Ituri, un district en reconstruction
Le Centre médical évangélique de Nyankunde renaît (6)
(Par Kléber Kungu, envoyé spécial en Ituri/Bunia)
Un médecin directeur, Dr Mike Upio Nzeni, aussi entreprenant que courageux, disposé et prêt à rendre service dans n’importe quelles conditions, une équipe soignante trempée de ces mêmes qualités, des ouvriers à l’œuvre de reconstruction de leur hôpital, un constructeur, le septuagénaire Richard Dix, bravant l’insécurité, voilà les mains entre lesquelles se trouve actuellement le Centre médical évangélique (CME) de Nyankunde, jadis la seule institution hospitalière très réputée dans la région. Aujourd’hui, Dr Mike Upio nous montre les nombreuses vestiges de ce qui est resté de maisons sans toitures que nous montre au cours d’une visite guidée montre ce qu’a été cet hôpital de renom en Afrique centrale que les filles et fils Ituriens tiennent à réhabiliter.
Le CME Nyankunde a été créé en 1965 par 5 communautés évangéliques membres de l’Eglise du Christ au Congo (ECC) et leurs missions d’outre-mer. Deux autres communautés ont rejoint l’association, portant à 7 le nombre des propriétaires. Le CME Nyankunde est reconnu par le gouvernement de la République par l’ordonnance N°70-086 du 11 mars 1970. Des miliciens munis de machettes, de fusils et de couteaux ont saccagé et pillé le 5 septembre 2002 en massacrant personnel soignant et administratif et malades de l’institution. Le Dr. Mike Upio, directeur exécutif et représentant légal du Centre, nous explique tous ces détails avec le courage d’un responsable qui a tourné la page noire pour en ouvrir une blanche pleine d’espoir. « C’était un grand hôpital où se faisaient soigner, même les Kinois », nous informe-t-il.
Aujourd’hui, après la reprise de ses activités en 2004, le Centre médical évangélique accueille mensuellement quelque 600 à 700 malades pour une capacité d’accueil de 87 lits qui sont occupés à 80%. Il y a au moins 84 accouchements par mois. La peur que cela dégénère d’un moment à l’autre n’a pas encore quitté ceux qui ont connu les massacres de Nyankunde. Le Dr. Mike Upio nous a déclaré que les activités ont repris avec beaucoup de réserve, car on ne sait jamais ce que demain sera fait dans une région où des groupes armés naissent comme des champions sous la houlette des seigneurs de guerre sans cœur.
Cette institution hospitalière de renom, dont les médecins venaient du Rwanda, de l’Ouganda, de la RCA, avait pour stratégie de former des spécialistes (gynécologie, ophtalmologie, orthopédie…) Nyankunde est une zone de santé qui encadre 11 centres de santé pour une population d’environ 100 000 habitants.
L’ONg américaine Samaritan’s Purse International est à l’œuvre pour remettre sur les rails cet hôpital qui emploie 68 agents pour une enveloppe salariale de 8 000 à 9 000 dollars. La réalité est que cette enveloppe devrait être plus gonflée si les agents étaient payés convenablement. Les frais de fonctionnement devraient, eux, coûter 32 000 dollars, tandis qu’à ce jour, ils s’élèvent à 11 000 dollars.
L’hôpital de Nyankunde en pleine reconstruction, fait fonctionner les services traditionnels : pédiatrie, chirurgie, kinésithérapie, médecine interne. Des ouvriers, mus par la volonté de faire renaître ce grand hôpital, sont à l’œuvre dans la construction du bâtiment devant abriter les soins intensifs et la salle d’opération. En attendant que les choses redeviennent comme par le passé avec du courant électrique, les opérations chirurgicales se font sous l’énergie solaire.
L’histoire du Centre médical évangélique de Nyankunde est intimement liée à certaines personnes qui ont beaucoup contribué à sa construction. Nous y avons rencontré une d’elles. Richard Dix, un Américain de 70 ans, qui n’accuse pas le poids de l’âge. Notre arrivée à Nyankunde lui a été annoncée et il a pris toutes les dispositions pour nous inviter chez lui, dans une coquette maison perchée au bas de la montagne, à quelque 1 km de l’hôpital.
Le couple Richard nous accueille solennellement et nous sert à notre faim et à notre soif. Né à Faradje, en RDC, des parents missionnaires, Richard Dix parle très couramment le swahili. Après des études dans son pays, il s’est installé en RDC en 1965 pour participer à la construction du Centre médical évangélique en qualité d’ingénieur en construction. Il va répartir aux Etats-Unis en 1988 pour la retraite de son épouse, Ruth Dix, 64 ans. C’est en 2004 qu’il va regagner Nyankunde pour retrouver son œuvre détruite par les miliciens, notamment sa propre maison dont on ne voit plus que les murs.
Trempé d’une forte volonté et d’une détermination à rendre service à ceux qui en ont besoin, Richard Dix n’a cure de l’insécurité. En dépit du climat d’insécurité qui prévaut dans cette partie de la RDC, il tient à y rester pour prêter sa main dans l’œuvre de reconstruction du CME. Pour deux raisons : parce qu’il est missionnaire et pour réhabiliter l’hôpital qui était détruit. Il a déclaré ne pas considérer l’insécurité car il croit en Dieu.
Sans doute, après avoir tourné la triste page des années 2002 et 2003, les Ituriens ont-ils tiré la triste leçon des actes qu’ils avaient posés en détruisant ce bijou qu’ils avaient acquis : le Centre médical évangélique, en se disant plus jamais ça. Le Dr. Mike Upio tient à imprimer une autre image sur cet hôpital. Joint au téléphone, il nous a déclaré qu’il s’affairait à réanimer l’œuvre médicale sur toute la zone santé de santé de Nyankunde en se focalisant sur les travaux de construction du bâtiment devant abriter la salle d’urgence et la salle d’opération. Les uns et les autres sont déterminés à rendre au CME ses lettres de noblesse : Centre médical évangélique de Nyankunde, au service de Jésus Christ au coeur de l’Afrique.
félicitation Dr Mike Upio pour ton courage et ton amour pour Nyankunde, tes ouevres sont renommées!!!
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