mardi 24 avril 2012

Les députés de la Lukaya à l’écoute de nombreuses attentes de leurs élus

A l’initiative de Mgr Fidèle Nsielele
(Un reportage de Kléber Kungu) L’événement que la cité de Kisantu a vécu les 21 et 22 avril se produit très rarement : Mgr Fidèle Nsielele zi Mputu a réussi à réunir les 5 députés du district de la Lukaya : Timothée N’kombo Nkisi, Kikoka Honoré, Matusila Pierre Anatole, Vuemba Jean-Claude et Makuba Richard. Pour mieux faire les choses, le Centre Emmaüs, à un jet de pierre de la somptueuse cathédrale de Kisantu et à quelque 30 minutes de marche lente de la nationale n°1, a offert son beau cadre pour abriter ce grand événement. Tout ce que le district de la Lukaya avec ses trois territoires de Kasangulu, Madimba et Kimvula compte de valeureux comme personnalités y était représenté. Ce que l’événement en valait la peine. A la cité comme à l’entrée du Centre Emmaüs, des banderoles déployées sur nos têtes sont porteuses du message sur ce qu’attend la population de la Lukaya de ses élus. « Fongo di bandoki gakala waku » (A la rencontre des sorciers, il importe que les tiens y soient), « Kasangulu, Kimvula, Madimba, bakutakana, banunga » (Réunis, [les territoires] de Kasangulu, Kimvula et Madimba vont gagner), « Lukaya sikama, Lukaya ukibakisa, Lukaya yambula ku kaya » (Lukaya, réveille-toi, Lukaya, comprends-toi, Lukaya, cesse de pleurer) « Lukaya, ntangu yifueni, telama » (Lukaya, il est temps : lève-toi). Et sur des polos blancs aux écrits en bleus, nous pouvions lire, ce message circulaire, avec deux mains entrelacées : « Solidarité Lukaya (Kasangulu, Madimba, Kimvula, telama, tudiata » (lève-toi et marche). A travers les messages de ces banderoles et de ces polos, c’est toute la population du district de la Lukaya qui s’exprimait, qui s’adressait à tous ses élus présents sur le sol de leurs ancêtres. Des messages qui annonçaient l’ambiance des heures qui allaient suivre. C’est d’une voix de berger avisé, attentionné et rassembleur que l’initiateur de la rencontre, Mgr Fidèle zi Mputu, évêque du diocèse de Kisantu, a ouvert la rencontre, en guise de bienvenue à ses hôtes. La première phrase de son mot de bienvenue, plein aussi bien de conseils que de proverbes, a annoncé les couleurs. « Un adage de nos aïeux dit : un appel de la cour, c’est soit pour des réjouissances, soit pour une affaire ». Pour cette rencontre, l’appel fait aux députés est pour une affaire. « C’est pour la première fois que nous réunissons nos élus que nous avons envoyés au Parlement, sans cela, il n’y aurait pas eu d’appel. Nous avons une préoccupation avant le début de votre travail au Parlement, nous aimerions que ceux que nous avons choisis, sachent les besoins de la communauté », poursuit Mgr Fidèle Nsielele. Car, la sagesse des ancêtres veut qu’il faille prodigue « des conseils à l’enfant qui va au marché plutôt qu’à celui qui en revient ». Oui, le district de la Lukaya, réuni en ce moment, et représenté par cette assemblée, a tenu à prodiguer des conseils à ses élus avant le début proprement des travaux à l’Assemblée nationale, comme à un enfant qui va au marché et non à celui qui en revient car il aura commis beaucoup d’erreurs. La population de la Lukaya a voulu présenter ses desiderata à ses élus avant que les choses sérieuses ne commencent au Parlement. C’est la voix de la sagesse, de la prudence insufflée par l’évêque du diocèse de Kisantu. Et celui-ci de poursuivre, en s’adressant à l’assemblée : « Ils sont comme des chasseurs que nous avons envoyés à la chasse. Nos espoirs reposent sur eux. Nous implorons nos aïeux de faire pleuvoir les bénédictions sur eux […] Nous les avons introduits dans cette partie de la chasse pour qu’ils nous apportent suffisamment de choses de nature à améliorer et aider notre communauté. Nos besoins et les préoccupations, ils en prendront connaissance dans le document que nous avons préparé à cet effet. » En bon berger attentionné et conseiller avisé, Mgr Fidèle Nsielele a terminé son mot par des conseils à l’endroit des députés. Il les a invités à la prudence, au respect des autres et d’eux-mêmes. « Ne soyez pas comme un chien envoyé chercher du feu, n’oubliez pas et respectez la population qui vous a élus. Nous ne voulons pas, au grand jamais que la poudre qu’on vous a donnée que vous l’utilisiez contre nos enfants, que vous chassiez nos enfants comme des bêtes sauvages. Les aïeux vous ont choisis, travaillez, régnez en veillant sur la communauté. » En homme de Dieu, il n’a pas oublié de les bénir. « Que Dieu vous bénisse, travaillez, grandissez, abattez le lion, abattez le léopard », a déclaré Mgr Nsielele. Comme Mgr Nsielele l’a annoncé, la population de la Lukaya a fait part de ses besoins à ses élus, dans un mémo. Il a échu au président de la Société civilé de Madimba, Nestor Kisembo de les lire. Comme le mot de l’évêque du diocèse de Kisantu, la population de trois territoires du district de la Lukaya a voulu présenter ses besoins à ses élus par des proverbes. Réparti en trois grandes parties, le mémo de la population de la Lukaya a repris d’abord, dans sa