mercredi 2 mai 2012
La situation sécuritaire préoccupante dans les deux Kivu
Dossier brûlant sur la table du ministre de la Défense
La situation sécuritaire préoccupante dans les deux Kivu
La situation sécuritaire dans les provinces du Sud-Kivu et du Nord-Kivu reste toujours préoccupante. Affrontements meurtriers entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et différents groupes armés, plusieurs défections des militaires issus du Congrès national pour la défense du patrie (CNDP) de Bosco Ntaganda, la menace d’une nouvelle rébellion…Autant d’ingrédients dangereux de nature à faire de la situation d’insécurité du Sud-Kivu des cocktails Molotov, prêts à exploser d’un moment à l’autre. Ajouter à cette phobie – étant la conséquence même de cette situation – le déplacement de plusieurs centaines de milliers des populations civiles vers d’autres territoires plus cléments, la réduction des mouvements du personnel et la suspension des activités de la plupart des organisations humanitaires œuvrant dans cette partie du territoire national.
Face à cette grave menace due à l’insécurité très persistante, les acteurs humanitaires continuent à suspendre leurs activités dans les hauts plateaux d’Uvira et de Fizi, privant des soins de santé à des milliers de personnes vulnérables dont des personnes déplacées internes (PDI), des vieillards, des femmes et des enfants qui en ont grandement besoin.
Les opérations militaires des FARDC dans la province du Sud-Kivu lancées en février contre des groupes armés dans les territoires de Kabare, Kalehe, Mwenga et Shabunda ont continué à affecter la situation de protection des civils. En raison des affrontements, plus de 142 000 personnes ont quitté leurs milieux d’habitation à destination des territoires voisins plus cléments ou à l’intérieur de leurs territoires. Par contre, les populations civiles habitants les zones non concernées par les opérations militaires paient un lourd tribut de l’activisme des groupes armés, soit pour des objectifs de rassemblement soit par répression face aux civils accusés de complicité avec des groupes armés. Début mars, dans le territoire de Kabare, par exemple, des civils et plusieurs dizaines de dépendants des éléments des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) ont été tués par des présumés éléments du groupe d’autodéfense Raïya Mutomboki, à Ekingi, Kinene et Mabe.
Des sources de l’administration du territoire de Kabare rapportent que sept femmes ont été violées et une douzaine des maisons de Kahungu pillées dans la nuit du 25 au 26 mars, sans compter les personnes déplacées dont le nombre reste inconnu en raison de la nature de leur mouvement. Ainsi la situation de protection dans la province du SUD KIVU au mois de mars et d’avril 2012 a été dominée par les points saillants suivants
L’insécurité grandissante dans le groupement de Ziralo avec le plus d’exactions contre la population civile (incendies des maisons, pillages, viols, vols…) commis par les groupes armés, principalement les éléments Maï-Maï Kirikicho, les éléments du groupe d’autodéfense Nyatura alliés aux FDLR, la situation de protection de la population civile dans les territoires de Kabare dans la chefferie de Nindja (Iregabarhonyi), Kalehe (Kalima), et Mwenga (Itombwe) rendue difficile par des représailles des FDLR contre les populations civiles et la poursuite des opérations militaires « Amani Kamilifu » qui continuent à jeter dans la rue un nombre élevé des populations civiles sont entre autres les problèmes sécuritaires qui ont marqué la province du Sud- Kivu.
Quelques événements malheureux ont également marqué la situation sécuritaire dans le Sud-Kivu, notamment la défection, avec plusieurs armes, de quelques éléments des FARDC issus du CNDP avec à leur tête le colonel Alexis Muhire, commandant du 106ème régiment FARDC basé à Numbi, des affrontements dans la nuit de lundi 23 à mardi 24 avril à Bichako, une localité du territoire de Kalehe au Sud-Kivu, le retour à Bukavu le 24 avril, en provenance de Goma, de 14 militaires FARDC ex CNDP ayant fait défection des rangs de l’armée régulière en début du mois. Parmi eux, les colonels Bernard Byamungu, Samuel Nsabimana et Josué Biyoyo. Ils ont été envoyés devant la commission d’enquête instituée par le chef de l’Etat, Joseph Kabila, lors de son dernier séjour dans l’Est du pays devront être bientôt être jugés en chambre foraine. En outre, une délégation de la Haute Cour militaire est attendue à Bukavu dans les tout prochains jours pour la tenue de ce procès. Un autre officier déserteur est le colonel Baudouin Ngaruye, qui commandait le 3ème secteur opérationnel, déployé au Sud-Kivu. D’après des sources militaires, cet officier militaire, qui devait rejoindre son nouveau poste d’affection à Mwenga au Sud-Kivu, le samedi 21 avril, n’est jamais arrivé. Il se serait rendu à Kitshanga, emportant environ 40 000 USD destinés à son installation et à la paie de ses troupes.
Par contre, neuf militaires ont été tués dimanche 22 avril 2012 dans une embuscade tendue par des miliciens Maï-Maï du chef rebelle Cheka dans la région de Bunyampuli, à Walikale, dans le Nord-Kivu. Parmi eux, les colonels Jonathan Chuma Balumisa et Pili Pili ( tous deux originaires du territoire de Kalehe/Sud-Kivu), respectivement commandants du 4ème secteur et du 803ème régiment des FARDC. Six soldats ont aussi été blessés dans cette embuscade. Selon les autorités des FARDC, ces militaires étaient en mission dans la région de Mpofi-Kibua, où le groupe Mai-Maï et leurs alliés de l’ex-CNDP et des Guides sèment la terreur.
