Présidentielle ivoirienne
Second tour : Gbagbo-Ouattara le 28 novembre
Après le premier tour d’une présidentielle sans incident majeur qui a apposé 14 candidats le 31 octobre, les Ivoiriens vont de nouveau se rendre aux urnes pour départager les deux candidats en ballotage : Laurent Gbagbo- Alassane Ouattara. C’est un second tour explosif que celui qui va avoir lieu le 28 novembre.
Le 28 novembre, Laurent Gbagbo, le président sortant, crédité de 37% des suffrages exprimés va devoir affronter, dans un second tour explosif, celui que la tristement ivoirité a toujours tenté d’écarter, Alassane Ouattara, le leader du Nord et le chef du Rassemblement des républicains (RDR), crédité de 34%. Henri Konan Bédié, l'ancien président (1995-1999) et le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, ancien parti unique) est le candidat malheureux, resté bon troisième avec environ 27%. Ces résultats sont pour le moment provisoires, en attendant la publication par la Commission électorale indépendante (CEI).
Lors de la campagne électorale pour le premier tour, loin d’en être l’inventeur, le camp présidentiel n’a pas hésité d’user de cette idéologie prétendant distinguer les «vrais» Ivoiriens des «faux». Le candidat Laurent Gbagbo s'est présenté en effet comme un «patriote» et un «fils du pays», contre les candidats «de l'étranger».
Si cette thématique n’a pas fait de ‘’victimes’’ lors du premier tour, il est cependant vrai le second tour connaîtra une campagne très explosive au cours de laquelle les deux candidats ne feront pas de cadeaux l’un à l’autre. Ainsi tous les moyens seront bons pour espérer accéder à la magistrature suprême d’une Côte d’Ivoire qui a besoin d’un président qui doit remettre tous les Ivoiriens au travail en leur suscitant de l’espoir, de la confiance après tant de décennies de violences.
Originaire du nord du pays et ayant disposé d'un passeport burkinabé, Ouattara est considéré, par le camp Gbagbo, mais aussi par une frange importante des populations du Sud, comme un «étranger» et comme l'instigateur de la rébellion qui a coupé le pays en deux depuis la tentative de coup d'Etat en septembre 2002.
Appels au calme
Dans l’attente des résultats officiels, les Ivoiriens ont pris leur mal en patience, exhortés par les militaires qui ne cessaient de les appeler au calme en les exhortant à ne pas céder à la panique dans l'attente des résultats. De leur côté, les observateurs de l'Union européenne ont dit ne pas avoir constaté de fraude mais ont prévenu que le retard mis à annoncer les résultats du scrutin de dimanche risquait de faire naître des suspicions. La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a quant à elle appelé les autorités ivoiriennes et les candidats à l'élection présidentielle à 'respecter la volonté exprimée par les électeurs ivoiriens'. Lors de précédents scrutins, l'annonce de résultats serrés a dégénéré en violences en Côte d'Ivoire, mais les rues d'Abidjan étaient calmes mercredi.
Dans l’attente des résultats officiels, les Ivoiriens ont pris leur mal en patience, exhortés par les militaires qui ne cessaient de les appeler au calme en les exhortant à ne pas céder à la panique dans l'attente des résultats. De leur côté, les observateurs de l'Union européenne ont dit ne pas avoir constaté de fraude mais ont prévenu que le retard mis à annoncer les résultats du scrutin de dimanche risquait de faire naître des suspicions. La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a quant à elle appelé les autorités ivoiriennes et les candidats à l'élection présidentielle à 'respecter la volonté exprimée par les électeurs ivoiriens'. Lors de précédents scrutins, l'annonce de résultats serrés a dégénéré en violences en Côte d'Ivoire, mais les rues d'Abidjan étaient calmes mercredi.
La population a massivement participé à un scrutin maintes fois reporté, après avoir été initialement prévu en 2005. Cette présidentielle est la première en dix ans et dont la tenue, initialement prévue en 2005, avait été maintes fois retardée. Ce scrutin tant attendu est censé clore la crise née en 2002 d'un putsch manqué de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), qui maîtrise depuis le nord du pays.
Passé au second tour d’un scrutin dont il était écarté en 2000 pour «nationalité douteuse», n’est-il pas l’occasion pour Alassane Ouattara, alias « Ado » porté par les «nordistes», de prendre sa revanche ? Né en Côte-d’Ivoire, mais ayant disposé un temps d’un passeport du Burkina Faso, cet ancien cadre du FMI était considéré comme un étranger par le pouvoir en place, celui du général Robert Guéï. Cette fois, sous la pression internationale, Ouattara a été autorisé à concourir. Et à travers lui, c’est toute la population du Nord - environ 40% du pays - qui se sent réintégrée dans la communauté nationale après des années de rejet lié au concept d’«ivoirité».
Un concept, incongru, plus diviseur que rassembleur qui a causé plus de torts que du bien aux Ivoiriens, car emprunt de relents xénophobes. A l’origine, ce concept a résulté d’un débat sur l’identité nationale, lancé dans les années 90, qui a mal tourné dans un pays où un quart de la population est d’origine étrangère (notamment des Etats sahéliens limitrophes au nord de la Côte-d’Ivoire) et où règne le droit du sang. Certes, tous les Ivoiriens disposent désormais de cartes d’identité. Mais le pays est-il prêt à accepter qu’un nordiste, soupçonné par certains d’être derrière les rebelles de 2002, préside aux destinées de la Côte-d’Ivoire ?
Les Ivoiriens, qui ont tant enduré une crise interminable et dont ils sont lassés, doivent vite enterrer et oublier cette période pour voir l’avenir, qu’apporte ce scrutin, avec beaucoup de sérénité, de confiance, de pardon mutuel pour se mettre, comme un seul homme, à reconstruire un pays exsangue. Qui a, par conséquent, besoin de bras de tous ses fils et filles, de quelque partie géographique du pays qu’ils soient.
Kléber Kungu
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