La propriété intellectuelle en danger
L’Observateur et José Mambwini plagiés par un étudiant
Le journal L’Observateur et José Mambwini Kivuila-Kiaku sont victimes d’un plagiat. Le plagiaire n’est autre qu’un certain Jude Muzembo Tsangu, ancien étudiant de l’Université de Kinshasa (Unikin) qui, pour obtenir sa licence en sciences de l'information et de la communication 2010, a présenté un mémoire intitulé « Intégration de la télévision numérique terrestre en RDC à l'horizon 2015 ». Il s’avère que le chapitre 3 de ce travail s’appuie essentiellement sur le travail de José Mambwini.
Dans sa lettre, « Au secours : flagrant plagiat à l'Unikin », la victime, José Mambwini, a écrit aux professeurs Jacob Sabakinu et Noel Obotela pour qu’ils lui servent de porte-parole auprès du bureau scientifique et académique de l'Unikin, et plus précisément auprès de l'Appariteur de la faculté des Sciences de l'information et de la communication, pour plaider sa cause de victime de plagiat.
En effet, L’Observateur et José Mambwini se plaignent d’avoir été plagiés par l’étudiant Jude Muzembo Tsangu.
Voici ce que l’étudiant a écrit dans le chapitre 3 de son mémoire :
III.3. Brève présentation du projet d’intégration de la TNT en RDC à l’horizon 2015.
« L'intégration imminente de la Télévision numérique par voie de terre (TNT) dans le paysage audiovisuel congolais est une conséquence de deux accords internationaux, ayant valeur de "traités" signés en juin 2006 à Genève en Suisse lors de la deuxième session de la Conférence régionale des radiocommunications (CRR 06), à savoir : le GE06 (l'Accord régional relatif à l'utilisation de bandes de fréquences 174-230 Mhz et 470-862 Mhz par le service de radiodiffusion et les services de Terre primaires autres que les services de radiodiffusion dans la Région 1) et le GE89 (l'Accord régional relatif à la planification de la radiodiffusion télévisuelle en ondes métriques et décimétriques dans la Zone africaine de radiodiffusion et les pays voisins signé en 1989, tel qu'il a été révisé par la CRR-06-Rev.GE89).65(*)
« Ainsi, l'intégration de la TNT se traduit comme une volonté politique de la part du gouvernement congolais de respecter le plan de passage de la RDC à la radiodiffusion numérique. Elle suppose que, vis-à-vis de l'Union internationale des télécommunications (UIT), la RDC a scrupuleusement respecté les recommandations des 12 articles du GE06, terminé à temps le dossier technique des assignations et des allotissements des fréquences allouées à la TNT et surtout a résolu l'épineux problème de la gestion commune des fréquences dans la zone de diffusion frontalière Kinshasa-Brazzaville. La RDC et la République du Congo faisant partie de la CIRAF 52 (Zone de Radiodiffusion selon la répartition faite par l'UIT), la mise en service d'une plate-forme DVB-T dans les deux villes doit obligatoirement se réaliser en coordination avec les deux Etats.66(*) ‘’ »
« …Le gouvernement congolais doit tenir compte du fait qu'en matière de dividende numérique, dans la sous-bande 790-862 MHz, si toutes les fréquences présentent des caractéristiques physiques de propagation radioélectrique particulièrement attractives, quelques-unes sont plus avantageuses que d'autres. Ce sont ces quelques fréquences qui pourraient, demain, être au coeur de conflit avec ses voisins.70(*)
« …3.5.2.1. Perspectives pour les operateurs privés
Le projet de loi en cours d'examen fixe, notamment, les obligations du diffuseur et celles de l'utilisateur ainsi que les droits du public. Ce cadre juridique déterminera, entre autres, les conditions d'accès aux équipements de la TNT ; les normes pour les privés désireux d'investir dans la radiodiffusion sonore et télévisuelle ; les conditions et la qualité de diffuseur dans ce secteur ainsi que les redevances et taxes y relatives.71(*) »
Et lisez en comparant ce que José Mambwini a écrit sur les colonnes de L’Observateur éditions 3271, 3272 et 3273 respectivement de mercredi 9, jeudi 10 et vendredi 11 à dimanche 13 décembre 2009, dans un dossier spécial intitulé « La télévision congolaise émet-elle vraiment (déjà) en numérique ? » :
« Annonce politique très attendue par les profes¬sionnels de l’audiovisuel
L’avènement imminent de la Télévision numérique par voie de terre (TNT) dans le paysage audiovisuel congolais est une conséquence de deux accords internationaux, ayant valeur de « traités » signés en juin 2006 à Genève en Suisse, lors de la deuxième ses¬sion de la Conférence régionale des radiocommunications (CRR¬06), à savoir : le GE06 (l’Accord régional relatif à l’utilisation de bandes de fréquences 174-230 Mhz et 470-862 Mhz par le ser¬vice de radiodiffusion et les servi¬ces de Terre primaires autres que les services de radiodiffusion dans la Région 1)et le GE89 (l’Accord régional relatif à la planification de la radiodiffusion télévisuelle en CRR-06-Rev.GE89).
