jeudi 31 mai 2012

Goma hyperprotégé par le 322ème bataillon

Guerre au Nord-Kivu Goma hyperprotégé par le 322ème bataillon Le 322ème bataillon de réaction rapide des Forces armées de la RDC (FARDC), second bataillon formé par les instructeurs belges est déployé au Nord-Kivu pour protéger son chef-lieu d’éventuelles attaques des mutins du Mouvement du 23 mars (M23). Les quatre compagnies que compte ce bataillon ont toutes été transférées de leur garnison de Kindu, dans la province voisine du Maniema, où elles étaient cantonnées, vers le Nord-Kivu. Seule une arrière-garde d'une centaine de militaires est restée à Lokandu (près de Kindu), le reste du bataillon est engagé dans l'est. Leurs quelque 500 collègues sont, dans une posture défensive, chargés de protéger les accès nord et nord-ouest de Goma en étant déployées dans les régions de Sake et de Rutshuru, selon l’agence belge d’informations. Le 322ème bataillon des Unités de réaction rapide (URR) des FARDC a, tout comme son unité soeur, le 321ème bataillon - considéré comme l'une des unités d'élite de l'armée congolaise -, été formé à Lokandu par une petite centaine d'instructeurs belges entre octobre et mars derniers. La cérémonie de remise des brevets à 560 commandos congolais avait eu lieu le 28 mars. Le Nord-Kivu est depuis fin avril le théâtre de combat opposant l'armée gouvernementale à des dissidents du M23 (Mouvement du 23 mars) composé de membres de l'ex-rébellion tutsie congolaise du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP). Depuis mi-mai, les heurts sont concentrés dans la région du Rutshuru, voisine du Rwanda et de l'Ouganda, où on assiste à de heurts violents et des accalmies précaires. Les instructeurs belges ont également formé le 321ème bataillon, en 2008 et 2009. Après avoir quitté les environs de Kinshasa où il a été caserné durant la période électorale - lors des scrutins présidentiel et législatif qui se sont déroulés le 28 novembre 2011 - pour regagner sa garnison de Kindu, où il est prêt à se déployer dans l'est "à préavis très court". Ce 321ème bataillon commando avait combattu fin 2009 et début 2010 - mais sans ses instructeurs belges - contre des insurgés Enyele dans la région de Dongo (Equateur, nord-ouest), au prix d'une vingtaine de morts dans ses rangs. Selon le ministère de la Défense, dix-sept militaires belges se trouvent toujours à Kindu et Lokandu pour une mission de "coaching" des 321ème et 322ème bataillons URR. C’est le général Amisi Kumba dit Tango Fort, chef d’état-major de la Force terrestre, qui a présidé la cérémonie de remise des brevets le mercredi 28 mars aux 574 éléments du 322e bataillon commando, cette unité commando, formés après une longue et âpre formation d’environ 5 mois. C’était au stade du camp à Lokandu, à plus ou moins 70 km de Kindu, chef-lieu de la province du Maniema. 200 d’entre eux ayant été disqualifiés pour inaptitude ou par abandon. Entre temps, sur le terrain, l’on signale le déplacement massif des populations Tutsi vers Goma fuyant une éventuelle attaque des mutins du M23 à Kitshanga, dans le territoire de Masisi. Selon le vice-président de la société civile du Nord-Kivu, Omar Kavota, cité par Radiookapi.net, ces déplacés seraient en train de fuir leurs maisons par peur d’être attaqués par les rebelles du M23. La même source précise que ce déplacement avait commencé vers fin avril et s’est intensifié en début de cette semaine. «C’est un déplacement à grande échelle. Lundi dernier, on a observé trois mouvements de bus vers Goma. Mardi, on a compté cinq bus, à côté d’autres moyens de transport… », a précisé Omar Kavota. Il a confirmé que les membres de la communauté tutsi vivent dans l’inquiétude relative à la rumeur d’une éventuelle attaque de la localité de Kitshanga par les rebelles du Mouvement du 23 mars. «Ces derniers seraient entrés d’envisager de revenir à Kitshanga, après des pertes qu’ils sont en train de subir de la part de l’armée régulière à Jomba et Bueza dans la territoire de Rutshuru. Les membres du M23 organiseraient même des actes de tueries pour justifier un éventuel génocide qui serait attribué aux forces loyalistes », a-t-il annoncé. Aussi Omar Kavota a-t-il appelé les autorités politiques congolaises à «rassurer cette communauté» et bien d’autres vivant dans la région. Créé le dimanche 6 mai, le Mouvement du 23 mars, M23, par des militaires déserteurs se réclamant du haut commandement militaire de l’Armée nationale congolaise (ANC) a pour objectif notamment de «redynamiser » l’application de l’accord de paix conclu, le 23 mars 2009, entre le Gouvernement et l’ex- rébellion du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP). Le M23 s’affronte régulièrement avec l’armée régulière dans diverses localités du Nord-Kivu, entraînant des milliers des déplacés. Il y a quelques jours, les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) ont appelé, dans un communiqué daté du 23 mai, les Forces armées de la RDC (FARDC) à un cessez le feu, affirmant vouloir préserver la situation humanitaire de la province du Nord-Kivu qui s’est dégradée, après plus de deux semaines des combats. Il a également appelé le gouvernement congolais à endosser toutes les responsabilités en cas de poursuite des hostilités qui, selon le mouvement rebelle, est à la base des morts d’hommes et des mouvements des populations dans la province. Malgré cet appel, l’on rapporte que les affrontements entre l’armée régulière et les mutins se sont poursuivis dans le groupement de Jomba et Bweza, en territoire de Rutshuru, provoquant ainsi le mouvement des populations vers Rutshuru-centre et Kalengera. Les mutins du M23 se sont dit être ouverts aux pourparlers pour une issue pacifique à la crise, rappelant que la défection de certains officiers des rangs des FARDC et la création de ce mouvement se justifiaient par le non-respect des accords signés entre le CNDP et les autorités du pays. «C’est la seule voie qui pourrait permettre à des milliers de déplacés de regagner leurs milieux d’origine», ont déclaré les mutins dans le même communiqué, qui ont, par ailleurs, invité la Monusco « à cesser d’apporter son appui aux FARDC. » Kléber Kungu

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