vendredi 11 mai 2012
Le WWF lance une campagne pour sauver le parc Virunga
Sos Virunga
Le WWF lance une campagne pour sauver le parc Virunga
Le WWF, le Fonds mondial pour la nature, vient de lancer une campagne nationale, ‘’SOS Virunga’’ afin d’interpeller les actionnaires et les dirigeants du groupe pétrolier français Total sur son implication dans sa politique de prospection pétrolière qui met en péril le Parc des Virunga, en République démocratique du Congo (RDC), un site classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Question de sauver la plus ancienne réserve naturelle d’Afrique. Cette campagne intervient alors que le groupe pétrolier français Total tenait, à Paris, vendredi 11 mai 2012, son assemblée générale.
Lors de cette Assemblée générale, la présidente du WWF France, Isabelle Autissier, s'est exprimée à deux reprises, d'abord via une question écrite qui a été lue par le PDG du groupe Christophe de Margerie, puis en prenant la parole en personne durant la séance traditionnelle de questions-réponses avec l'assemblée, selon un communiqué de cette ONG rendu public vendredi 11 mai.
Dans son intervention, qui a été abondamment applaudie, le numéro un de WWF, une ONG internationale de protection de la nature et de l'environnement, a rappelé que "la biodiversité, c'est un peu notre assurance-vie à nous tous sur la planète", en exposant les demandes de l'association, qui veut que Total s'engage à ne jamais opérer à l'intérieur d'un parc, ni dans aucun autre site classé au patrimoine mondial de l'Unesco (comme l'est le parc des Virunga), et qu'il suspende ses activités en périphérie.
Ces requêtes figurent également dans une lettre ouverte au PDG de Total, Christophe de Margerie, publiée le même jour dans le quotidien Libération, et dans des tracts qui ont distribués par des membres du WWF déguisés en gorilles, à l'entrée du Palais des congrès où se déroulaient les assises de l’Assemblée générale.
A ces revendications de WWF, Total a répondu qu’il s’engageait à respecter toutes les lois en vigueur dans les pays où il opère. "Total s'est engagé, a répliqué le PDG de Total, à ce qu'il n'opère pas dans le parc national des Virunga, et comme c'est prévu dans son code d'éthique, Total respecte toutes les lois en vigueur dans les pays où il opère".
Tout en rejetant l’appel de WWF à suspendre ses activités, il a confirmé que Total entendait mener des activités de prospection en périphérie du parc, mais a assuré qu'elles se feraient dans le respect des réglementations locales et internationales. "Total prend ses décisions en respectant les lois en vigueur", a-t-il dit.
Il a en outre rassuré son interlocutrice que le groupe n’avait pas encore commencé ses activités aux abords du parc, et s'est dit prêt à un "dialogue constructif" sur cette question. Concernant l'appel à ne jamais intervenir dans un site classé au patrimoine mondial de l'Unesco, il a indiqué ne pas pouvoir donner d'engagement à ce stade mais a promis de fournir une "réponse circonstanciée" au WWF.
Par ailleurs, un représentant d'une autre ONG, Les Amis de la Terre, a également pris la parole durant l'AG, pour décerner verbalement au groupe le "prix Pinocchio du développement durable". Il l'a aussi interpellé sur un projet d'exploration de sables bitumineux (une forme de pétrole non conventionnelle dont l'exploitation est très controversée) à Madagascar, dans la zone de prospection de Bemolanga, qui menacerait l'environnement et la population.
