samedi 12 janvier 2013

Le Dr Denis Mukwege retourne à Bukavu ce 14 janvier

Après plus de 2 mois d’exil forcé en Belgique Le Dr Denis Mukwege retourne à Bukavu ce 14 janvier Le Dr Denis Mukwege a décidé de retourner à Bukavu le 14 janvier, après un exil forcé en Belgique dû à une tentative d’assassinat à Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, dont il était victime le 25 octobre dernier,à en croire un communiqué de l’Hôpital de Panzi spécialisé dans les soins des femmes victimes de violences sexuelles. Le gynécologue Denis Mukwege, réputé pour son aide aux nombreuses femmes violées dans l'Est de la République démocratique du Congo, et qui avait dû s'exiler après une tentative d'assassinat à Bukavu, où sont installés son hôpital et la Fondation Panzi, rentrera dans son pays le 14 janvier, a-t-on appris auprès de l'hôpital qu'il a fondé. "Le retour à Bukavu du docteur Denis Mukwege et de sa famille est prévu le lundi 14 janvier", annonce un communiqué de l'hôpital Panzi, fondé par le Dr Mukwege. Les nombreux messages d’appel que le gynécologue n’a cessé de recevoir et de ses nombreuses malades et d’autres personnes l’ont poussé à braver le danger en décidant de rentrer à Bukavu où se trouve sa place aux côtés de ses malades et non loin d’eux, pas plus qu’en Belgique où, sa famille et lui se sont refugiés pendant plus de deux mois. "C'est le docteur qui a pris cette décision en apprenant qu'il recevait de plus en plus de messages: il y a beaucoup de demandes de malades, de femmes qui réclament son retour", selon Ephraim Bisimwa, chargé de communication de l'hôpital général de référence de Panzi. Le 25 octobre dernier, le Dr Denis Mukwege avait échappé à une tentative d’assassinat à son domicile à Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, l’une des provinces les plus bouillonnantes en matière d’insécurité, à l’instar du Nord-Kivu voisin. Une tentative d’assassinat perpétrée par des hommes armés non identifiés. Après avoir été exfiltré d’urgence via le Burundi, il a rejoint la Belgique, après avoir séjourné quelques jours en Suède. Cette tentative d’assassinat au cours de laquelle l’un de ses gardes a trouvé la mort, avait soulevé à l’époque une vague de protestations et de vives condamnations à l’échelle tant nationale qu’internationale. Mais depuis qu’il s’est établi en Belgique avec sa famille, le gynécologue congolais n’avait jamais cessé de penser à celles pour lesquelles il a failli donner sa vie. "Dès que j'aurai une sécurité suffisante, mon projet est de retourner le plus tôt possible", avait indiqué début novembre le Dr Mukwege après avoir été reçu au siège de la Commission européenne à Bruxelles. L'hôpital de Panzi et la mission pentecôtiste suédoise pour le développement (PMU), qui finance l'action du médecin, demandent la participation "active et concrète" des autorités congolaises et de la Mission de l'Onu pour la stabilisation en RDC (Monusco) pour "garantir la sécurité de l'Hôpital, de ses équipes, de ses patients et du Docteur Denis Mukwege", souligne le communiqué. Une conférence de presse a été organisée samedi 12 janvier pour préparer le retour du Dr Denis Mukwege. Au cours de cette rencontre, le Dr Nfundiko, médecin directeur ad intérim de l’hôpital de Panzi, a émis l’espoir de voir « le gouvernement congolais (…) assurer la sécurité du Dr Denis Mukwege dès son retour, sa famille et tout l’hôpital de Panzi » Le Dr Nfundiko a affirmé à la presse locale, nationale et internationale le retour du Dr Mukwege à Bukavu lundi en début d’après midi pour continuer son travail de soigner les femmes victimes des atrocités à l’Est de la RDC. « Vous connaissez le travail qu’il fait pour sauver des vies humaines en RDC », a expliqué le Dr Nfundiko. « Ll refuse de continuer à vivre en exil étant donné qu’il ne se reproche de rien, ni contre son pays , ni contre un quelconque citoyen. Pour lui, sa place est à Bukavu aux cotés de ses patientes, des agents de l’hôpital et de sa famille. » Le conférencier du jour a également remercié les Etats ainsi que différents partenaires qui ont soutenu et continuent de soutenir le Dr Denis Mukwege et l’Hôpital de Panzi, selon un condensé de cette conférence obtenu de la cellule de communication de cette institution hospitalière. « Nous voulons que la Communauté internationale qui reconnait l’engagement du Dr Denis Mukwege s’implique d’avantage pour lui permettre de continuer son travail », a-t-il plaidé. En seize ans, 40 000 femmes soignées Le Dr Mukwege a créé l'hôpital et la fondation Panzi pour aider les femmes violées dans l'Est de la RDC par des groupes armés locaux et étrangers, ainsi que par certains soldats de l'armée. Chaque année, le programme de lutte contre les violences sexuelles, le plus important de l'hôpital, reçoit 3. 