mardi 6 novembre 2012

Le Dr Mukwege veut retourner en RDC "le plus tôt possible"

Exilé d’urgence au Burundi ensuite en Belgique Le Dr Mukwege veut retourner en RDC "le plus tôt possible" Le gynécologue Denis Mukwege a déclaré mardi 6 novembre son intention de retourner en à Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC) "le plus tôt possible", dès que sa sécurité pourrait être assurée. "Dès que j'aurai une sécurité suffisante, mon projet est de retourner le plus tôt possible", a indiqué le Dr Mukwege à des journalistes après avoir été reçu au siège de la Commission européenne à Bruxelles. Ne connaissent pas bien le Dr Denis Mukwege ceux qui ont parié qu’il ne retournerait plus en RDC auprès de ses nombreuses malades après le traumatisme psychologique subi à la suite de la tentative d’assassinat dont il avait été victime le 25 octobre dernier à son domicile de la part des hommes armés. Le médecin, réputé pour son aide aux femmes violées et qui a dû s'exiler après une tentative d'assassinat, séjourne en Belgique après avoir été obligé de fuir la RDC à la suite d'une tentative d'assassinat à son domicile de Bukavu. Plusieurs assaillants ont tué un gardien qui s'était interposé, ce qui avait permis au médecin et à ses deux filles de se cacher puis de s'enfuir. Le gynécologue de renom est revenu sur ce drame qui le marquera le reste de toute sa vie. "L'attaque s'est passée très rapidement. J'ai du mal à dire, aujourd'hui, qui ils étaient et pourquoi ils ont fait ça (...) Ils n'étaient pas venus pour voler. Ils n'ont rien pris", a témoigné Denis Mukwege. Le médecin a indiqué avoir rencontré le gouverneur de la province. Mais "la sécurité qui m'a été offerte est de deux policiers. Ce n'est pas suffisant. Je ne pense pas que poster deux policiers devant ma porte puisse changer quelque chose", a-t-il dit. D'autant que le médecin "habite déjà dans le quartier le plus sécurisé" de Bukavu. Pour lui, la seule solution réside dans "une réforme complète du système de sécurité" en RDC. Depuis la tentative d'assassinat, "je comprends mieux la détresse des femmes dans les régions perdues" où "elles ne sont pas protégées", a-t-il ajouté. Protection assurée à son retour Le gouverneur du Sud-Kivu, Marcellin Cishambo, a tenu à rassurer le gynécologue qu'il a qualifié de "grand homme". "Je suis protégé à Bukavu. Lui aussi, s'il rentre, il sera protégé. (...) Au cas où il y a des problèmes, on peut évaluer s'il faut augmenter le nombre de policiers ou pas", a déclaré le gouverneur. Quant à l'évolution de l'enquête sur la tentative d’assassinat du Dr Denis Mukwege, Marcellin Cishambo a donné des assurances quant à son évolution positive. "La police est sur une bonne piste, et pendant qu'on est en train de faire cette enquête, on ne peut pas se permettre de tout dire (...) on se doit d'avoir une réserve". En recevant Denis Mukwege à Bruxelles, le commissaire européen chargé du développement, Andris Piebalgs, a voulu envoyer "un signal fort de soutien à son action formidable". Il est de même de sa consœur chargée de l'aide humanitaire, Kristalina Georgieva. Celle-ci a assuré que l'Union européenne (UE) avait décidé d'accroître son aide à la RDC, où "la situation s'est dégradée avec 650 000 réfugiés en plus cette année". L'Union européenne finance l'hôpital Panzi du Dr Mukwege, qui soigne chaque année 3 000 femmes qui souffrent de viols ainsi que d’autres pathologies gynécologiques, violences dues par les membres de groupes armés et par les soldats de l'armée régulière congolaise. La Commission dégage 20 millions d'euros Le commissaire en charge de la Coopération au développement, Andris Piebabgs, a indiqué que la Commission européenne prévoit de dégager 20 millions d'euros pour financer un programme de lutte contre la violence sexuelle dans l’est de la République démocratique du Congo. Son porte-parole a précisé que les contours de cette initiative devaient encore être définis, en collaboration avec le gouvernement congolais. Les Etats-Unis exigent de la RDC une enquête Au sujet de cette enquête, laa diplomatie américaine a demandé lundi 5 novembre à la République démocratique du Congo (RDC) d'enquêter sur la tentative d'assassinat du gynécologue congolais. "Les Etats-Unis appellent le gouvernement de la RDC