mercredi 21 novembre 2012

Chute de Goma : faudra-t-il condamner la Monusco ?

Chute de Goma : faudra-t-il condamner la Monusco ? La chute mardi 20 novembre de la ville de Goma, que les Congolais disaient ne vouloir pas à tout prix voir tomber, des condamnations ont fusé de partout contre les Casques bleus de la Mission de l’observation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco) en les accusant de n’avoir rien fait sinon observer attentivement la chute de Goma et l’entrée de nouveaux maîtres de cette ville. Comme si les casques bleus ont mission de se substituer aux FARDC. La réalité est que les soldats de la Monusco n'ont pas pu intervenir car leur mandat ne leur permet pas. Et lorsqu’un porte-parole de l’Onu, Eduardo del Buey, a expliqué que les 1 500 Casques bleus déployés à Goma n'avaient pas fait feu pour éviter des affrontements avec les rebelles, et noté que les soldats de la Monusco "ne peuvent pas se substituer aux forces nationales", allez-y comprendre quelque !. La guerre du Nord-Kivu a commencé il y a plus de quatre mois. Les cris de la population du Nord-Kivu et les appels des Congolais dans leur ensemble pour que l’intervention des Casques bleus soit plus efficace que d’ordinaire, n’ont malheureusement pas trouvé d’écho favorable. Il a fallu que Goma tombe pour qu’une sorte de remue-ménage de dernière minute gagne la communauté internationale. Question d’essayer de sauver les meubles de la maison congolaise qui se consumaient. Pour preuve, mercredi 21 novembre, le Conseil de sécurité de l'Onu s’est penché sur un redéploiement de ses 19 000 soldats de la paix présents sur le sol congolais. Il est même envisagé l’envoi des "forces supplémentaires". Comme pour se « racheter », dans la nuit de mardi à mercredi, le Conseil de sécurité des Nations unies ont adopté à l'unanimité des sanctions ciblées contre des responsables du M23, à savoir une interdiction de visa et un gel de leurs avoirs, citant les noms de deux chefs des rebelles, Innocent Kaina et Baudouin Ngaryu. Elles ont également exhorté les rebelles à se retirer de Goma et à déposer les armes. Le Conseil a également appelé à la fin de toute aide extérieure, sans mentionner les accusations du gouvernement congolais contre le Rwanda et, dans une moindre mesure, l'Ouganda. Des condamnations, des sanctions qui n’apportent rien C’est la France qui a donné le ton la veille, après la chute de Goma. Par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, elle a estimé que le mandat de la mission onusienne en RDC était "à revoir", jugeant "absurde, pour employer un mot poli" que les Casques bleus n'aient pas pu se battre aux côtés de l'armée régulière pour empêcher "quelques centaines d'hommes" de s'emparer de la métropole de plus d'un million d'habitants. "Il faut se poser la question de l'efficacité de la Monusco", a insisté Laurent Fabius. A la suite de toutes ces déclarations protocolaires, qui n’apportent rien de nouveau à ce qui se fait et se dit lorsque, sous d’autres cieux, de tels événements se produisent, une avalanche de condamnations ont fusé de partout, appuyées par des messages de soutien aux populations du Nord-Kivu. Au nombre desquelles, la « déclaration de soutien au peuple de l’Est du Congo » de l’ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique, James F. Entwistle, qui, « au nom du peuple américain » a exprimé son « soutien à la population vivant dans l'est de la RDC, et tout spécialement aux habitants de Goma. A l'heure où nous continuons, avec les autres amis du Congo, à œuvrer à tous les niveaux afin de mettre un terme à cette crise, nous vous dédions nos pensées et nos prières. » L’ambassadeur américain en RDC termine sa déclaration de soutien en invitant « mettre un terme à son avancée et se retirer de cette ville » et à « tous ceux qui soutiennent ce groupe armé » d’ « immédiatement cesser de le faire ». Le Japon n’est pas resté silencieux. Par la déclaration du porte-parole du ministère des Affaires étrangères sur la situation en RDC, dont L’Observateur a obtenu copie, le Japon a exprimé profondément son inquiétude sur la détérioration rapide de la sécurité et de la situation humanitaire dans l’Est de la RDC. Comme les Etats-Unis d’Amérique, le gouvernement japonais « appelle le Mouvement du 23 mars (M23) à cesser immédiatement ses activités militaires », tout demandant aux personnes ayant « de l’influence dans cette région » de poursuivre « leurs efforts pour jouer un rôle constructif dans le but d’instaurer la cessation des hostilités et de mettre un terme à la crise actuelle par un moyen pacifique ». Dans aucune de ces déclarations, il n’est fait mention des sanctions qui pourraient être brandies au