dimanche 5 août 2012
On ne réhabilite pas une route sans provoquer des embouteillages
Révolution de la modernité
Les travaux de réhabilitation et de modernisation du boulevard Lumumba, sur son tronçon reliant le pont Matete à l’aéroport international de N’djili ne cessent de se faire parler d’eux, aussi bien positivement que – surtout – négativement, dans le district de la Tshangu. En effet, les travaux de réhabilitation de ce tronçon de route sont en partie à la base de beaucoup d’embouteillages et d’autres désagréments à l’instar de la pollution de l’air, des vols que les Kinois déplorent à ce jour. Comme quoi, on ne réhabilite pas une route sans provoquer des embouteillages, comme qui dirait, on ne fait pas des omelettes sans casser des œufs.
Depuis plus de quatre mois, les habitants de la partie occidentale de la capitale congolaise éprouvent d’énormes difficultés pour se déplacer. Des embouteillages quotidiens s’étalant sur plusieurs kilomètres poussent les Kinois à marcher, chargés ou non chargés, sous un soleil ardent ou dans un froid glacial.
A l’aller comme au retour, des spectacles éblouissants s’offrent et s’étalent à perte de vue : des colonnes de marcheurs, hommes et femmes, garçons et filles, jeunes et vieux, de toutes les tailles, des gros, des grands, des sveltes, envahissent la chaussée en réhabilitation, se confondant, avec les engins rugissants, des camions de la société chinoise chargée de réhabiliter la route chargés de la caillasse, des véhicules de transport en commun, des privés, des pousse-pousseurs haletants, suants et sales, tirant leurs charges, sans désemparer.
Chaque jour, on assiste presque au même spectacle agréable à voir, mais très difficile à vivre. Des cris des receveurs, très entreprenants et zélés, hélant des potentiels passagers, se mêlent aux vrombissements des véhicules qui déchargent et se chargent dans un désordre indescriptible et propre au monde des transporteurs congolais.
Des marchés pirates ici et là…
Ici et là, se forment à même le sol des petits marchés où tout – d’utile - se vend. Ici, ce sont des bananes fruits mûres étalées à même le sol, à côté des morceaux de canne à sucre. Plus loin, ce sont des chaussures usagées, alors des vendeurs ambulants ne se lassent pas de circuler avec qui des gâteaux, qui des mouchoirs, qui d’autres des papiers mouchoirs, de la boisson sucrée, de la sucrerie des bananes fruits mûres, des cache-nez. Rivalisant de combativité, de courage, ce sont des mamans, des papas, mais surtout des enfants, des jeunes garçons et des jeunes filles, qui proposent des sachets d’eau froide enfouis dans de gros sachets placés dans des sacs qu’ils transportent infatigablement dans des bassinets placés en équilibre sur la tête, aux cris de « Mayi ! Mayi ! Mayi ya pio » (L’eau ! L’eau ! L’eau froide, NDLR), appuyés par de sifflements sonores.
Des charlatans ou vendeurs d’illusions complètent le grand marché : les plus féconds proposent des fruits dont ils vantent des propriétés curatives contre plusieurs maladies et surtout contre …l’impuissance sexuelle. L’on comprend aisément l’attroupement de curieux et de potentiels preneurs qui les entoure.
Les cris de ces marchands des marchandises se mariant avec ceux des marchands ambulants, viennent ajouter au vacarme de ce monde mouvant : le tout formant un vacarme assourdissant, alors qu’une marée humaine, comme des fourmis rouges en temps de paix, va et rentre. Un tableau dont un brillant finaliste de l’Académie des beaux-arts rendrait la beauté avec satisfaction !
… une pluie de poussière
Comme pour compléter ce beau tableau, une puissante pluie de poussière, soulevée par de nombreux des véhicules allant et revenant, vient mouiller cette masse humaine qui cherche à s’en protéger de plusieurs manières. Si certains, plus prudents, se servent des cache-nez qu’ils placent sur la bouche et le nez, ou un mouchoir voire un papier mouchoir, d’autres estiment que la paume de main placée sur les fosses nasales fait bien l’affaire.
Avançant lentement, des colonnes de véhicules multicolores tentent de se tirer d’affaire dans un embouteillage qui ne faiblit pas : à l’aller comme au retour. Ceux qui savent les habitudes de transport, se lèvent très tôt pour être avant six heures aux arrêts de bus. A cette heure, apprend-on, les démons de l’embouteillage dorment encore, il faut donc les devancer !
Faufilant entre ces colonnes et visibles par les couleurs de leur tenue, des éléments de la police routière, à coups de sifflets entre les lèvres, essaient de mettre de l’ordre dans ce capharnaüm. Le travail est si harassant et souvent payant. Quelques billets de banque ne manquent pas de changer de propriétaires : des chauffeurs aux policiers, au vu et au su de tout le monde, occupé plus à se tirer de cet embouteillage !
Friands de marées humaines et autres attroupements, des voleurs et autres pickpockets ne tardent pas à prendre part à la fête, de leur manière. Que de victimes à ce jour !
Pour éviter d’être coincé dans ces embouteillages, il est conseillé de quitter le centre-ville avant 16 heures. Ce qui est un pari difficile à respecter, les impératifs étant aussi nombreux que variés.
C’est dans ce désordre, dont les chauffeurs en grande partie responsable et en raison de cela, que des marcheurs et des passagers, essaient de prendre leur mal en patience en s’attaquant à ceux qu’ils considèrent comme les responsables de leur malheur : les Chinois. Qu’ils n’hésitent pas de comparer aux Japonais.
Bien des Kinois qui, voilà quelques mois, étaient ébahis devant les performances des Chinois lors des travaux de réhabilitation du boulevard du 30 juin, sont convaincus que ceux-ci travaillent en désordre, cause de ces embouteillages quotidiens. Bref, ils ne connaissent rien de la construction des infrastructures routières, comparés aux Japonais qui sont devenus, aux yeux des Kinois, des experts en infrastructures routières. « Voyez comment les Japonais ont réhabilité le route des Poids Lourds : ils l’ont fait en ordre et sans embouteillages ! », disent les pro Japonais. Qui ajoutent en renvoyant les pro Chinois au boulevard du 30 juin qui, selon eux, présente déjà des fissures au niveau de Socimat.
Dans cette comparaison – qui n’est pas le débat du jour -, les débatteurs concluent : « Il n’ y aura plus ou pas assez d’embouteillages une fois les travaux de réhabilitation de cette route terminée. Mais nous ne sommes pas sûrs que les travaux vont s’achever avant le début des travaux de la Francophonie ».
Oui, nous sommes convaincu que les travaux iront au-delà du mois d’octobre. En effet, ces travaux, dont le lancement officiel est intervenu le 6 juillet 2011, s’étaleront sur une période de 18 mois. Or, depuis leur lancement, ils viennent d’accomplir 12 mois et iront jusqu’au mois de janvier 2013. Ils sont exécutés par le groupement des entreprises chinoises « CREC » pour un coût de 188 millions de dollars américains, dont 165 millions représentent le coût des travaux et 23 millions l’indemnisation des concessionnaires en vue de dégager l’emprise de la route,
Kléber Kungu
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