« Ainsi la déclaration faite le 2 mars par le ministre de la Com¬munication et Médias, lors de sa conférence de presse à Sultani Hôtel Kinshasa, se traduit comme la volonté politique du gouvernement congolais de respecter le plan de passage de la RDC à la radiodiffusion numérique. Voilà une nouvelle qu’attendaient tous les professionnels de l’audiovisuel congolais. Elle suppose que, vis-à-vis de l’Union internationale des télécommunications (UIT), notre pays a scrupuleusement respecté les recommandations des 12 arti¬cles du GE06, qu’il a terminé à temps le dossier technique des assignations et des allotissements des fréquences allouées à la TNT et, surtout, qu’il a résolu l’épineux pro¬blème de la gestion commune des fréquences dans la zone de diffu¬sion frontalière Kinshasa-Brazzaville.
« La RDC et le Congo-Brazza¬ville faisant partie de la CIRAF 52 (Zone de Radiodiffusion selon la répartition faite par l’UIT), la mise en service d’une plate-forme DVB¬T dans les deux villes doit obligatoirement se réaliser en coordination avec les deux Etats. Sinon…, bonjour les dégâts !
« Ce qui me laisse aussi perplexe, c’est le fait d’apprendre que Téléconsult a déjà implanté 12 émetteurs dans 20 villes avec 72 chaînes en raison de 10 chaînes par émetteur. Perplexe toujours parce que, d’après le ministre de la Communication et Médias, le législateur n’a pas encore mis en place un cadre juridique devant régir la TNT en RDC. Ce que l’opinion ignore, c’est cette loi (dont le texte a préalablement été rédigé par des experts en télécommunication) qui doit : a) définir les critères techni¬ques des infrastructures DVB-T congolaises, b) établir les critères de sélection des opérateurs tech¬niques (opérateurs exécutants, équipementiers, opérateurs de gestion et d’exploitation des multiplexes), c) orienter les diffu¬seurs de programmes, les opérateurs de réseaux, les fabricants d’appareils et les consommateurs, d) préciser les critères de sélection des opérateurs TV et le nombre maximal des chaînes, par le biais d’une ordonnance présidentielle. »
* 68 KUNGU Kléber, La fin de l'ère analogique : que deviendra la RDC face à l'avènement de la TNT, publié dans l'édition du mardi 14 septembre 2009.
* 69 http:// www.tnt-dividende numérique et ses enjeux.com, consulté le 10/07/2011.
* 70 Entretien avec MAMBWINI KIVUILA-KIAKU José, consultant et spécialiste en TNT, le 15/08/2011..
Arrêtons-nous seulement à ces quelques exemples. Nous allons découvrir beaucoup de choses en allant plus loin. Lorsque l’étudiant Jude Muzembo Tsangu dit, en notes de bas de pas, « entretien avec Mambwini Kivuila-Kiaku José, consultant et spécialiste en TNT », en précisant une date, la réalité est qu’il ne s’est jamais entretenu avec José Mambwini, qui ne le connaît ni d’Adam ni d’Eve. Depuis quand et où l’a-t-il rencontré ? Pourquoi l’étudiant a-t-il usé du mensonge au lieu de citer l’article dont il se serait inspiré en citant l’auteur, par exemple ? Sans doute a-t-il cru que cette pratique ne sera jamais découverte !
Et lorsqu’il me cite, par exemple « * 68 KUNGU Kléber, La fin de l'ère analogique : que deviendra la RDC face à l'avènement de la TNT, publié dans l'édition du mardi 14 septembre 2009 », j’aurais souhaité qu’il ait cité le journal L’Observateur dans lequel j’ai publié mon article.