cas où les rebelles du M23 s’entêtaient à ne pas déposer les armes ni quels moyens ces pays étaient prêts à mettre à la disposition de la RDC pour l’aider à chasser les agresseurs de son territoire. Didier Reynders fustige la mission de l'ONU C’est du côté des Belges que le ton est plus ferme, surtout à l’endroit des Casques bleus de l’Onu. Pour le vice-Premier belge et ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, il s'agit d'"un double constat d’échec. On n’a pas doté cette Monusco des moyens suffisants." Comme le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, Didier Reynders a appelé à un "renforcement" de l'action de la mission de l'Onu face à l'avancée des rebelles du M23 dans l'est de la RDC. Et de s’interroger : la force des Nations unies au Congo (Monusco), "c’est la plus grande opération des Nations unies dans le monde: 17.000 hommes! Comment se fait-il qu’on n’arrive pas à arrêter une rébellion?" La réponse ? Il s'agit d'"un double constat d’échec (...) [Car] on n’a pas doté cette Monusco des moyens suffisants", notamment pour mener des "missions offensives lorsque des rebelles se lancent comme ça dans des opérations". Le mandat de la Monusco ne se limitant qu’à la protection des civils. Il préconise qu’"Il faut renforcer ce mandat. Je l’ai demandé au niveau européen et la France va porter ce message aux Nations unies", a précisé Didier Reynders, en évoquant également la possibilité d'"augmenter le nombre d’hommes" de 2.000 comme le permet le mandat. Lorsque Didier Reynders déclare qu’il faut renforcer la Monusco, mais que ces renforts devront être fournis par les pays de la région car "les Européens ne souhaitent pas aujourd’hui envoyer des troupes européennes au combat", il y a de réfléchir profondément et de tirer des leçons d’une telle déclaration. Didier Reynders a également appelé le Conseil de sécurité de l'Onu à "se prononcer" sur la question de l'implication du Rwanda dans la situation. "Il faut condamner tout soutien extérieur et donc demander au Rwanda si, comme il le dit, il n’est pas partie au problème, de devenir une partie de la solution". La Monusco a affirmé mercredi qu'elle restait "engagée" à Goma, la grande ville du Nord Ce qui veut dire tout simplement que la RDC et ses dirigeants sont mis devant leurs responsabilités face à cette agression. Qu’il s’agisse de la Monusco ou de la communauté internationale, leur aide n’a de poids que lorsque les efforts locaux s’avèrent efficaces. Pour le cas d’espèces, nous ne cesserons de le dire et répéter. La RDC qui vient de subir un revers honteux, une humiliation que ses fils et filles auront de la peine à effacer de leur mémoire, ne relèvera la tête que lorsqu’elle disposera d’une armée forte, discipline, républicaine, bien rémunérée. La force onusienne, créée sur résolution du Conseil de sécurité en 2010, sur laquelle les Congolais comptent, est composée de quelque 19 000 soldats (17 000), policiers (1 400) et observateurs militaires (700). Son mandat donne la priorité à la protection des civils mais la Monusco doit également soutenir "l'action du gouvernement visant à lutter contre l'impunité et à protéger les civils contre les violations du droit international humanitaire et des droits de l'Homme, en particulier toute forme de violence sexuelle et sexiste". Elle est par ailleurs chargée de "surveiller l'application de l'embargo sur les armes et de saisir ou récupérer toute arme ou matériel connexe dont la présence dans le pays serait une violation de cette l'interdiction". Rien dans ce mandat ne l’autorise à combattre aux côtés des FARDC. Au stade actuel des choses, il est absurde de continuer à condamner cette Force, si forte en hommes soit-elle. Son mandat n’étant pas celui que les Congolais veulent qu’il soit, rien répondant aux aspirations des Congolais ne sera obtenu, tant que ce mandat ne sera pas changé. Les pays qui ont compris que les choses marchent ainsi chez les Casques bleus, se débrouillent comme des grands hommes face à une adversité. Il est temps que les Congolais arrivent à le comprendre une fois pour toutes. Que les Congolais se mettent vraiment au travail qui construit solidement une nation forte. Qu’ils mettent momentanément au placard les ndombolo qui n’ont pour effet que la distraction, d’autant plus que ceux qui doivent se trouver à l’avant-plan d’un tel travail se complaisent beaucoup à devenir des héros des chanteurs congolais. Pendant ce temps, nos voisins agresseurs peaufinent quotidiennement et nuitamment des stratégies d’agression. C’est au grand jour que nous qui adorons le ndombolo nous nous rendons à l’évidence de la réalité. Kléber Kungu

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