à mener une enquête minutieuse sur l'attaque du 25 octobre contre le Dr. Denis Mukwege", a indiqué dans un communiqué le département d'Etat, exprimant sa "profonde inquiétude" face à cette "violence insensée". Le médecin avait affirmé la semaine dernière depuis Stockholm qu'il comptait retourner au Congo. Il s'était alors montré très critique vis-à-vis du gouvernement de Kinshasa et de la communauté internationale, dont il a dénoncé "l'indifférence à la souffrance de l'autre" et le manque de "volonté politique" le 25 septembre dans un discours prononcé à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies Le Dr Mukwege a créé l'hôpital et la fondation Panzi pour venir en aide aux milliers de femmes violées dans l'est de la RDC par des groupes armés locaux et étrangers, ainsi que par certains soldats de l'armée. Il voyage régulièrement pour expliquer le calvaire de ces victimes. Chaque année, le programme de lutte contre les violences sexuelles, le plus important de l'hôpital, reçoit 3.000 femmes. Des femmes du Sud-Kivu réclament le retour du docteur Mukwege Des femmes regroupées au sein du « Caucus des femmes du Sud Kivu pour la paix » ont réclamé lundi 5 novembre le retour du docteur Denis Mukwege dans la province. Dans une déclaration faite samedi 3 novembre à Bukavu, elles ont déclaré que son retour était impérieux parce que les femmes victimes de violences sexuelles se sentaient abandonnées à leur triste sort. « Nous lançons un appel. Il faut que le Dr. Mukwege rentre. Nous demandons à ceux qui ont l’obligation de le sécuriser de le faire. Il faut que sa sécurité soit garantie », a affirmé la secrétaire exécutif du caucus des femmes du Sud-Kivu, Solange Lwashiga. Le Dr. Mukwege et sa famille on été évacués de Bukavu samedi 27 octobre après l’attaque de son domicile jeudi par des hommes armés. Ils se trouvent actuellement à Stockholm, en Suède. Concernant l’attaque dont il a été victime, les femmes du Sud-Kivu encouragent les enquêtes mais exigent que « les résultats ne soient pas mis dans le même panier que d’autres actes criminels menés contre des défenseurs des Droits de l’homme qui n’ont jamais abouti à la vérité ». Elles estiment que l’absence du Dr. Mukwege dans la province est une façon de maltraiter les femmes victimes des violences sexuelles. « On ne doit pas continuer à maltraiter les femmes comme ça, alors que ces femmes trouvent un de soulagement grâce aux soins du Dr Mukwege. Ces femmes ne doivent pas rester dans un état de victimisation. Elles doivent être des actrices de paix », a ajouté Solange Lwashiga. Gynécologue de formation de renommée internationale, le Dr Denis Mukwege a créé l’Hôpital de Panzi ainsi que la Fondation du même nom, à Bukavu dans le but de prendre en charge gratuitement les femmes victimes des violences sexuelles. Ce traitement combine une prise en charge psychologique, médicale et sociale, afin de les aider à surmonter les traumatismes auxquels font face de nombreuses victimes des violences sexuelles après leur agression. Son hôpital s’est spécialisée notamment dans la réparation des fistules vaginales. La fistule est en fait la constitution d’une communication anormale entre la vessie et le vagin ou entre la vessie et le rectum survenant à la suite de viol ou de violence sexuelle. Incapables de rester sèches, beaucoup de femmes souffrent des fistules endurent l’humiliation constante de dégager une odeur d’urine et/ou d’excréments. Il peut aussi leur être difficile de marcher parce que les nerfs des membres inférieurs sont atteints. Au Nord-Kivu et Sud-Kivu, deux provinces déchirées par la guerre, la violence sexuelle est utilisée comme arme de guerre, perpétrée de façon stratégique, afin d’instaurer un climat de terreur et prendre le contrôle de zones riches en minerais. "Nous comptons rencontrer les responsables de la 8e Cepac (Communauté des Eglises de Pentecôte en Afrique Centrale) (...) pour savoir ce qu'ils comptent mettre en place pour continuer à assister correctement les femmes victimes de violence sexuelle en cette période où le Dr Mukwege est absent", a indiqué Mme Sadiki. La 8e Cepac soutient les activités de l'hôpital Panzi, également financé par l'Union européenne. Kléber Kungu

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