samedi 26 mai 2012
La situation humanitaire est fort dramatique dans les deux Kivu
Enfants, femmes et personnes âgées de plus en plus victimes
La situation humanitaire est fort dramatique dans les deux Kivu
La situation humanitaire est de plus en plus dramatique dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu en proie à de violents combats, pour le premier, entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les mutins du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) et du M23, où la violence a encore de beaux jours devant elle. Cette violence s’étend à des zones plus reculées et difficiles d'accès. Par conséquent, cette situation provoque un nombre très important de victimes civile et plusieurs milliers de déplacés. Cette situation inquiète le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui rappelle à toutes les parties aux conflits leur obligation d’épargner les populations.
Les combats qui s'intensifient dans les territoires de Walungu, Shabunda et Kalehe (Sud-Kivu) et, plus récemment, dans les territoires de Walikale et Masisi (Nord-Kivu), faisant de nombreux morts, blessés et déplacés avec les affrontements meurtriers dans la zone frontalière de l'est du Nord-Kivu, entre les FARDC et les mutins du CNDP et du M23, entraînent une situation humanitaire et sécuritaire catastrophique des populations civiles qui ne savent plus à quelles autorités s’adresser.
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) est fort inquiet de cette situation d’autant plus que les victimes sont pour la plupart des civils, dont des enfants, des personnes âgées et des femmes.
« La majorité des victimes sont des civils, dont de très jeunes enfants, des personnes âgées et des femmes. Les combats ont forcé les habitants de villages entiers à se déplacer, aggravant une situation humanitaire déjà précaire. Il est primordial que ceux qui ne participent pas aux hostilités soient épargnés », plaide Laetitia Courtois, chef de la sous-délégation du CICR à Bukavu (Sud-Kivu). « Les combats ont souvent lieu dans des zones très reculées, ce qui rend notre accès aux victimes très difficile. Nous poursuivons notre dialogue avec toutes les parties au conflit, afin de pouvoir porter assistance aux personnes qui en ont besoin», se plaint-elle, dans bulletin du CICR publié dernièrement.
Travail du CICR compliqué
Les combats violents entre les belligérants, le mauvais état des routes rendent difficile le travail des équipes du CICR. En effet, les combats se déroulent parfois dans des zones rurales où l'infrastructure routière est détériorée ou inexistante, ce qui complique l'accès à des soins de santé adaptés.
Laetitia Courtois précise que « des blessés ont dû être transportés à pied par des villageois pendant des heures pour atteindre des centres de santé souvent déjà à court de stock, à cause de l’augmentation soudaine des besoins. Pour remédier à cette situation, le CICR fournit des médicaments, des équipements et du matériel de pansement à des centres de santé ruraux. Il évacue les blessés les plus graves vers des hôpitaux de Bukavu et de Goma, où il assure leur prise en charge financière et leur suivi quotidien ».
Cependant, c’est grâce à une politique plus stratégique avec les forces et groupes armés que le CICR parvient parfois à atteindre les malades ou les blesses. Ainsi les équipes du CICR maintiennent ou développent un dialogue bilatéral et confidentiel avec les forces et groupes armés présents dans ces territoires, afin que les civils soient respectés et protégés, et que l'évacuation et le traitement des blessés et des malades puissent se faire sans entrave.
Malgré tous ces efforts du CICR, les besoins restent très importants, en ce qui concerne notamment la prise en charge des victimes à plus long terme.
« Début janvier, une femme a été témoin de l'assassinat de ses cinq enfants, avant d'être elle-même attaquée à l'arme blanche. Elle a d'abord été conduite au centre de santé le plus proche, avant que le CICR ne l'évacue vers une structure plus appropriée. Au terme de deux mois de soins intensifs, et après avoir été suivie par les équipes médicales du CICR et accompagnée par des volontaires de la Croix-Rouge de la République démocratique du Congo, elle s'est remise de ses blessures les plus graves. Aujourd’hui, elle remarche, et sera bientôt réunie avec des membres de sa famille retrouvés grâce aux efforts des équipes de recherches de la Croix-Rouge de RDC et du CICR», explique le chef de la sous-délégation du CICR à Bukavu.
