jeudi 22 novembre 2012

Le prix de la « libération » : Les habitants de Goma en détresse

Le prix de la « libération » : Les habitants de Goma en détresse Deux jours après la chute de Goma et de son aéroport, les Gomatraciens sont en train de vivre la réalité d’une autre « libération » : pas de courant électrique, pas d’eau, pas de nourriture, des cas d’enlèvements d’hommes et d’enfants, de viols des femmes, des morts… La chute de Goma a apporté de la merde aux habitants de Goma qui sont en train de passer de moments très difficiles, marqués par l’absence de courant électrique, d’eau potable, des enlèvements d’hommes et d’enfants, de viols de femmes, des morts qui jonchent les rues. La ville est privée d'eau potable, du fait de coupures d'électricité empêchant notamment des pompes de fonctionner normalement. Pour une ville qui compte environ 300.000 habitants et des dizaines de milliers de réfugiés alentours, Goma doit se contenter de l’eau du lac Kivu, considérée comme insalubre en raison d'émanation permanente de gaz méthane à la surface. Dans l'ouest de la ville, des lignes à haute tension avaient été détruites mardi à la mi-journée, du fait des combats qui s’y sont déroulés.. Mercredi 21 novembre, des habitants de Goma se plaignaient de n’avoir plus à manger après la chute de la ville. A en croire l’un d’eux, la ville manque de tout, surtout les denrées de première nécessité. Ainsi l’un de nos amis nous a déclaré, les larmes aux yeux, que mercredi 21 novembre,sa famille et lui se sont contentés de se nourrir des cossettes de fufu, comme cela s’était passé à Kinshasa en 1998 lorsque des rebelles rwandais avaient tenté de s’emparer de la capitale congolaise. Rareté de produits vivriers sur le marché Les activités socio-économiques reprennent progressivement dans la ville de Goma, occupée depuis trois jours par les rebelles du M23. Sur les marchés du chef-lieu de la province du Nord-Kivu, certains produits vivriers commencent à se raréfier, entrainant une hausse de leurs prix. De leur côté, les responsables du M23 ont appelé jeudi 22 novembre les opérateurs économiques, les services publics et les banques à reprendre leur service. Au poste frontalier dit « petite barrière », entre Goma et la ville rwandaise de Gisenyi, une longue file de petits commerçants attendaient jeudi matin d’obtenir le laissez-passer pour aller s’approvisionner en produits vivriers de première nécessité au Rwanda. Il s’agit entre autres de tomates, de poireaux, de pommes de terre et de bananes plantains. Depuis le début des affrontements dans la région de Goma, il y a une semaine, ces produits vivriers se sont raréfiés sur le marché, et leurs prix continuent à prendre de l’ascenseur. Au centre commercial de Biréré, tout comme au marché central, la majorité des commerces ont à nouveau ouvert. Le président des boutiquiers déplore néanmoins que deux boutiques aient été forcées et pillées lors des affrontements de lundi et mardi derniers. Ce jeudi matin, le département de communication du M23 a réuni les agents de la territoriale, les opérateurs économiques, les banquiers et les régies financières de l’Etat pour leur demander de reprendre immédiatement du service. La chute de Sake, village situé à 27 km de Goma, a également provoqué pratiquement les mêmes scènes de désolation qu’à Goma, avec de nombreux cadavres de militaires, des voitures brûlées et un char abandonné, des cas de viols à l’actif des rebelles du M23. La faim commençant à s’installer dans le village, un sentiment d'abandon submerge la population, dont les besoins en vivres, bâches et soins médicaux se font pressants. Mercredi, aucune organisation non gouvernementale n'était encore arrivée dans la zone touchée par les combats. En fin d'après-midi, des camions de la Croix-Rouge évacuaient enfin les corps restés sur place depuis plus de 24 heures. Des dizaines de milliers de personnes, réfugiées dans le camp de Mugunga à la périphérie de Goma, dorment dehors à même le sol rocheux, exposées au déluge qui s'abat chaque soir sur le Nord-Kivu en pleine saison des pluies. Pour nombre d'entre eux, c'est le deuxième déplacement en moins de quatre mois. Du côté des humanitaires, la guerre est venue compliquer leur travail, celui d’aider des Congolais à trouver de quoi vivre en attendant que leurs conditions de vie s’améliorent. «Nous avions investi dans le site de Kanyaruchinya qui a été évacué dimanche, et nous devons maintenant repartir de zéro à Mugunga. Cela prend du temps et coûte cher, et pendant ce temps les déplacés ont besoin d'aide», explique Tariq Riebl, le coordinateur humanitaire d'Oxfam. Kléber Kungu

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