lundi 5 novembre 2012

Qu’ils sont gourmands, nos honorables députés !

Législature 2011-2016 Qu’ils sont gourmands, nos honorables députés ! Désormais, les députés congolais ont des poches sans fond. Qui, à chaque nouvelle législature, exigent un émolument plus important que celui de l’ancienne législature. Donnant ainsi l’impression d’être mal payés. Déjà payés plus de 7 000 dollars par mois, les élus congolais réclament un doublement de leur salaire. Une demande que le gouvernement Matata ne semble pas prendre en considération. Que voulaient les députés congolais ? Pour des raisons budgétaires, le gouvernement Muzito avait décidé de réduire le train de vie jugé élevé des institutions du pays. Les élus, dont les émoluments s'élevaient à près de 6 000 dollars mensuels, se sont retrouvés avec 4 250 dollars. A l’avènement en avril dernier du nouveau gouvernement issu des élections du 28 novembre 2011, nos « honorables » députés ont sollicité auprès du nouveau Premier ministre, Augustin Matata Ponyo Mapon une revalorisation de leurs émoluments qui les placerait au même niveau que les sénateurs, dont les revenus mensuels atteignent, selon eux, les 13 000 dollars. Matata Ponyo a refusé d’accéder à leur demande en leur opposant une fin de non-recevoir. Les élus congolais sont loin d’être vraiment mal payés. En effet, aux 4 250 dollars mensuels s'ajoutent 3 000 dollars destinés à couvrir leurs frais de transport, de communications, et la rémunération du secrétaire parlementaire. Les présidents et vice-présidents des commissions parlementaires perçoivent en plus 2 000 dollars. Les membres de la commission économique et financière bénéficient également de frais d'hébergement pour la période que dure l’examen du budget de l'État. En dépit de tous ces avantages, les députés congolais estiment qu'ils sont mal payés. Ils avancent des raisons qui sont loin de tenir debout. Car, ils expliquent que, lorsqu'ils regagnent leur fief pendant les vacances parlementaires, ils sont obligés de redistribuer à leurs électeurs ce qu'ils ont gagné. Ce qui est l’une des conséquences de mauvaises pratiques auxquelles les élus congolais ont habitué leurs électeurs en leur promettant, durant la campagne électorale, monts et merveilles. Alors que le mieux-être social auquel aspire la population est consécutif aux efforts que le pouvoir exécutif entend mener de son côté. En bref, la tâche du pouvoir législatif que représentent les députés n’est pas à confondre avec celle de l’exécutif que représente le gouvernement. « La crise est profonde dans l'arrière-pays, se lamente un député de la majorité. Il n'y a pas d'emplois et les gens pensent que nous sommes les représentants du gouvernement et nous demandent de satisfaire tous leurs besoins. Nous ne pouvons pas nous dérober », se lamente un député de la majorité. Comparant leur situation salariale à celle des sénateurs, les députés sont convaincus que les sénateurs sont les mieux lotis en rappelant qu'en mission, eux, les députés voyagent en classe économique, alors que les sénateurs sont en classe affaires. Un des députés de l’opposition est allé même plus loin en citant la manière dont le président de la chambre haute, Léon Kengo wa Dondo a organisé le sénat. «[Le président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo, NDLR], grâce à son budget de fonctionnement, a mis en place une organisation qui permet aux sénateurs de bénéficier de bonus et d'augmenter leurs revenus. Ce n'est pas le cas à l'Assemblée nationale », a fait remarquer ce député, cité par Jeune Afrique. Une autre réalité est que les députés sont cinq cents, alors que les sénateurs ne sont qu’une centaine. En dépit de la menace qui pèse sur lui, le Premier ministre reste ferme. En effet, les élus ont, début octobre, même envisagé d'interpeller le Premier ministre, Augustin Matata Ponyo, en pleine séance à l'Assemblée, avant que tout rentre dans l’ordre. « Si les émoluments des députés étaient revus à la hausse, le budget de fonctionnement de l'Assemblée serait supérieur à celui du ministère de la Défense », indique un observateur. À titre de comparaison, un membre du Congrès américain est payé 14 500 dollars ; un député du Congo-Brazzaville touche 3 950 dollars, contre 2 000 dollars pour son confrère de Bujumbura. Ce qui n'empêche pas un élu du Bas-Congo (Ouest) d'affirmer que « 70 % des députés ne sont pas rentrés dans leurs fiefs lors des vacances parlementaires par peur de n'avoir rien à distribuer ». Tandis que les députés kényans n’ont pas à envier la situation de leurs collègues congolais. L’on rapporte que le 10 octobre, à Nairobi, le président Mwai Kibaki a refusé tout net d'octroyer à chaque parlementaire un bonus exceptionnel de 105 000 dollars (81 000 euros), qui restent parmi les mieux payés en Afrique. Eux qui gagnent …10 000 dollars mensuels. Kléber Kungu

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