jeudi 10 janvier 2013

Centrafrique : les rebelles ragaillardis et Bozizé fragilisé négocient

Centrafrique : les rebelles ragaillardis et Bozizé fragilisé négocient C’est depuis mercredi 9 janvier que les négociations centrafricaines sont ouvertes à Libreville au Gabon entre des rebelles de la Séléka ragaillardis par leurs succès sur le terrain et un François Bozizé fragilisé, sous la médiation du Congolais Denis Sassous Nguesso et sous l’égide de la communauté économique des états d’Afrique centrale (CEEAC). Dès le début, les rebelles n’y sont pas allés mollement ; ils ont placé très haut la barre dans ces négociations du reste très tendues : ils réclament le départ immédiat du président centrafricain, François Bozizé, qui, selon eux, constitue le mal centrafricain. De son côté, M. Bozizé accepte tout, sauf céder son fauteuil. Chaque camp s’arc-boutant dans ses positions, le blocage au rendez-vous. Les rebelles de la Séléka et le pouvoir centrafricain ont commencé le mercredi 9 janvier, à Libreville (Gabon) leurs discussions directes. Elles se sont poursuivies jusque tard dans la nuit, sans accoucher d’une souris. Arrivés à Libreville le même jour du début des négociations, les rebelles centrafricains, soutenus par l’opposition politique non armée, ont continué de réclamer le départ immédiat du chef de l’État, François Bozizé, avant de présenter également un mémorandum dans lequel ils demandent qu’il soit traduit devant la Cour pénale internationale (CPI), l’accusant de "faits de crimes de guerre et crimes contre l'humanité", en lui reprochant "arrestations, détentions et séquestrations arbitraires, enlèvements, disparitions, assassinats et exécutions sommaires". "Il n'y a pas d'autre alternative, rien que le départ de Bozizé. L'unique mal des Centrafricains, c'est Bozizé, c'est tout", a déclaré Florian Ndjadder, un porte-parole de la Séléka. Tandis que les représentants gouvernementaux, eux, ne les entendaient pas de cette oreille, refusant catégoriquement d’envisager un départ de Bozizé avant la fin de son mandat, prévu en 2016. Mardi 8 janvier, le président centrafricain avait chargé violemment la rébellion, refusant catégoriquement de quitter la pouvoir, estimant qu'il avait "perdu une bataille mais pas la guerre". Ragaillardis par leurs succès militaires sur le terrain après la prise de deux nouvelles villes, notamment Alindao située à 120 kilomètres à l’est de Bambari et Kouango, à 100 kilomètres au sud, les rebelles centrafricains ont pris le contrôle d’une large partie du pays, se trouvant pratiquement aux portes de Bangui, protégée par la Force multinationale d’Afrique centrale (Fomac). Après une conquête éclair de la majeure partie du pays depuis le 10 décembre, les rebelles se trouvant désormais aux portes de Bangui, demandent "la reconnaissance" par François Bozizé "et son régime de leur défaite militaire et leur abdication dans l'intérêt du peuple centrafricain". Elle recommande même au chef de l'Etat de "se trouver une terre d'asile". Malgré leurs succès, les rebelles de la Séléka négocient divisés. Leur délégation, dirigée par Michel Djotodia, est composée pour le moment de 15 personnes. Cinq membres de l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UDFR), dont Michel Djotodia est le chef ; deux de la Convention patriotique pour le salut du Kodro (CPSK), dont son leader, le général Dhaffane Mohamed-Moussa ; deux de la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP), de Noureddine Adam lui aussi présent à Libreville. S’ajoute un groupe de six personnes arrivées par N'Djaména, dont le colonel Djouma Narkoyo, porte-parole militaire de la coalition et membre de l’UDFR. L’identité des cinq autres personnes n’a pas encore été communiquée par la rébellion. Le grand absent est son porte-parole à Paris de la coalition Séléka, Eric Massi. Il a expliqué son absence à Libreville par le refus des chefs d’État de la sous-région qu’il participe aux négociations. Il a expliqué que sa lettre adressée au président Ali Bongo Ondimba pour lui faire part de son désir de se rendre à Libreville, n’a reçu aucune suite. Un membre de la Séléka (qui signifie "alliance" en langue sango) a expliqué l’absence aux négociations de Libreville de celui de celui qui, depuis le début de l’attaque rebelle, le 10 décembre, s’exprime publiquement au nom de la coalition, par des tensions grandissantes entre Massi et le commandement militaire de la rébellion. Les leaders du mouvement lui reprochent notamment d’avoir annoncé qu’une délégation de la Séléka se rendrait aux négociations prévues à Libreville, alors qu’ils n’avaient pas encore arrêté de décision. Les rebelles accusent donc Eric Massi de trop de zèle. « Il a cru à un moment pouvoir incarner l'alternative à Bozizé, mais nous avons d'autres plans. Il est allé trop vite en besogne et n’a pas pris en compte les nombreuses mises en garde faites à son encontre », a expliqué ce rebelle. C’est sur ces entrefaites qu’est intervenu le sommet des chefs d’État de la Communauté des États d’Afrique centrale (CEEAC), ouvert jeudi 10 janvier, qui ambitionne de faire évoluer les négociations. Le début a toujours caractérisé ce genre de rencontre. Au fur et à mesure, les uns et les autres, sous la pression des médiateurs ainsi que de la communauté internationale, vont arriver à mettre de l’eau dans leur vin. La chute étant la formation d’un gouvernement d’union nationale et, pour le cas des rebelles, la mise en place du très controversé programme de désarmement, de démobilisation, et de réinsertion (DDR). Les pays qui l’ont déjà expérimenté, comme la RDC, ne sont plus près de le réessayer. "Accord de principe" en vue En dernière minute, peu avant le bouclage, nous apprenions que les rebelles ont essayé de mettre de l’eau dans leur vin en annonçant qu’ils allaient donner leur accord de principe pour un cessez-le-feu d’une semaine. Cependant, un cessez-le-feu sous condition La rébellion centrafricaine du Séléka va donner son "accord de principe pour un cessez-le feu d'une semaine", a annoncé jeudi soir un de ses porte-parole à Libreville, lieu des négociations de paix entre le pouvoir centrafricain et les rebelles de la Séléka.. "Nous allons donner notre accord de principe pour un cessez-le feu d'une semaine et observer sa bonne foi (du président François Bozizé). S'il nous la prouve, nous allons revenir à Libreville pour signer définitivement le cessez- le-feu", a déclaré le porte-parole Nelson Djadder. Mais le Séléka entend conditionner le cessez-le-feu provisoire: "Les forces mercenaires venues d'Afrique du Sud doivent quitter le territoire centrafricain, les prisonniers politiques doivent être libérés sans conditions pendant la même période", a affirmé M. Djadder. La rébellion demande également la nomination d'un nouveau Premier ministre issu de l'opposition. "Nous avons la possibilité de marcher sur Bangui mais par respect des chefs d'Etat de la CEEAC (Communauté économique des Etats d'Afrique Centrale) nous allons démontrer que nous voulons la paix", a ajouté le porte parole. A cette perche des rebelles tendue à Bangui, que répondra Farnçois Bozizé ? Kléber Kungu

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