimité avant même de voir le jour. Kigali s’oppose au déploiement de troupes originaires des pays d’Afrique australe et de l’Angola tandis que l’opinion congolaise n’arrive pas à comprendre pourquoi le Rwanda, considéré comme l’agresseur, pourrait déployer sur la frontière des troupes considérées comme neutres.
«Nous avons envisagé que quatre mille hommes suffiraient. Il y aura une commission qui déterminera la structure de cette force qui se déploiera dans les quatre zones à savoir: Beni, Ruwenzori, Walikale et Masisi», a révélé le ministre congolais de la Défense, Alexandre Luba Ntambo.
Par ailleurs, les ministres de la Défense de la CIRGL ont également recommandé aux rebelles du M23 de cesser toute activité militaire et anticonstitutionnelle, dont l'installation de structures politiques et administratives parallèles, d'arrêter la nomination des présidents d'administration, d'arrêter de changer les chefs coutumiers, et (d'arrêter) de remplacer le drapeau national" par le leur,, et de retourner dans leur position d’avant le 30 juin 2012, c'est-à-dire sur les collines stratégiques de Runyioni, Mbuzi et Chanzu, dans le territoire de Rutshuru au Nord-Kivu, près de la frontière avec l'Ouganda et le Rwanda, a précisé Luba Ntambo.
En guise de réplique à cette exigence, les mutins du M23, par la voix de son porte-parole militaire, le lieutenant-colonel Vianney Kazarama, a évoqué le dialogue qu’ils réclament avec Kinshasa.
"Le problème ce n'est pas les trois collines! (. . . ) Nous demandons au gouvernement de Kinshasa de s'assoir avec nous, de dialoguer avec nous, avec l'opposition, avec la société civile, ensemble (. . . ) pour qu'on trouve un compromis, une solution sur le problème congolais!", a-t-il déclaré. Ce que le gouvernement congolais a toujours refusé, qualifiant le M23 qualifiant de "force négative".
Les ministres étaient accompagnés de leurs chefs d'état-major et de leurs chefs de service de renseignement, qui s'étaient rencontrés auparavant pour définir les contours de la force "neutre" et faire cesser les violences qui ont fait plus de 250 000 déplacés en quelque 4 mois d’affrontements.
Force dotée du mandat de l’Union africaine et des Nations unies
La commission des ministres de la Défense de la région des Grands lacs va remettre son rapport au président en exercice de la CIRGL, le chef d’Etat ougandais Yoweri Kaguta Museveni, au plus tard le 22 août prochain, qui l'exposera lors du prochain sommet de la CIRGL, prévu en septembre.
Cette force internationale neutre, apprend-on, sera dotée du mandat de l’Union africaine et des Nations unies.
La réunion de Goma avait pour objectif d’arrêter des actions urgentes et concrètes pour que les combats cessent dans la partie Est de la RDC.
Le secrétaire exécutif de la Conférence internationale pour la région des Grands Lacs (CIRGL), Ntumba Lwaba, avait précisé mercredi 15 août que les contingents de la force internationale neutre à déployer le long de la frontière entre la RDC et le Rwanda pour lutter contre les groupes armés seront essentiellement originaires de la région des Grands Lacs et de toute la région africaine.
Les Etats "concernés" par les récents affrontements dans la province du Nord-Kivu ne participeront pas à cette force. "La RDC, le Rwanda, le Burundi, l'Ouganda, pour ne citer que ceux-là, sont concernés, il ne serait pas normal qu'ils composent la force", a précisé le ministre congolais de la Défense.
Kinshasa, l’Onu et d’autres ONG internationales ont toujours accusé le Rwanda d’apporter de l’appui en hommes, en armes et en munitions aux mutins du M23. Ce que Kigali a toujours rejeté.
L'Ouganda est soupçonné de soutenir le M23. Comme Kigali, Kampala a démenti. Ces dernières semaines, la Société civile et le gouvernorat du Nord-Kivu ne cessent d’accuser le Rwanda et l’Ouganda d’apporter des renforts en hommes aux rebelles du M23 qui poursuivent les recrutements forcés.
L’opinion congolaise refuse d’accepter que le Rwanda, considéré comme l’agresseur, et l’Ouganda qui vient allonger la liste des pays soutenant la rébellion du M23, puissent fournir des troupes considérées comme neutres à une force voulue neutre à déployer sur la frontière entre la RDC et le Rwanda.
C’est pour garantir la neutralité de cette force internationale que le Comité des ministres de la Défense des pays membres de la Conférence internationale de la région des grands lacs ont décidé que les troupes de la RDC, du Rwanda, du Burundi et de l’Ouganda ne fassent pas partie de cette Force.
Une décision qui inquiète toutefois bon nombre de Congolais. Ceux-ci se demandent, s’il est acceptable que le pays agresseur – le Rwanda – et d’autres comme l’Ouganda accusés de soutenir le M23, soient exclus de la liste de ceux devant contribuer en troupes à la composition de la Force, comment on peut décider que le pays agressé ne contribue pas en hommes à la Force qui est censée sécuriser son territoire.
Si l’idée de la création de cette Force est acceptée, sa concrétisation relève encore du monde onirique, aussi longtemps que des questions logistiques, opérationnelles et administratives ne seront pas résolues.
La CIRGL est composée de la RDC, de l'Angola, de la Zambie, de la Tanzanie, du Burundi, du Rwanda, de l'Ouganda, de la Centrafrique, de la République du Congo, du Kenya, du Soudan.
Lors d'un sommet à Kampala le 7 juillet, les chefs d'Etat n'avaient pas réussi à s'entendre sur la composition de la force neutre décidée à Addis Abeba en marge du sommet de l'Union africaine. Ils ont décidé de se revoir début septembre à Kampala.
Kléber Kungu
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