Christophe de Margerie a critiqué la démarche de l'ONG, qu'il a accusée de lancer des reproches non étayés. Il a expliqué qu’à Madagascar Total n'a pas trouvé de réserves suffisantes de sables bitumineux pour les exploiter, au grand dam selon lui des Malgaches, qui voient ainsi s'évanouir des espoirs de retombées économiques. Il a ajouté qu'avant de quitter l'île, le groupe allait "vérifier" si, à défaut de sables bitumineux, il était possible d'exploiter des hydrocarbures conventionnels à Bemolanga, "dans l'intérêt général" des Malgaches
Le plus ancien parc national africain
Situé dans l’est de la RDC, à la frontière de l’Ouganda et du Rwanda, le parc des Virunga, le plus ancien parc national africain, passe pour le plus précieux des parcs congolais, l’emblème non seulement d’un pays, mais aussi d’un continent tout entier. Grâce à sa valeur écologique exceptionnelle, le Parc des Virunga a été inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco en 1979.
Une biodiversité exceptionnelle en péril
Écosystème exceptionnel, le Parc des Virunga est réputé pour abriter plus de 200 espèces de mammifères dont les okapis, espèce très rare protégée depuis 1933, mais aussi les gorilles des montagnes et des plaines de l’Est, deux espèces en danger critique d’extinction. En 2010, les autorités congolaises ont autorisé l'exploration des sols au sein de plusieurs concessions recouvrant près de 85% de la surface du parc. Toutefois, l'exploitation pétrolière dans le Parc des Virunga est illégale vis-à-vis des lois de la RDC mais avant tout en raison des conventions internationales qui ont été ratifiées. Début 2011, le ministère congolais de l'Environnement a demandé une évaluation environnementale stratégique afin d’estimer les impacts et les dangers d’une industrie extractive dans la région.
Cependant, certaines entreprises européennes vont de l'avant, avant même que ce processus ne soit conclu. C’est le cas de l’entreprise française Total qui va débuter prochainement d’importantes phases d’exploration aux abords du parc.
L’opinion craint qu’en faisant le pari d’une politique du fait accompli, Total n’arrive à ignorer délibérément les accords internationaux ainsi que les résultats de l’évaluation actuellement en cours de réalisation. C’est la raison pour laquelle, le WWF lance une grande campagne de mobilisation afin d’alerter l’opinion publique mais aussi l’ensemble des parties prenantes du groupe Total sur les dangers que l’exploration pétrolière fait penser sur l’ensemble de la zone du parc.
La même source ajoute que d’autres actions continueront et se multiplieront dans les semaines et mois à venir.
Kléber Kungu
Le WWF, initialement World Wildlife Fund (littéralement, « Fonds mondial pour la vie sauvage »), rebaptisé en 1986 World Wide Fund for Nature (littéralement, « Fonds mondial pour la nature »), puis simplement WWF en 2001, est une organisation non gouvernementale internationale de protection de la nature et de l'environnement, fortement impliquée dans le développement durable créée en 1961.
Le WWF est fondé le 29 avril 1961 par Sir Julian Huxley, Sir Peter Markham Scott, Guy Mountfort et Max Nicholson. Docteur en biologie, Luc Hoffmann, héritier des laboratoires Hoffmann-La Roche participe à la création de WWF International dont il sera vice-président jusqu’en 1988. Président du conseil d'administration du WWF France, il est aussi le créateur de la station biologique de la Tour du Valat, 2 500 hectares de réserve naturelle en Camargue.
Cette fondation privée a pour buts la protection de la faune, de ses habitats, de la nature en général. Son réseau international est présent dans 100 pays proposant 1 200 programmes de la nature et bénéficie du soutien de plus de cinq millions d'adhérents.
Sur le plan financier, il disposait d'un budget de 447 millions d'euros en 2008 apporté à 60 % par des particuliers. Ses ressources financières proviennent pour l'essentiel : de ses adhérents, d'activité commerciale de promotion (magazines et d'objets fétiches), de subvention gouvernementale, de partenariat avec les entreprises qui s'engagent résolument dans la protection de l'environnement, de dotation du WWF Mondial.
Cette association, ayant son siège à Gland en Suisse, tient une des premières places mondiales de par le nombre de ses membres mais également de par le montant de ses engagements financiers dans les études scientifiques de diagnostic et les réalisations d'opérations de protection de la nature.
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