dimanche 8 avril 2012

Roger Lumbala lâche Tshisekedi

Vive les plénières de l’Assemblée nationale
Roger Lumbala lâche Tshisekedi
A en croire des sources concordantes, 40 des 42 députés élus sur la liste de l'UDPS ont décidé de siéger à l'Assemblée nationale. Le dernier des députés à lâcher Etienne Tshisekedi est Roger Lumbala qui a décidé finalement de siéger à l’Assemblée nationale après avoir pratiqué la politique de chaise vide depuis le début nouvelle législature. De plus en plus esseulé par les siens, le lider maximo est affaibli chaque jour qui passe.
Leader du Rassemblement des Congolais démocrates et nationalistes (RCD/N), parti politique de l’opposition, issu d'une ancienne rébellion, allié de l’UDPS) et dirigeant aussi de la plate-forme dénommée Soutien à Etienne Tshisekedi (SET), Roger Lumbala a enfin décidé, vendredi 6 avril, de prendre part aux plénières de l’Assemblée nationale, en lâchant proprement Etienne Tshisekedi, leader de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), qui rejeté les résultats des élections du 28 novembre 2011 en République démocratique du Congo (RDC) et s'est autoproclamé "président élu" de la RDC.
Ce député élu de la circonscription de Mbuji-Mayi, le chef-lieu de la province du Kasaï oriental (centre), le bastion d’Etienne Tshisekedi, a donné les raisons de sa décision. Il a affirmé s'opposer à la politique de la chaise vide. La grande majorité de l'opposition en RDC est favorable à siéger, en dépit des appels au boycott du président de l'UDPS, a-t-il expliqué.
"Pour ce qui me concerne et mon parti politique, nous devons siéger parce que j'estime que la politique de la chaise vide n'a jamais payé. Je me souviens toujours de l'histoire d'Etienne Tshisekedi. Ils étaient treize parlementaires et ils ont lutté à l'intérieur. Nous, nous sommes plus de cent parlementaires. Est-ce que nous ne pouvons rien faire ? Quand treize parlementaires avaient fait quelque chose en face de nombreux parlementaires…», a déclaré Roger Lumbala.
Aujourd’hui, il s’avère que 40 des 42 députés élus sur la liste de l'UDPS ont décidé de siéger à l'Assemblée nationale, foulant aux pieds le mot d’ordre de M. Tshisekedi. Cette situation de crise risque de provoquer l'implosion du parti, divisé entre deux ailes, ironiquement qualifiées d'"UDPS matérielle" (pour ceux qui privilégient leur mandat) et d'"UDPS spirituelle" rassemblant les proches de M. Tshisekedi.

Tshisekediste
Tshisekediste plus que certains membres de l’UDPS, Roger Lumbala, le président du RCD/N, était considéré par certains observateurs comme étant le directeur de campagne d’Etienne Tshisekedi au plus fort de la période électorale. L’homme avait pris fait et cause pour Etienne Tshisekedi, en l’accompagnant dans presque tous ses voyages lors de sa campagne électorale. Il était également parmi les tous premiers acteurs politiques de l’opposition à arborer un béret (communément appelé monyéré par les Kinois) à la manière d’Etienne Tshisekedi.
Pour mieux faire et montrer sa fidélité envers Etienne Tshisekedi, Roger Lumbala a non seulement mis sa chaîne télévision, Radio Lisanga Télévision (RLTV), au service du leader de l’UDPS, mais il aussi mis sur pied une structure politique dénommée Soutien à Etienne Tshisekedi (SET). Celle-ci a fait élire au moins cinq députés nationaux, dont lui-même.
Pour préparer l’opinion nationale, Roger Lumbala n’a cessé ces derniers jours de multiplier les sorties médiatiques au cours de l’émission « Face au public » sur sa chaîne de télévision pour tenter de justifier ses dernières prises de position. Plusieurs personnes sont loin d’être convaincues par ce discours de séduction.
«Etienne Tshisekedi a annulé les législatives de novembre 2011, je crois qu’il va faire la même chose avec la présidentielle dans les jours à venir parce que les deux scrutins avaient eu lieu le même jour et dans les mêmes bureaux». Ce discours, Roger Lumbala l’avait tenu le samedi 24 mars, au cours de l’émission Face au public diffusée sur sa chaîne. «En attendant qu’il annule la présidentielle, qu’allons-nous faire pour continuer le combat politique ?» s’est-il interrogé, avant d’aligner une autre question: «Voulez-vous que je rate l’immunité parlementaire pour être arrêté comme Chalupa ou Mokia ?»

Auto exclusion
Pour Etienne Tshisekedi, les députés élus sous la bannière de l’UDPS qui ont accepté de siéger au Palais du peuple se sont autoexclus. Le président du Bureau provisoire, Timothée Kombo Nkisi, y compris.
« Tous ceux qui ont décidé de participer à ce forum se sont auto-exclus », a déclaré le président de l’UDPS, lors de la cérémonie de clôture du mois de la Femme (mars) organisée au siège du parti dans la commune de Limete.
« On ne peut pas siéger au Palais du peuple au même moment qu’on reconnaît la victoire du leader de l’UDPS à la dernière élection présidentielle », a fait observer Valentin Mubake, conseiller politique d’Etienne Tshisekedi. Pour lui, « l’expulsion de 42 députés élus de l’UDPS qui siègent au Palais du peuple contre la vision de la hiérarchie n’entamera pas l’ancrage de notre parti sur le plan national ».
Quant aux députés incriminés, la défense est simple : « la politique de la chaise vide n’a jamais payé », arguant que leur « participation aux travaux de l’Assemblée nationale ne vise qu’à rétablir la vérité des urnes, à garantir le bon déroulement de la suite du processus électoral et à obtenir la démission sans condition du bureau de la Commission électorale nationale indépendante ainsi que sa profonde restructuration ».
« La politique de la chaise vide n’a jamais payé », « Siéger à tout prix pour représenter et défendre les intérêts de ceux qui nous ont élus »… Voilà des raisons avancées par ceux qui ont décidé d’abandonner Tshisekedi seul dans sa lutte interminable. Mais comment savoir si leurs motivations ne sont pas plus de ventre que des intérêts du peuple ? Après tout, le but d’un parti politique est de conquérir, exercer et conserver le pouvoir.
Roger Lumbala est un des membres fondateurs du mouvement rebelle pro-rwandais RCD (Rassemblement congolais pour la démocratie), né fin 1998 au lendemain de la rupture entre le président LD Kabila et ses ex-parrains rwandais et ougandais. En 1999, le RCD a connu un schisme. En février 2000, Roger Lumbala a rejoint le RCD-K/ML d’Antipas Mbusa Nyamuisi avant de fonder son propre mouvement politico-militaire dénommé le "RCD-National" avec pour «fief» le territoire de Bafwasende dans la Province Orientale.
Kléber Kungu

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