vendredi 17 septembre 2010

Un chauffeur du bus Trans Excellence et un passager se battent

Transport en commun
Un chauffeur du bus Trans Excellence et un passager se battent
Alors qu’il était en pleine conduite, le chauffeur du bus de couleur jaune de Trans Excellence 0104, immatriculée 3654 AB/ 10 et un de ses passagers s’en sont venus aux mains à l’arrêt Rails sur l’avenue des Huileries à Linguala, mardi 7 septembre, en pleine conduite, à 12 heures 40’. Le récit de ce qui a failli être un accident très mortel.
Lorsque, vers 10h30’, je m’embarque, à la place Sainte Thérèse, à bord du bus de transport en commun de la société de transport Trans Excellence desservant la ligne N’djili-ville-boulevard, rien ne présageait qu’à quelques minutes du terminus –l’arrêt Sonas, sur le boulevard du 30 Juin – tout pouvait basculer dangereusement. En quittant la place sainte Thérèse, le bus n’a qu’une dizaine de passagers.
‘’Ville-boulevard-Huileries’’, ne cesse de crier haut et fort, chemin faisant, le receveur du bus, la trentaine révolue, sa gibecière accrochée au cou, tel un pêcheur à la ligne. Sainte Thérèse-Mangobo-2ème entrée (sortie) de N’djili-boulevard Lumumba, les infatigables ‘’Ville-boulevard-Huileries 800 FC’’ du receveur informent les potentiels passagers. Ceux qui en ont la possibilité accourent, par contre, d’autres rentrent en entendant ‘’800 FC’’. Petit à petit, comme, on le ferait avec de l’eau versée dans seau au moyen d’un récipient, le bus se remplit et, avant l’arrêt Pont Matete, il n’y a plus de place.
Le bus rempli, le receveur se met à vendre le ticket, chemin faisant, pendant que des passagers devisent calmement. Certains n’hésitent pas de crier au retard lorsque le chauffeur s’arrête pour faire descendre un passager.
Comme un gros serpent dans une forêt, le bus Trans Ex. 0104 se faufile à travers les artères de Kinshasa : boulevard Lumumba-Funa-Kasa-Vubu-Enseignement-Huileries. Entre temps, un à un, les passagers descendent, chacun à son arrêt.
Arrêt rond-point Huileries. Le chauffeur s’arrête, sans qu’un passager ne le lui demande. ‘’Mais chauffeur, pourquoi tu t’es arrêté ? Ne sais-tu pas que nous sommes déjà en retard ?’’ Lance un des passagers. D’autres le relaient, parmi lesquels un homme, la trentaine, très bavard, assis trois rangée derrière le chauffeur, qui en fait sien ce dossier, en s’adressant méchamment au chauffeur. Voilà l’étincelle qui va enflammer l’atmosphère jusque-là très sereine.
‘’Je suis fort désolé pour vous. Qu’ai-je fait de mal en m’arrêtant ? N’est-ce pas pour permettre à ceux qui sont arrivés de descendre ? » Rétorque le chauffeur, très fâché, en ajoutant des menaces de ne plus s’arrêter. « Ca ne fait rien, conduis-nous où tu veux », réplique une passagère assise derrière moi. Les plus modérés des passagers demandent au chauffeur de ne pas s’occuper des dires des passagers, mais de se concentrer à son volant. Estimant que le feu est moins intense, le passager provocateur y ajoute de l’essence. Il n’a pas suffi plus pour que le chauffeur s’enflamme comme si on venait de déféquer sur sa tête.
Arrêt Rails sur Huileries, en face du petit marché Lufungula. « Surtout toi, tu verras. Je refuserai de te descendre même si tu me le demandes », vocifère-t-il en désignant son adversaire par le rétroviseur intérieur, avant de se retourner vers lui. Le feu ne tarde pas de prendre de l’ampleur. Le passager provocateur choisit ce moment pour bien enflammer le climat. Il se lève et se jette sur le chauffeur, presque surpris, alors que le bus est en train de s’arrêter.
La stupeur, l’émoi, la débandade envahissent d’un coup le bus qui se met à rouler dangereusement vers la bande gauche aux cris des passagers apeurés :’’ Appuyez sur la pédale des freins ! Appuyez sur la pédale des freins !’’ Entre temps, les deux bagarreurs se livrent à cœur joie dans une bagarre qui tarde d’atteindre son paroxysme. ‘’Tu es un bandit ! Tu es mauvais ! Tu es un sorcier !’’ Des injures à l’endroit du chauffeur pleuvent, alors que son bus commence à faire marche arrière aux cris de ‘’Tokufi e e e e’’ (Nous sommes morts, NDLR) des passagers apeurés, surtout les femmes. Les plus rapides se bousculent la portière qui devient très étroite. l
Le receveur, qui vient de tenter d’arracher brutalement le passager bagarreur, se précipite au volant. Ses manœuvres aboutissent : dans un crissement quasi étouffé, le bus jaune s’arrête, alors qu’un caméraman est en train de filmer la scène. Quel scoop ! C’est Molière TV, une des chaînes de télévision spécialisées dans ce genre d’événements no comment.
Une meute d’agents de l’ordre – en civils et en uniforme (policiers) - se saisit de deux malfrats qui halètent bruyamment comme des coureurs à la fin d’une course, pendant que des passagers fâchés se mettent à réclamer le remboursement de leurs billets à un receveur dépassé par les événements. ‘’Que vais-je faire devant ce désordre’’, se demande-t-il, alors que je descends du bus laissant une foule de badauds venus aux nouvelles.
Ainsi tout est mal qui finit mal.
Kléber Kungu

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