D’aucuns pensent que le phénomène de défections de militaires dans les rangs des FARDC risque de ne pas se terminer aujourd’hui. Walikale au Nord-Kivu est une zone minière où les hommes en armes exploitent illicitement des ressources naturelles et se livrent au trafic d’armes.
La localité de Luvungi sous contrôle des Maï-Maï Cheka
La province du Nord-Kivu, comme le Sud-Kivu, connaît la même problématique d’insécurité grandissante avec l’activisme très marqué des groupes armés qui pullulent dans la province, dont le plus actif est les Maï-Maï Cheka
Les Mai-Mai Cheka et leurs alliés ont pris vendredi 27 avril le contrôle de la localité de Luvungi, à 65 km à l’Ouest de Walikale, dans le Nord-Kivu, après avoir chassé, sans résistance, les forces de l’ordre. Aussi la Société civile de Walikale invite-t-elle les autorités à s’impliquer d’urgence afin de sécuriser cette localité. En novembre 2010 déjà, ces Maï-Maï avaient envahi cette localité, violant des dizaines de femmes.
Selon la société civile de Walikale, une unité de police spéciale avait été déployée dans cette localité en mars 2011, dans le cadre d’un projet de la communauté internationale, afin de sécuriser les femmes victimes de viols massifs de novembre 2010. Aujourd’hui, ces femmes vivent dans la peur de revivre ce qui s’est passé.
Il est établi que les Maï-Maï Cheka opèrent en coalition avec certains déserteurs de l’armée congolaise ainsi que les FDC-Guides, dans la région de Luvungi, Bunyampuli et Kibua, sur l’axe Goma-Walikale. Les responsables de la 8e région militaire, de leur côté, promettent de traquer ces inciviques.
Face à cette situation sécuritaire inquiétante, la société civile du Nord-Kivu appelle à une solution concertée pour instaurer la paix dans la province, après plusieurs attaques perpétrées dans différents endroits de la province par des groupes armés.
Cet appel de la société civile locale est une réaction aussi bien à l’assassinat de deux officiers des Forces armées de la RDC (FARDC) tués par un groupe armé dans la province et à l’attaque du camp militaire de l’Ozacaf de Béni et le camp militaire de la Police nationale congolaise de Ngumo, par des groupes Maï-Maï.
Selon le vice-président et porte-parole de la Société civile du Nord-Kivu, Omar Kavota, ce cadre social de dialogue doit réunir les autorités politiques provinciales, les responsables militaires, les forces vives et la communauté internationale.
Le vice-président de la société Nord-Kivu dénonce le fait que plusieurs groupes armés administrent plusieurs localités et villages de la province
300 militaires déserteurs rejoignent le chef milicien Maï-Maï Sheka
Trois cents déserteurs des Forces armées de la RDC (FARDC) auraient rallié Sheka, chef rebelle du groupe Maï-Maï Nduma Defense of Congo (NDC), opérant dans le territoire de Walikale (Nord-Kivu). Les services de sécurité de cette province affirment que l’alliance entre Sheka et Ntaganda, recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre, se propose de contrôler les zones minières pour des fins d’exploitation de l’or et de la cassitérite dans la région. A l’issue d’un entretien avec le représentant spécial du secrétaire général de l’Onu en RDC mercredi dernier, le vice-gouverneur du Nord-Kivu, Feller Lutahichirwa a indiqué que Bosco Ntaganda ainsi que d’autres déserteurs sont toujours sous l’observation de la Commission de discipline de l’Etat-major général des FARDC.
«Bosco Ntanganda est dans le territoire de Masisi. L’Etat-major général des FARDC est en train de l’observer ainsi que tous les militaires qui ont déserté leurs postes. Au niveau de cette commission une observation est en cours et pourrait déboucher sur des conclusions allant dans le sens de déférer ceux-ci et ceux-là, devant la justice», a confié le vice-gouverneur du Nord-Kivu.
Sheka et ses alliés opèrent présentement dans la région de Luvungi, Bunyampuli, Kibua et dans la forêt de Kitshanga, en territoire de Walikale (Nord-Kvu).
Les responsables des FARDC affirment de leur côté que leur mission actuelle est de traquer ces déserteurs et de pacifier certaines zones des territoires de Masisi et Walikalé.
Rétablir la situation sécuritaire sur l’ensemble du territoire national, particulièrement au Sud-Kivu et au Nord-Kivu, en ordonnant entre autres l’arrestation de Bosco Ntaganda, des mutins et les auteurs présumés des graves violations des droits humains, s’atteler sur dossier sensible de l’exploitation illicite des ressources naturelles et du trafic d’armes au Sud-Kivu, principalement à Shabunda, à Mwenga, à Kalehe, à Uvira, à Walungu et à Fizi) dès l’entrée en fonction de son gouvernement, tels sont entre autres les défis qui attendent le nouveau ministre de la Défense, Anciens combattants et Affaires coutumières, Alexandre Lubal Tamu, selon l’ASBL Renaissance africaine, RENAF/AETA (Agir Pour les Elections Transparentes et Apaisées) au Sud-Kivu.
Kléber Kungu
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