première partie, les conseils que doivent suivre les élus dans leur comportement comme humains. Coulés sous forme des proverbes, les conseils demandent aux élus d’être unis, d’éviter l’égoïsme, les querelles inutiles, de songer au développement de leur district, de penser à la population, d’accepter les critiques, de faire mieux et autrement aujourd’hui qu’hier… La deuxième partie du mémo reprend ce que les députés doivent faire pour le développement de la population et ce qu’ils doivent débattre à l’Assemblée nationale en faveur du district de la Lukaya. Quant à la troisième partie, elle reprend les préoccupations de la population en matière politique et de l’Etat, les problèmes économiques et ceux liés à la vie humaine ainsi qu’à l’enseignement. Le président des notabilités Yula Sinda, Matita Lambert a insisté sur ce que la population attend des 5 députés. « Ecoutez les pleurs du peuple auprès de qui vous venez chercher le pouvoir », tout leur rappelant le manque d’amour qui caractérise les intellectuels de ce coin. « Mgr Nsielele, vrai meneur d’hommes » En porte-parole des élus de la Lukaya, le député Nkombo Nkisi Timothée, vice-président de l’Assemblée nationale, a remercié l’initiateur de la rencontre, Mgr Fidèle Nsielele, « parce que, dès les premières heures quand la décision du peuple est tombée pour le choix de ses élus à la députation nationale, Mgr Nsielele s’est aligné sur la voie de la justice, de la vérité. C’est le caractère d’un vrai meneur d’hommes, d’un vrai pasteur qui tient à ce que à ce que les brebis ne soient pas déroutées. Grâce à cela, notre contrée n’a pas connu de marasme électoral comme cela s’est fait partout ailleurs…Mgr Nsielele a défendu la justice et la vérité sous d’autres aspects ». Pour l’honorable Nkombo Nkisi, cette rencontre « est d’une importance capitale parce qu’elle ouvre de nouveaux horizons, elle met fin à certaines pratiques anciennes qui consistaient pour certains hommes politiques ‘’chacun pour soi’’ ». L’homme du changement est revenu sur ce mot qui constitue le cheval de sa bataille. « Les élus de la Lukaya saisissent la balle au bond parce que leur cri à l’hémicycle, c’est le changement. Vous l’avez suivi au moment où on nous installait au bureau provisoire, nous avons annoncé à la face du Congo entier que nous recherchons le changement. En commençant par le changement des mentalités. Le changement des mentalités amènera le changement en tout, entre autres le changement de gestion, lequel amènera le progrès », a déclaré Nkombo Nkisi Timothée, abondamment applaudi. Il s’est engagé à rééditer la collaboration entre le représentant de l’Etat et le clergé qui a produit le développement de la contrée. Au nom de ses pairs, il a remercié leurs électeurs pour leur confiance en les élisant comme députés. Aussi se sont-ils « engagés à donner le meilleur d’eux-mêmes pour que vos problèmes, vos préoccupations puissent trouver progressivement des solutions […] » « Le peuple ne recherche pas qu’une solution vienne de la majorité ni de l’opposition » Le 2ème vice-président de l’Assemblée nationale a promis que désormais ils allaient travailler unis, dans la collaboration. « La nature de la rencontre d’aujourd’hui vous montre déjà la manière dont vos élus vont travailler. Vous les avez invités, ils sont là, vous les avez écoutés, ils vous écouteront toujours. Dans la recherche des solutions pour le peuple, le clivage politique (majorité, opposition, PPRD, UDPS, MCR, Abako, que sais-je ne compte pas […] Le peuple ne recherche pas qu’une solution vienne de la majorité, de l’opposition vienne de la minorité, le peuple ne cherche pas qu’une solution vienne de l’UDPS, du PPRD ou de l’Abako ou du MPCR. Ce dont a besoin le peuple, c’est une solution tout court», a-t-il annoncé, sous une salve d’applaudissements. Il a appelé le peuple à la collaboration car les élus des différents partis des circonscriptions électorales de la Lukaya cherchent la cohésion pour l’efficacité de leurs actions au profit du peuple. Il a tenu également à rappeler la fonction d’un député, qui n’est pas celle de faire des routes, ni de ponts. « Qu’on ne confonde surtout pas le rôle du député avec celui des responsables d’autres institutions. Le député ne répare pas les routes, ne construit pas les écoles [...] Le député peut faire des recommandations à certains responsables des services, départements, mais il ne peut pas se prévaloir de ce droit-là », a-t-il déclaré, en ajoutant qu’il a « une charge de servir le peuple et le serment qui doit faciliter ce comportement, c’est l’amour : l’amour du peuple, l’amour qui est le dépassement de soi pour l’autre ou pour les autres, l’amour qui pousse à l’oubli de soi, à l’abnégation, l’amour qui pousse jusqu’au sacrifice de sa vie ». La rencontre s’est clôturée par la cérémonie d’intronisation des députés par des chefs coutumiers. Au cours de cette cérémonie, le ciel a grondé pendant trois fois successives : pour certains, les aïeux de la Lukaya ont répondu positivement aux demandes qui leur étaient adressées.

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