mardi 20 novembre 2012

Goma et son aéroport entre les mains du M23

Guerre au Nord-Kivu Goma et son aéroport entre les mains du M23 Selon plusieurs sources, la ville de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu et son aéroport sont tombés depuis mardi 20 novembre entre les mains des rebelles du M23 appuyés par des forces rwandaises qui auraient traversé la frontière en provenance de Gisenyi. Ce, après une résistance farouche des FARDC marquée par des combats ponctués de tirs nourris d’artillerie qui ont marqué. Une première depuis la conquête de cette ville stratégique aux mains de rebelles soutenus par le Rwanda en 1998. Donc, en dépit de tous les appels de la communauté internationale demandant aux rebelles de cesser les hostilités et toutes les menaces des Nations unies de prendre de nouvelles sanctions contre eux, les affidés du Rwanda n’ont pas hésité à défier les Nations unies. Les combats ont repris mardi à l'aube à l'issue d'un ultimatum lancé par les rebelles à Kinshasa, exigeant la "démilitarisation" de la ville et l'ouverture de négociations. Les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) ont affirmé mardi s'être emparés de l'aéroport de Goma dans le Nord-Kivu en République démocratique du Congo (RDC), ajoutant qu'ils entraient dans la ville. C’est dans la matinée de mardi 20 novembre que les rebelles du M23 ont pris le contrôle de certains quartiers de la ville de Goma. Des témoins cités par radiookapi.net sur place indiquent que les FARDC ont quitté la ville après avoir opposé une résistance aux rebelles. Elles continuaient de pilonner certains quartiers de la ville. En outre, on a signalé des scènes des pillages qui se sont produites dans le quartier Katindo, au sud de Goma près de la route menant à Sake, dernière voie libre vers le reste du pays. Des militaires ont, a-t-on appris, emporté ce qu'ils pouvaient avant de quitter la ville. De nombreux policiers parcouraient mardi matin les rues du centre de Goma, parfois en colonnes. Prés de la frontière avec le Rwanda, de nombreux habitants s'agglutinaient pour tenter de se rendre de l'autre côté de la frontière. Et pour ajouter à la confusion, plusieurs centaines de détenus de la prison de Munzenze se sont évadés lundi accentuant l'insécurité qui règne sur la ville, selon une source occidentale, alors que plusieurs dizaines de milliers de personnes fuyaient les combats en prenant la direction du Rwanda voisin. Une colonne de rebelles du M23 est entrée dans la ville de Goma et progressaient à la mi-journée vers le centre de la ville et vers la frontière rwandaise, toute proche. Cette colonne a brièvement affronté des soldats des Forces armées de la République démocratique du Congo sur un boulevard longeant l'aéroport avant de poursuivre leur chemin vers le poste-frontière rwandais de Gisenyi. Goma tombée entre les mains du M23, c’est la déception des habitants du chef-lieu du Nord-Kivu qui ne croyaient pas que les rebelles arriveraient à prendre le contrôle de Goma. Ils estiment donc que le gouvernement les a trahis. Le Conseil de sécurité de l'Onu a appelé à un arrêt immédiat de la violence dans la région après une réunion d'urgence samedi, annonçant qu'il pourrait prendre de nouvelles sanctions contre les rebelles du M23. La situation s'est tendue dans la région avec l'apparition en mars-avril du M23, qui regroupe d'anciens supplétifs de l'armée congolaise dans l'est du pays et que Kinshasa soupçonne d'être soutenu par le Rwanda. Les affrontements sanglants ont repris la semaine dernière dans l'est du Congo après deux mois de cessez-le-feu. C’est le même mardi que l’aéroport de Goma est également tombé entre les mains du M23 sur fond des pillages. La nouvelle a été même confirmée par un responsable de l’Onu. « L'aéroport est contrôlé par le M23", a-t-il déclaré sans toutefois préciser si les combats avaient fait des victimes. L'aéroport de Goma, est contigu à la ville adossée au lac Kivu et à la frontière rwandaise au nord. Goma accueille 300.000 habitants et des dizaines de milliers de réfugiés qui se sont rassemblés au sud de la ville. L'aéroport était jusqu'alors défendu par des membres de la Garde républicaine, une troupe supposée d'élite. Lors de l'avancée des rebelles, plusieurs hélicoptères d'attaque des Nations unies étaient intervenus dimanche matin pour protéger l'aéroport et dissuader les rebelles de s'en emparer. Le M23 a été créé début mai par des militaires, qui après avoir participé à une précédente rébellion, ont intégré l'armée en 2009, à la suite d'un accord de paix. Ils se sont mutinés en avril, arguant que Kinshasa n'avait pas respecté ses engagements. Aujourd’hui, ils réclament notamment le maintien de tous les officiers dans leurs grades et refusent "le brassage" (affectations dans d'autres unités et d'autres régions) que veut leur imposer Kinshasa, ce qui les éloignerait de leur zone d'influence dans l'est. Dans