000 femmes. Ce programme est financé à hauteur de 1,2 million d'euros par an. Les fonds proviennent de PMU et surtout de la Commission européenne, qui donne environ 900. 000 euros, selon Ephraim Bisimwa. Les activités du Dr Mukwege lui ont valu plusieurs nominations pour le Prix Nobel de la paix, et il a notamment reçu le prix de l'Onu pour les droits humains. En seize ans, apprend-on, celui qui est appelé « l’homme qui répare les femmes » violées à l’est de la RDC a déjà soigné…40 000 femmes victimes de violences sexuelles Quant à l'enquête sur cette tentative d’assassinat, elle se poursuit pour retrouver les auteurs de l'attaque, perpétrée par des hommes armés non identifiés. "Les enfants issus des viols sont à leur tour violés" Samedi 12 janvier, 48 heures avant son retour à Bukavu, le gynécologue Denis Mukwege était l’invité à l’émission « Grand Oral » sur RTBF-Le Soir, au cours de laquelle il a expliqué que les soldats des FARDC participaie aux violences sexuelles. Selon lui, les enfants issus de viols dans l’est de la RDC sont à leur tour victimes de violences sexuelles. "Je travaille maintenant depuis plus de 10 ans à la prise en charge des femmes victimes de violences sexuelles. Depuis quelques années, j’ai observé que les femmes que j’avais soignées et qui ont eu des enfants issus du viol, ces femmes revenaient puisqu’elles étaient violées pour la seconde, la troisième fois. Mais ce qui était encore plus grave, c’est que j’ai observé que, parmi ces femmes, il y en a qui revenaient avec les enfants issus du viol qui étaient, à leur tour, violés. Je crois que comme parent, comme époux, comme enfant, je suis né quand même d’une femme, c’est inacceptable!" Il a aussi regretté l’impuissance de l’armée congolaise. "Je n’ai pas peur de le dire, je crois que la façon dont ils ont formé ce qu’ils appellent aujourd’hui FARDC, pour moi, ce n’est pas une armée. Excusez-moi, je pense qu’au Congo, il y a des hommes et des femmes capables de constituer une armée qui peut protéger la population civile. Mais les gens qui sont aujourd’hui dans ce qu’on appelle FARDC, ce sont des anciens groupes armés. Après qu’on ait eu des négociations et qu’on ait signé des accords, on a dit ‘voilà, venez tous ensemble’". Des militaires des FARDC participent aux viols, confirme-t-il: "Exactement ! Malheureusement, les groupes armés, la plupart recrutent des enfants qui entrent dans l’armée à l’âge de 10-12 ans, à qui on remet un fusil, en leur disant tout simplement ‘voilà, avec ça, vous pouvez avoir de l’argent, vous pouvez avoir de la nourriture, vous pouvez avoir des femmes’". Ouverture d’une enquête sur le viol des femmes à Minova en novembre Le retour du Dr Denis Mukwege intervient alors que le gouvernement congolais a ouvert une enquête sur le viol massif des femmes qui aurait été commis par des militaires congolais en novembre 2012 à Minova (Sud-Kivu) après leur retrait de Goma (Nord-Kivu) occupé alors par les rebelles du M23. L’enquête a pour objectif de vérifier les allégations faisant état du viol de cent vingt-six femmes rapportées par plusieurs ONG et le bureau conjoint aux droits de l’homme des Nations unies. Une délégation mixte gouvernement-Monusco, qui séjourne à Minova depuis le jeudi 10 janvier, a recueilli les témoignages de quarante-six viols commis essentiellement sur des femmes déplacées parmi lesquelles trois mineures. Le chef du poste de Minova, qui dit avoir été informé de vingt-six cas de viols, indique que d’autres victimes n’ont pas rapporté les viols dont elles ont été victimes. Les victimes qui se sont prononcées disent attendre l’ouverture d’une chambre foraine au tribunal de Minova pour juger les présumés coupables. Kléber Kungu

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