mercredi 2 mai 2012

FARDC et hommes proches de Bosco Ntaganda s’affrontent

Combats au Nord-Kivu FARDC et hommes proches de Bosco Ntaganda s’affrontent * Bilan : 15 morts, plusieurs dizaines de milliers de déplacés, une dizaine de localités occupées Des affrontements meurtriers se déroulent depuis la fin de cette semaine dans plusieurs localités des territoires de Masisi et de Walikale (Nord-Kivu) entre les militaires loyalistes des Forces armées de la RDC (FARDC) et les soldats mutins proches du général Bosco Ntaganda, spécialement dans la localité de Ngungu, en territoire de Masisi où quinze personnes dont trois femmes civiles ont trouvé la mort, le lundi 30 avril. En raison de ces affrontements, un afflux important de la population civile a été observé. Plusieurs centaines d’habitants en provenance de Mushaki, Karuba, Ruvunda, Matanda, Kingi, Kibati et Rubaya. Ces déplacés qui continuent d’à affluer à Sake, Mugunga et à Goma, chef-lieu de la province, et d’autres vont à Minova où ils trouvent refuge dans des familles d’accueil. Dans la localité de Bisange, à 5 km au Sud-Est de la cité de Minova, trente ménages ont été enregistrés par les autorités locales depuis le samedi. Depuis lundi 30 avril à l’aube, plusieurs localités du territoire de Masisi dont Karuba située à 37 km au Nord-Ouest de Goma sur la route de Mushaki (Nord-Kivu) sont sous le contrôle des hommes de Bosco Ntaganda. Depuis samedi 28 avril, les mutins contrôlent une douzaine de localités, en l’occurrence de Muheto, Mushaki, Buku, Kitshanga, Bwiza, Nyamitaba, Kirolirwe, Kabati, Mukambi, Murambi, Misumbala, Luhunga et Mwesso. Ils avaient établi leurs états-majors à Kingi et Kibati, sur la route de Kitshanga, à plus ou moins 10 km de Saké, ont ajouté ces sources. Le président de la société civile de Saké-Minova demande au gouvernement de prendre des mesures appropriées pour assister ces déplacés de guerre. Démenti du Gouverneur du Nord-Kivu Au cours de l’émission Dialogue entre Congolais de Radio Okapi, le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, a cependant rejeté des informations selon lesquelles les insurgés ont pris le contrôle de plusieurs localités de cette province. « Ils y étaient déployés comme unités des FARDC. Et, lorsqu’à un moment donné, ils se considèrent comme appartenant à une aille quelconque, on ne peut pas dire qu’ils ont pris ces localités (…) C’est ça la vérité que je dois restaurer », a affirmé Julien Paluku. Le vice-président de la société civile du Nord-Kivu, Omar Kavota, a soutenu, par contre, que ces localités sont désormais sous le contrôle de troupes rebelles car elles n’obéissent plus à la hiérarchie des FARDC, affirmant qu’ «Il y a des localités qui sont aujourd’hui sont contrôle des éléments ex-CNDP fidèle au général Bosco Ntaganda. Il y a aussi d’autres localités qui sont contrôlées par d’autres groupes armés, comme les APLCS dans certains endroits de Masisi. Dans certaines entités, les insurgés ont même instauré une administration parallèle.» L'armée en voie de reprendre des positions perdues Les FARDC a lancé la reprise des positions perdues perdues dimanche lors de violents affrontements avec des soldats ex-rebelles et s'apprête à en regagner une autre. Les militaires des FARDC ont affirmé qu’à Mushaki les hommes de Bosco Ntaganda ont bougé leurs positions jusque vers Karuba, qu’ils ont perdu dans la nuit de dimanche à lundi, avant de reconnaître que les troupes congolaises ont récupéré Karuba et avancent vers Mushaki. Le dimanche 29 avril, les ex-rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) ont attaqué les FARDC à Mweso et Mushaki, dans le territoire de Masisi, au sud de la province instable du Nord-Kivu (est). Les troupes congolaises déclarent avancer colline par colline, dans les collines séparant