Compte tenu de ce qui précède, nous doutons même de la véracité d’autres sources qu’il a citées dans son mémoire. Rien ne nous certifie que les entretiens qu’il a eus, sans précision de date, avec Mandefu Dunaud, Ir à Teleconsult et Bakili, directeur technique et artistique à la RTNC, aient réellement eu lieu.
Estimant avoir bien fait de publier en ligne son mémoire, Jude Muzembo Tsangu était loin de comprendre qu’il commettait un grosse erreur. Ce qui nous a permis de le découvrir. Mettre (publier) en ligne son mémoire ou autre travail est loin d’être une mauvaise chose en soi. C’est plutôt à encourager. Mais il faudra s’assurer que le travail que l’on décide de mettre à la disposition de tout le monde, en le plaçant dans les rayons de la bibliothèque universelle qu’est le web est dénué de toute contestation, puisque ne péchant par aucune irrégularité scientifique, comme le plagiat.
Le travail de Jude Muzembo Tsangu constitue une petite partie de l’iceberg de l’immensité de travaux universitaires réalisés sous le principe simpliste de « copier-coller » et pour lesquels leurs auteurs, accompagnés des membres de leur famille, ont consacré une fête en grande pompe pour célébrer le titre de graduat ou de licence obtenu, ô ma foi, avec des mentions…
Sous d’autres cieux, si pour un travail scientifique comme une licence, on découvre des irrégularités du genre plagiat, des sanctions sont réservées à l’auteur : on lui retire son titre, et s’il occupait une fonction publique ou dans un autre secteur de la vie, il sera contraint à la démission.
Et en RDC, quelle est la sanction ? A chacun de répondre. Pour un étudiant, la réponse la plus usuelle qu’on réserve à quelqu’un qui chercherait à nuire à celui qui a beaucoup souffert pour étudier et dont les parents ont consenti d’énormes sacrifices, sera : « Botika muana azua vie naye . Azali moto ya liboso te !» (Laisse l’enfant gagner sa vie. Il n’est pas le premier) à réaliser une telle performance éhontée. Qui décrédibilise nos universités et institutions universitaires où l’on dénote une certaine légèreté dans la direction de certains travaux de fin de cycle et autres mémoires.
Kléber Kungu
Voici la sanction qu’ont encourue…un ministre et un chef de l’Etat après avoir été attrapés en flagrant délit de plagiat.
Démission du chef de l'Etat hongrois soupçonné de plagiat dans sa thèse de doctorat
Le chef de l'Etat hongrois Pal Schmitt, au cœur d'un scandale de plagiat sur son travail universitaire de doctorat, a annoncé lundi sa démission devant le parlement. Ce fidèle du Premier ministre conservateur Viktor Orban avait dans un premier temps refusé de démissionner après s'être vu retirer la semaine dernière son doctorat, jugeant qu'il n'y avait "pas de rapport" entre sa thèse et sa fonction de chef de l'Etat. Le Sénat de l'Université Semmelweiss de Budapest avait retiré le 29 mars le doctorat du chef de l'Etat hongrois, qualifiant de "plagiat" sa thèse sur l'histoire des jeux Olympiques qu'il avait soutenue il y a 20 ans. Le Sénat avait justifié sa décision en affirmant que la thèse du doctorat ne répondait "pas aux méthodes scientifiques, ni éthiques". M. Schmitt a déclaré devant les députés avoir "fait un travail honnête" et a jugé que l'université n'avait "pas le droit" de lui retirer son doctorat. L'hebdomadaire hongrois HVG avait révélé l'affaire en présentant début janvier des passages de la thèse de Pal Schmitt, 69 ans, apparaissant comme une traduction du texte en français d'un expert bulgare, Nikolaï Georgiev: "La reprise du travail du Bulgare Georgiev, sur 180 des 215 pages de la thèse de Pal Schmitt, relève du soupçon de plagiat".
En 2011, en Allemagne, une retentissante affaire de plagiat pour une thèse universitaire avait contraint à la démission le ministre de la Défense, Karl-Theodor zu Guttenberg, alors la personnalité politique montante au sein de la démocratie-chrétienne (CDU-CSU).
Source : Belga (mis en ligne le 02/04/2012 à 14h08)
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