lundi 7 janvier 2013

Kinshasa et M23 ont repris les négociations

Pourparlers de Kampala Kinshasa et M23 ont repris les négociations *La présidence tournante de l’Ouganda a pris fin en décembre, faudra-t-il délocaliser les pourparlers au Congo-Brazzaville qui a pris la relève en janvier ? Les délégations du gouvernement congolais et des rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) sont arrivées à Kampala, capitale de l’Ouganda, pour reprendre les pourparlers suspendus le 21 décembre 2012 par le Bureau du Facilitateur ougandais, le Dr Crispus Kiyonga, ministre ougandais de la Défense, pour permettre au personnel de la Conférence internationale de la région des Grands Lacs (CIRGL), spécialement le personnel d’appui, de passer les fêtes de fin d’année en famille. Alors que les membres de la délégation de Kinshasa se trouvent déjà dans la capitale ougandaise depuis jeudi 3 janvier, ceux de la délégation des rebelles du M23 y sont arrivés 24 heures plus tard. C’est le 9 décembre 2012 que les pourparlers de Kampala ont débuté. Depuis, ces négociations très laborieuses, n’ont pas encore abordé des questions de fond, n’ayant jusque là porté que sur des questions de procédure, notamment l’approbation, l’adoption et la signature du règlement intérieur des travaux le 18 décembre par les deux parties au cours de la cinquième réunion. Avant leur suspension, les pourparlers de Kampala ont connu quelques interruptions dues généralement aux caprices des rebelles du M23. Quarante-huit heures avant la suspension par le Bureau du Facilitateur le 19 décembre des pourparlers, les rebelles du M23 avaient suspendu leur participation aux travaux, conditionnant la reprise des pourparlers à la signature d’un cessez-le-feu. Une exigence à laquelle Kinshasa n’avait pas voulu répondre positivement, estimant que la signature du cessez-le-feu n’était pas reprise dans l’agenda de la Conférence internationale de la région des Grands lacs (CIRGL). La reprise de ces pourparlers pour un deuxième round, estiment certains analystes avisés, est d’autant plus délicate que chaque partie revient à la table des pourparlers ragaillardie après avoir eu le temps et l’occasion de consulter ses spécialistes. Les deux délégations ont mis à profit la journée du samedi 5 janvier en rencontrant séparément le médiateur ougandais à Kampala, à la veille de négociations directes attendues entre les deux parties. "Les deux délégations sont enfin là et nous espérons que les deux parties mèneront des pourparlers directs demain (dimanche)", a déclaré le porte-parole du ministère ougandais de la Défense, Paddy Ankunda. L'Ouganda accueille ces pourparlers en dépit des accusations portées contre le pays - ainsi que le Rwanda - d'avoir soutenu les rebelles, ce que les Kampala et Kigali démentent avec force. Le Mouvement du 23 mars (M23), estimé à environ 1 000 hommes, est formé d'anciens rebelles majoritairement tutsi, d'abord intégrés dans l'armée de RDC aux termes d'un accord de paix signé le 23 mars 2009 avec les autorités de Kinshasa. Ils avaient repris le combat en avril 2012 dans le Nord-Kivu, accusant le gouvernement de ne pas avoir respecté l'accord. Depuis, ils ont mené des attaques foudroyantes en novembre et conquis une grande partie du Nord-Kivu, dont son chef-lieu, la ville de Goma, le 20 novembre. Sous la pression et les condamnations quasi unanimes de la communauté internationale, les rebelles du M23 ont dû quitter le 1er décembre la ville de Goma après l'avoir occupée pendant 12 jours. Ils se sont alors engagés à se retirer à 20 kilomètres de la ville mais a en réalité maintenu ses positions à quelques kilomètres, autour de Goma, selon des témoignages d'habitants et de la Société civile. En contrepartie de leur retrait de la ville de Goma, les hommes de Sultani Makenga avaient obtenu la tenue des négociations que Kinshasa avait auparavant rejetées. Ils se sont mutinés car ils estiment que Kinshasa n'a jamais pleinement respecté ces accords qui prévoyaient des garanties de grades et d'affectation géographique. Des revendications qu’ils ont élargies à d’autres, notamment des revendications politiques, économiques, sociales, des droits de l’homme, de gouvernance. Les pourparlers se déroulent à l’hôtel Speke Resort Munyonyo à Kampala. Leurs travaux ont connu la participation des observateurs des pays comme la Belgique, les Etats-Unis d’Amérique, la France, la Norvège, le Royaume-Uni de Grande Bretagne et l’Irlande du Nord, et organisations internationales comme l’Union africaine, l’Union européenne et la Mission des Nations unies pour la stabilisation en RDC (Monusco). Ils sont dirigés sous la facilitation du Dr Crispus Kiyonga, ministre ougandais de la Défense, désigné par le président ougandais et président en exercice de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), Yoweri Museveni. La délégation congolaise est conduite par le ministre des Affaires étrangères, Raymond Tshibanda, tandis que celle du M23 est dirigée par François Rucogoza, secrétaire exécutif du Mouvement. Pas de «partage du pouvoir», selon la Société civile La population du Nord-Kivu a donné sa position sur les enjeux des pourparlers de Kampala. Elle refuse que les pourparlers de Kampala deviennent un cadre de partage du pouvoir entre le gouvernement et les rebelles. Cette position est le fruit de nombreuses séances de dialogue social qu’elle a organisées du 28 décembre 2012 au3 janvier 2013 que la Société civile en faveur des habitants de Beni, Butembo, Lubero et Goma. Le porte-parole de la Société civile du Nord-Kivu, Omar Kavotha, a rapporté que les personnes interrogées s’opposent aussi à «toute signature de cessez-le-feu » entre l’armée nationale et le M23. «Elles recommandent ensuite que le cadre de Kampala ne soit pas celui qui favorise le partage du pouvoir, ni l’intégration des hommes de troupe du M23 dans l’armée et dans la police», a-t-il affirmé. Cette population tient que les pourparlers de Kampala puissent «rester dans l’évaluation des accords du 23 mars et dans le respect strict de la constitution». Elle recommande aussi que ces pourparlers soient délocalisés de l’Ouganda, « d’autant plus que cet Etat n’assure plus la résidence de la CIRGL et considérant son allégeance avec le M23 ». Le mandat du président ougandais Yoweri Museveni, président en exercice de la Conférence internationale pour les pays des Grands lacs (CIRGL) a pris fin en 2012. Dès ce janvier 2013, la présidence tournante de la CIRGL devrait passer au président du Congo-Brazzaville, Denis Sassou Nguesso. Kléber Kungu

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