Enfants victimes de la guerre
La même source rapporte que par suite des combats, beaucoup d'enfants, certains très jeunes, se sont retrouvés séparés de leurs proches. Leurs parents ayant souvent été tués, ils ont généralement été pris en charge de manière spontanée par des voisins. Les personnes recherchées – des membres de leur famille, en priorité – se trouvaient pour la plupart dans des zones en proie aux combats. Beaucoup de ces enfants sont profondément traumatisés. Certains ont été témoins de violences dans leur village, alors que d’autres ont assisté à l’exécution de membres de leur famille. D'autres, enfin, ont été directement pris pour cible et ont eux-mêmes été blessés.
En plus des recherches porte-à-porte, les équipes du CICR et de la Croix-Rouge de la RDC ont eu recours à des photos et aux services de chaînes de radios locales. Les enfants séparés de leurs proches ont été systématiquement photographiés au moment de leur enregistrement, et leurs portraits ont été affichés dans des centres d'hébergement temporaires au Sud-Kivu. Grâce à ce système et à des bulletins réguliers diffusés par les radios locales, plus de 15 enfants ont pu être rapidement réunis avec un membre de leur famille.
Afin d'aider les familles à faire face à la perte d'un être cher, les comités locaux de la Croix-Rouge de RDC ont réagi très rapidement, lorsqu'ils le pouvaient, pour aider les communautés à enterrer les dépouilles et à rechercher les personnes disparues. L'équipe psychosociale du CICR a immédiatement apporté son soutien aux volontaires qui effectuent ce travail difficile en mettant en place des séances de « premiers secours » psychologique. L'équipe a organisé des activités de sensibilisation similaires à l’intention des communautés concernées, grâce aux services d’une chaîne de radio locale, qui a notamment diffusé des entretiens avec des assistantes psychosociales locales sur les conséquences des violences pour les personnes. Le programme sera diffusé chaque jour pendant deux semaines dans les zones de Kamananga et de Bunyakiri.
Secours en faveur de 19 500 personnes victimes
Depuis début mai, plus de 60 blessés par suite des combats dans les territoires de Masisi et Rutshuru ont pu être évacués par le CICR et la Croix-Rouge de la RDC. Dans le Masisi, les équipes du CICR procèdent actuellement à une distribution de secours à Kaanja, en faveur de 19 500 personnes touchées par les récentes violences.
Le CICR et les Sociétés nationales de la Croix-Rouge de l’Ouganda et du Rwanda coopèrent pour répondre aux besoins des réfugiés congolais de l'autre côté de la frontière entre les deux pays.
Le CICR et la Croix-Rouge des deux pays permettent aux réfugiés congolais dans ces pays de renouer le contact avec les membres de leurs familles restés en RDC au moyen des téléphones portables qu’ils mettent à leur disposition.
Au Rwanda, où plus de 8 700 réfugiés congolais ont afflué depuis le 28 avril 2012 – majoritairement des femmes et des enfants –, la Croix-Rouge rwandaise et le CICR ont permis à 132 personnes de parler à un membre de leur famille resté en République démocratique du Congo, grâce à des téléphones mis à leur disposition. Ce service, utilisé pour la première fois dans le pays, permet de pallier le manque d’accès aux régions d’où proviennent ces réfugiés, qui entrave la distribution de messages Croix-Rouge ou la recherche active d’adultes ou d’enfants par le CICR et la Croix-Rouge de la RDC. Plus de 40 enfants séparés de leurs proches ont été enregistrés dans le camp de transit de Nkamira. La recherche des membres de leur famille commencera dès que possible.
Quant à l’Ouganda, on note plus de 14 000 réfugiés, essentiellement des femmes et des enfants, qui sont arrivés dans l'ouest de ce pays depuis le début des combats. Ces deux dernières semaines, le CICR et la Croix-Rouge ougandaise ont permis à plus de 600 personnes du centre de Nyakabande et du nouveau centre d'accueil pour les réfugiés de Rwamwanja de reprendre contact avec leur famille, grâce à un service de téléphone mis en place en février dernier. Au total, 30 enfants non accompagnés ont également été enregistrés pendant la même période.
Kléber Kungu
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