samedi 25 février 2012

Didier Reynders à Kinshasa : élections provinciales à l’ordre du jour

Une visite plus qu’opportune
Didier Reynders à Kinshasa : élections provinciales à l’ordre du jour
Didier Reynders, le ministre belge des Affaires étrangères prépare un long voyage qui le conduira successivement en RDC, au Rwanda et au Burundi. En RDC, le voyage du chef de la diplomatie belge, sera de tous les enjeux avec tout ce qui tente d’assombrir le ciel des relations de l’Union européenne et la RDC : escalade verbale entre l’UE et la RDC, interdiction musclée de la marche pacifique des chrétiens le 16 février, l’absence des députés de l’UDPS à l’Assemblée nationale à la suite de la « fatwa » décrétée par le leader du parti, Etienne Tshisekedi… Didier Reynders souhaite “voir comment travailler avec les nouvelles autorités”[issues des élections du 28 novembre 2011, NDLR] et “préparer les élections locales et provinciales” dont le financement incertain semble hypothéquer.
Le tout premier voyage de M. Reynders en RDC, en tant ministre des Affaires étrangères, qui intervient fin mars revêt d’une importance capitale pour la RDC qui a pris la courageuse option d’organiser et de financer seule la présidentielle et les législatives de novembre 2011, après la non-tenue de la promesse de ses partenaires extérieurs de les soutenir financièrement.
Une fois dans la capitale congolaise, Didier Reynders aura également à inciter l’opposition à choisir la voie parlementaire (où son rôle pourrait être essentiel) que de privilégier la politique de la chaise vide peu payante. Le chef de la diplomatie belge s’emploiera certainement à aide le pouvoir à tirer les leçons de la contestation des élections, à entendre le message qui a fusé de partout : il est plus que temps de payer militaires et fonctionnaires et d’ouvrir, au bénéfice de tous, le chapitre du social.
Il faut espérer que la prochaine visite du ministre belge des Affaires étrangères contribue à brancher le Congo sur l’avenir plus que sur le passé. Un avenir qui va rassurer les Congolais que les élections locales et provinciales vont se tenir coûte que coûte pour achever le processus électoral. Car la dernière déclaration de Lambert Mende Omalanga, porte-parole du gouvernement, a jeté un froid glacial dans l’opinion nationale quant à la suite du processus électoral.
En effet, selon M. Mende, “l’organisation des élections provinciales dépend de l’appui financier des partenaires extérieurs”. Ajoutant que “si la République démocratique du Congo a pris le risque d’organiser les élections présidentielle et législatives, c’est parce que les partenaires avaient assuré leur soutien financier” mais le gouvernement congolais s’est retrouvé seul à financer ces élections qui auraient coûté environ 390 millions de dollars.
Si les acteurs politiques congolais, surtout ceux de l’opposition, tardent à réagir à cette déclaration, il est évident que la non-organisation des élections locales et provinciales, bref, l’interruption du processus électoral a des conséquences très fâcheuses sur la vie politique du pays.

Démenti de la Monusco
Face aux déclarations du porte-parole du gouvernement, celui de la Monusco, Madnoudje Mounoubai, s’est empressé à fixer l'opinion nationale sur la contribution de la communauté internationale et autres bailleurs de fonds à la réussite du processus électoral en cours. Il a précisé que l’appui technique et logistique de la Monusco a été considérable à la réussite des élections du 28 novembre dernier.
Madnoudje Mounoubai a contredit les déclarations du ministre de la Communication selon lesquelles les élections du 28 novembre dernier ont été financées par le gouvernement congolais à 190%. Faux, a rétorque le porte-parole de la Monusco. Selon lui, Kinshasa a participé à 69% au financement du processus électoral en cours, tandis que ses principaux partenaires, à savoir, France, la Belgique, la Suède; la Grande-Bretagne ... ont contribué à hauteur de 16% et la Monusco à 15%.
Il demeure vrai que la contribution technique et logistique de la Monusco à la réussite du processus électoral a été très remarquable. Celle-ci a mobilisé plus de 27 hélicoptères et 5 avions pour le transport agents et matériel électoraux à travers le pays, en plus de 80 millions de litres de carburant ont été aussi dépensés par la Monusco pour ravitailler ses avions et ceux loués par la Ceni pour le transport du matériel électoral.
Le porte-parole de la Monusco a outre rappelé que la communauté internationale a aussi contribué avec 30 millions de dollars pour permettre à la Ceni de payer ses agents électoraux, précisant que dans l'ensemble, la Monusco a contribué à plus de 280 millions de dollars américains.
Si la RDC a organisé et financé les élections, ses élections, voilà une preuve de maturité comme Etat. Mais cela ne peut pas l’empêchée de reconnaître l’apport des autres, de ses partenaires, même si d’eux on n’a obtenu qu’une seule bicyclette pour permettre le déplacement d’un agent électoral dans le Congo profond.
Une fois à Kinshasa, Didier Reynders va certainement demander aux autorités congolaises de prendre un autre « risque », celui d’organiser des élections locales et provinciales après avoir pris un autre, en novembre dernier, d’organiser la présidentielle couplée aux législatives. Ce qui éviterait de donner libre aux oiseaux de mauvais augure qui ne cessent de chanter que la déclaration de M. Mende ne peut signifier autre chose que l’élection importante, c’était la présidentielle, destinée à maintenir “le chef” au pouvoir. Pourquoi le pouvoir baisserait-il les bras après avoir beaucoup fait pour le début d’un processus qu’il s’est engagé à organiser ?
Ces mêmes oiseaux qui disent de Kinshasa qu’il se moque éperdument d’autres scrutins, voire préfère qu’ils n’aient pas lieu vu.
Une option à ne pas prendre, car lourde de conséquences. En effet, si d’aventure, le processus électoral n’arrive pas à terme, le pays sera plongé dans une situation d’inconstitutionnalité et d’illégitimité. Sans élections locales et provinciales, le pays évoluerait avec des institutions dont les membres seront les uns élus et les autres non élus, c’est-à-dire les gouverneurs, les sénateurs et les assemblées provinciales.
A tout prendre et pour mieux faire les choses, les autorités congolaises et la Céni doivent aller jusqu’au bout du beau travail qu’elles ont pris la décision de réaliser : organiser les élections. Après tout, l’organisation des élections est une responsabilité du gouvernement congolais. Une preuve que l’on se défait de plus en plus de la dépendance tutélaire de l’extérieur. Ce qui ne veut pas dire que l’on n’a pas besoin de l’apport financier et matériel de l’extérieur.
Ainsi pourra-t-on se bomber le torse avec fierté en clamant, haut et fort, qu’en 2011, nous avons relevé le défi d’organiser des élections !
Kléber Kungu

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