l’entre temps, le gouvernement congolais, par le biais de son porte-parole, Lambert Mende, a écarté lundi toute idée d'engager des discussions, affirmant que son pays ne se plierait pas au "chantage" d'un groupe soutenu par le Rwanda. Kinshasa et les Nations unies accusent le Rwanda, pays limitrophe avec le Nord-Kivu, de soutenir les rebelles du M23 en leur apportant une aide militaire, ce que Kigali dément. La région composée des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu reste le théâtre de conflits et d’une insécurité quasiment ininterrompus depuis une vingtaine d'années en raison de ses richesses en ressources minières (or, coltan, cassitérite) et agricoles, que se disputent le gouvernement congolais, divers mouvements rebelles et les pays voisins de la RDC, l'Ouganda, le Rwanda et le Burundi. Des tirs d’obus rwandais ont fait 4 morts à Goma lundi Des tirs d’obus lancés sur le territoire congolais depuis le Rwanda ont fait quatre morts et une vingtaine des blessés, lundi 19 novembre à Goma, renseigne Radiokapi.net. Le premier obus est tombé dans un marché au quartier Majengo vers 16 heures locales, tuant trois personnes sur le champ et blessant six autres. Le premier obus sera suivi, quelques heures plus tard par un deuxième qui est tombé au quartier Office. Un enfant aurait succombé à ses blessures. Plusieurs autres personnes ont été blessées dans la bousculade qui a suivi l’impact des obus au sol dont deux femmes enceintes. De leur côté, les autorités rwandaises ont accusé lundi l’armée congolaise d’avoir « délibérément bombardé » la ville de Gisenyi avec des chars et des mortiers. Selon le général rwandais Joseph Nzabamwita, ces tirs ont fait deux morts. Des allégations que l’armée congolaise a niées, réfutant avoir ordonné de tels tirs, sans exclure la possibilité d’un tir accidentel. Les rebelles ont tiré plusieurs obus de mortier lundi 19 novembre après-midi vers l’aéroport tenu par la garde républicaine congolaise et le camp militaire de Katindo. Selon une source hospitalière, une vingtaine de blessés auraient été admis à l’hôpital Heal Africa, dont l’un est décédé. Pour les responsables des hôpitaux, la plupart des blessés étant des personnes déplacées ou démunies, leur prise en charge médicale sera difficile. Ils demandent au gouvernement de mettre en place un système de gestion urgente de crise pour ces malades. Aucun bilan n'a pu encore être établi sur les derniers combats et bombardements. De nombreuses ONG ont évacué leur personnel vers le Rwanda voisin et l'ONU a annoncé le départ de ses employés "non essentiels". Joseph Kabila appelle à la mobilisation de la population A Kinshasa, le président Joseph Kabila a aussitôt lancé un appel "au peuple ainsi qu'à toutes les institutions" à se mobiliser contre l'agression dont la RDC se dit victime de la part du Rwanda voisin. "Je demande la participation de toute la population à défendre notre souveraineté", a-t-il déclaré. Aussitôt après, Joseph Kabila s’est rendu à Kampala, en Ouganda, pour discuter de la crise congolaise avec le président ougandais et président en exercice de la Conférence internationale sur la Région des Grands lacs (CIRGL), Yoweri Museveni, selon protocole congolais. Les rebelles ont lentement pris le contrôle des différents quartiers alors que l'armée s'en est retirée Et paradoxalement, selon un étudiant de l’Université pédagogique nationale (UPN), une marche de protestation contre cette guerre organisée par quelques universités de Kinshasa, notamment l’UPN, l’Unikin (Université de Kinshasa) et l’Ista (Institut supérieur des techniques appliquées) a été dispersée par la police pour des raisons inconnues. « On n’arrive pas à comprendre pourquoi la police a dispersé notre marche de protestation pendant que le Président de la République Joseph Kabila a demandé à la population congolaise de se mobiliser pour défendre l’intégrité territoriale de notre pays », s’est interrogé cet étudiant. sans apparemment combattre, a constaté un journaliste de l'AFP. Dimanche, le secrétaire général Ban Ki-moon, a assuré que les 6 700 Casques bleus basés dans le Nord-Kivu allaient y rester. Oui, ils y sont restés sans parvenir à réaliser ce que les Congolais attendent d’eux. Sur le plan diplomatique, la communauté internationale a vivement réagi à la reprise des combats. La France à de nouveau déposé une résolution au Conseil de sécurité de l'ONU demandant un renforcement des sanctions contre les rebelles et évoque l'implication éventuelle d'autres pays dans le conflit. Le Conseil de sécurité de l'ONU a déjà demandé samedi l'interruption "immédiate" de tout soutien extérieur et de toute fourniture d'équipement au M23. L'Union européenne, l'Union africaine et les Etats-Unis ont également condamné lundi l'offensive rebelle. Goma et son aéroport tombés, de quoi sera fait demain ? Kléber Kungu

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