mardi 15 mai 2012

Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo jugés coupables

Accusés de crimes contre l'humanité et crimes de guerre par la CPI Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo jugés coupables Le procureur adjoint de la CPI, Fatou Bensouda, a assuré le mardi 15 mai que les anciens chefs de milice congolais Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo Chui, accusés par la Cour pénale internationale de crimes contre l'humanité et crimes de guerre, sont coupables "au-delà de tout doute raisonnable. Les éléments de preuve constituent un tout, ils ne permettent de parvenir qu'à une seule conclusion : Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo sont coupables au-delà de tout doute raisonnable des crimes qui leur sont imputés", a déclaré Mme Bensouda en entamant son réquisitoire devant les juges à La Haye. Germain Katanga, 34 ans, et Mathieu Ngudjolo Chui, 41 ans, sont accusés d'avoir ordonné, planifié et exécuté l'attaque du village de Bogoro en Ituri (nord-est de la République démocratique du Congo) le 24 février 2003 au cours de laquelle plus de 200 civils avaient été tués en quelques heures, selon l'accusation. Le procès des deux hommes, accusés notamment de meurtres, de viols, de pillages et d'enrôlement d'enfants soldats, et qui plaident non coupables, avait commencé le 24 novembre 2009. "Les crimes commis ne sont pas le fruit du hasard : ils nécessitaient la contribution essentielle des accusés à la préparation et au déroulement de l'attaque" contre le village de Bogoro, a affirmé Mme Bensouda, soulignant que "le dossier de l'accusation est logique et cohérent". Les accusés ont écouté impassiblement le procureur adjoint citer des extraits des dépositions de certains des 24 témoins de l'accusation et évoquer les "victimes brûlées vives", les "bébés projetés contre les murs" et les souffrances des femmes esclaves sexuelles des membres des milices. "Les témoins de l'accusation ont également raconté comment le plan (pour l'attaque du village de Bogoro, ndlr) avait été conçu, comment les accusés avaient assisté à des rencontres qui ont précédé l'attaque", a ajouté la procureure adjointe. Selon Lucio Garcia, un membre du bureau du procureur, les milices étaient des structures militaires "structurées et hiérarchisées sous le contrôle de Germain Katanga lui même". Mme Bensouda a également évoqué le contexte de l'attaque contre le village de Bogoro : "il ne s'agit pas d'un fait isolé, elle fait partie d'un conflit à plus large échelle". Les affrontements interethniques entre milices qui se disputaient les terres de l'Ituri et ses ressources naturelles, qui ont "dévasté" l'Ituri selon Mme Bensouda, avaient débuté en 1999. Selon les ONG, ils ont fait plus de 60.000 morts. Les équipes de défense prononceront leurs plaidoiries lundi et mardi. Les accusés pourront alors s'exprimer pendant une demi-heure chacun, ce que compte faire Germain Katanga. Les juges chargés du procès s'étaient rendus en janvier en Ituri, à Bogoro, mais aussi à Aveba, Zumbe et Kambusto, les villages dont sont originaires les deux accusés ainsi que des témoins. En plus de Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo Chui, trois autres personnalités congolaises sont détenues à la CPI, accusées de crimes de guerre. Jean-Pierre Bemba Gombo, ancien vice-président de la République démocratique du Congo (RDC), ancien sénateur, candidat malheureux à la présidentielle de 2006 avec Joseph Kabila et chairman du MLC, est détenu à la CPI depuis 2008, après avoir été arrêté en mai 2008 en Belgique et transféré à la CPI. Il est accusé par le procureur Luis Moreno Ocampo eux chefs d'accusation de crimes contre l'humanité et trois chefs d'accusation de crimes de guerre pour des meurtres, viols et actes de pillage qui auraient été commis par les forces rebelles de son parti en République centrafricaine (RCA). Jean-Pierre Bemba et ses troupes du MLC avaient été invités à intervenir en RCA en 2002 par le président en exercice à l'époque, Ange-Félix Patassé, afin de l'aider à étouffer un coup d'État. Le coup d'État a réussi et le leader des rebelles, François Bozizé, est devenu président de la RCA. En décembre 2004, il a demandé à la CPI d'enquêter sur les crimes commis pendant la rébellion. Son procès s’était ouvert le 22 novembre 2010. En mars, la CPI a reconnu Thomas Lubanga, ancien chef de la milice de l’UPC, coupable de crimes de conscription et d'enrôlement d'enfants de moins de quinze ans et les a fait participer à un conflit armé guerre. Cependant, les juges ont estimé que sa peine sera prononcée ultérieurement. Kléber Kungu

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