Karuba de Mushaki, pour traquer les ex-rebelles qui restent confinés dans le secteur de Kitshanga. Pour le colonel Sylvain Ekenge, porte-parole militaire des provinces du Nord-Kivu et Sud- Kivu, les militaires ayant fait défection ne sont pas nombreux, ne représentant qu’une goutte d'eau dans l'océan des FARDC. Ils ne représenteraient qu’environ deux régiments qui sont en activité, mais peu organisés. Le bilan de ces affrontements est d’une quinzaine de personnes tuées, dont 6 chez les mutins et trois femmes civiles et 3 blessés chez les forces loyalistes. Ces combats ont poussé plusieurs centaines de personnes, surtout des femmes et des enfants, à fuir leurs villages, notamment Karuba ou Mushaki pour regagner Saké, Mubambiro - où se trouvent un centre de commandement militaire et des troupes de la Monusco- et Mungunga, où des déplacés occupent des salles de classe. Selon le HCR, certaines personnes ont trouvé refuge à l'étranger. Un millier de personnes ont traversé à Gisenyi, au Rwanda. Début avril, plus d'une dizaine d'officiers supérieurs, ex-membres du CNDP, ont déserté avec quelques centaines d'hommes dans les provinces instables du Nord-Kivu et du Sud Kivu. Plusieurs officiers ont réintégré leurs unités ou se sont rendus, et seuls quelques-uns étaient traqués par l'armée. Les soldats qui ont fait défection sont proches de Jean-Bosco Ntaganda, ex-chef d'état-major du CNDP recherché par la Cour pénale internationale (CPI), et ont été intégrés comme lui dans l'armée régulière début 2009 après un accord de paix avec Kinshasa. Des sources dignes de foi rapportent que le gouvernement provincial, qui s’est réuni, le même lundi, en conseil extraordinaire pour se pencher sur cette situation, a appelé la population locale au calme, car la situation reste sous contrôle des FARDC. Par conséquent, un comité de crise venait d’être mis sur pied pour élaborer d’urgence un plan de contingence. Cette même situation est vécue dans le territoire de Walikale où les hommes de Cheka ont pris le contrôle des localités de Luvungi, Mpofi et Kibua. La communauté humanitaire, de son côté, a déclaré avoir engagé des discussions avec les autorités provinciales pour prendre les mesures devant les aider à répondre aux besoins des populations déplacées. Habituellement basé à Goma, Jean-Bosco Ntaganda est visé depuis 2006 par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), qui le soupçonne d’enrôlement d’enfants. Le procureur de la CPI Luis Moreno-Ocampo a annoncé mi-mars qu'il allait demander un nouveau mandat d'arrêt contre lui pour des viols et meurtres commis pendant qu'il était à la tête du CNDP et après son intégration dans l'armée en 2009. Après avoir longtemps refusé de livrer Jean-Bosco Ntaganda arguant des raisons sécuritaires, le président Joseph Kabila a récemment décidé de l’arrêter. « Cette indiscipline qui s'est manifestée dans l'armée, cette fois-ci je viens régler ça. À la prochaine, que ce soit Bosco Ntaganda ou n'importe quel autre officier, ils seront arrêtés et déférés devant la justice », avait-il mis en garde lors de sa récente visite à Goma. Cette décision tombait peu de temps après la condamnation de Thomas Lubanga par la CPI, le 14 mars, pour enrôlement, souscription et utilisation d’enfants-soldats durant la guerre civile en Ituri (RDC) en 2002-2003. La situation d’insécurité récurrente qui prévaut dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu avec plusieurs groupes armés dont l’activisme est à la base de la mort de plusieurs centaines de personnes civiles et du déplacement de plusieurs dizaines de milliers d’autres est l’un des dossiers les plus brûlants auquel le nouveau ministre de la Défense, Alexandre Luba Ntambo, aura à faire face. Kléber Kungu

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire