mercredi 23 janvier 2013

Les ONG et le M23 s’accusent

Administration au Nord-Kivu Les ONG et le M23 s’accusent Alors que les pourparlers de Kampala se déroulent, bien qu’en dents de scie, les ONG locales et les rebelles du M23 se livrent à la guerre d’accusations mutuelles, pendant que les hommes de Sultani Makenga accusent aussi le gouvernement congolais de se livrer à un double jeu. Les ONG du Nord-Kivu, quant à elles, accusent ceux-là d’étendre leur emprise sur l’Est, en nommant ses propres hommes dans l’administration et en percevant différentes taxes. Des accusations qui interviennent alors que se clôturent ce jeudi 24 janvier au Palais du peuple à Kinshasa les assises du Forum des parlements de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs ouvertes mardi 22 janvier. Le Mouvement du 23 mars (M23) a accusé le gouvernement de Kinshasa de se livrer à un double jeu en acceptant de négocier en Ouganda au même moment qu'il continue à plaider pour le déploiement rapide de la Force internationale neutre forte de 4000 hommes, selon le porte-parole du M23, Stanislas Baleke, cité par l’agence Chine nouvelle. En dénonçant le fait que le gouvernement était en train de négocier âprement pour le déploiement de la force internationale neutre, le porte-parole du M23 a déploré ce qu’il a qualifié « des manœuvres regrettables ». "Le gouvernement congolais est en train de discuter pour le déploiement de la Force internationale neutre au Kivu", a-t-il déclaré, ajoutant que ces sont "des manœuvres regrettables au moment où nous avons démontré à plusieurs reprises notre volonté de trouver une issue pacifique à la crise". Pour les rebelles du M23, donc, le gouvernement de Kinshasa cherche à gagner du temps en attendant le déploiement rapide de 4000 hommes de la Force internationale neutre, lesquels auront éventuellement le mandat de surveiller la frontière entre la République démocratique du Congo et le Rwanda et de traquer les forces rebelles dans la partie est de la RDC. Les pourparlers de Kampala sont à leur 7ème semaine après avoir débuté le 9 décembre et connu quelques couacs tout au début et été suspendu le 21 décembre dernier en raison des fêtes de fin d’année. Les rebelles du M23 avaient exigé, peu avant la suspension des négociations, la signature par le gouvernement congolais, du cessez-le-feu avant toute reprise. Face au refus de Kinshasa de les suivre sur cette voie et à la pression de la communauté internationale, les hommes de Jean-Marie Runiga ont, la mort dans l’âme, décrété le 8 janvier un cessez-le-feu unilatéral au Nord-Kivu. Depuis le mois d'avril 2012, le M23 essentiellement composé d'anciens rebelles du Congrès nationale pour la Défense du Peuple (CNDP) occupent des villages et localités dans la province du Nord-Kivu, ils ont pris le 21 novembre 2012 la ville de Goma, capitale de cette province et l'ont occupée pendant 11 jours occasionnant des dégâts matériels estimés à 150 millions de dollars selon Julien Paluku, gouverneur de cette province De son côté, Kinshasa, appuyé par des ONG locales, accuse la rébellion du M23 d’étendre son emprise sur la partie orientale du territoire national, en dépit de l'arrêt des combats avec l'armée et la tenue de pourparlers de sortie de crise actuellement à Kampala. A ce jour, le mouvement rebelle contrôle une partie du territoire de Rutshuru, un territoire de la province riche et instable du Nord-Kivu adossé au Rwanda et à l'Ouganda voisins, deux pays accusés par l'Onu de soutenir le M23. Des allégations que ces deux pays de se lassent pas de dé démentir. On rapporte que dans ce territoire, les rebelles perçoivent des taxes et, selon de récentes accusations de la société civile, ils nomment des chefs pro-M23 à la place des chefs traditionnels légaux - qui ont pour certains fui avec l'arrivée des rebelles. Étienne Kambale, de la fédération d'ONG Société civile du Nord-Kivu, accuse les rebelles d'avoir remplacé le chef coutumier reconnu par la loi M. Makombe, "dans le groupement de Buhumba, en chefferie de Bakumu", par "un évadé de la prison Munzenze de Goma". "Croyez-vous que des personnes qui placent à la tête d'un groupement un criminel condamné sont (...) sérieuses?" s’interroge Etienne Kambale. Un proche du chef déchu, sous couvert d’anonymat, nuance ces allégations. "Makombe, pour de raisons de sécurité, n'a pas préféré rester dans la zone sous contrôle rebelle. Il y a des assoiffés du pouvoir qui sont à notre recherche", a-t-il expliqué, mettant nommément en cause le M23. Une autre personnalité, chef de division de l'Intérieur du Nord-Kivu, Aloys Majune, a préféré ne pas commenter, se contentant simplement à ceci: "C'est une rébellion. Nous ne pouvons rien dire". Démenti du M23. Face à ces accusations, la rébellion du M23 a démenti. "Ces chefs coutumiers font leur travail et nous faisons le nôtre", a rétorqué Jean-Marie Runiga, chef politique du M23. "On ne peut pas laisser une population sans être dirigée. Dire que le M23 bouge le pouvoir coutumier, c'est de l'intoxication (...) Ce sont des choses que nous ne ferons jamais", dit-il. Les rebelles avaient déjà nommé Benjamin Bonimpa comme administrateur du Rutshuru après la chute de Rutshuru et de Kiwandja sous leur contrôle le 25 juillet. Mais l'administrateur légal, Justin Mukanya, gère pour sa part la partie "libre" du Rutshuru, frontalière du territoire de Lubero. Les taxes sur les marchandises et les transports que perçoivent les rebelles en utilisant les formulaires de la Direction générale des impôts (DGI) auxquels ils ont ajouté leur sigle M23, ulcèrent aussi les commerçants. Ceux-ci se demandent comment les rebelles doivent percevoir des taxes de dédouanement des marchandises venant de Goma, ville congolaise. Les commerçants paient quotidiennement 40% des recettes au M23 chaque jour (...) Le véhicule paie pour le péage 5 dollars et, pour le libre passage, il paie 5 dollars à la police de la brigade routière du M23. Au total, le chauffeur paye 15 dollars pour les bus, tandis que chaque camion à l’obligation de verser 320 dollars, dont 20 de péage et 300 pour la taxe sur la marchandise. Cette situation a des conséquences directes sur les activités des agriculteurs qui sont défavorisés car les transporteurs ougandais qui allaient acheter leur soja ne viennent plus et un sac de soja revient maintenant à 18 dollars. Le chef du M23, Jean-Marie Runiga, rejette toutes ces accusations, répliquant qu’ils ne perçoivent que des taxes et impôts ordinaires, c'est comme à l'époque du gouvernement. Ils vont plus loin en expliquant trois raisons de la perception de ces taxes : la sécurité, le fonctionnement de l'administration et la réparation de la route. Kléber Kungu

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