Route Kinshasa-Matadi
Que des tracasseries routières et des cartes d’électeur à présenter !
Les personnes qui voyagent ces derniers temps, par taxis- bus, par la route nationale n°1, sont l’objet de multiples tracasseries. Nous en avons fait la triste expérience lors de notre dernier voyage à Kimpese. Le déboire commence au rond-point Ngaba, dans la commune de Ngaba, où deux agents en tenue civile nous ont demandé de leur présenter notre carte d’électeur, à défaut d’une attestation de perte de pièce ou d’un passeport. Faute de ne disposer d’une attestation de perte de pièce portant un cachet avec une croix, un passager a dû dégraisser les pattes de ces agents avec…4 000 FC. Le long tronçon entre Kinshasa et Kimpese est truffé de nombreuses barrières policières qui déplument les chauffeurs par des pots-de-vin.
Tout commence au rond-point Ngaba où grouille une grande foule. La tradition actuelle au rond-point Ngaba, précisément à bord des véhicules qui assurent le transport Kinshasa-Moanda, veut qu’avant le voyage, une fois le véhicule prêt au voyage, les passagers sont obligés de décliner leur identité en présentant aux agents en tenue civile leurs cartes d’électeur ou toute autre pièce d’identité, comme l’attestation de perte de pièce ou le passeport. Malheur à ceux qui n’en ont pas ou qui en ont, mais remplis contrairement à la volonté des agents.
Comme ce passager, la cinquantaine révolue, qui se rendait à Lufu, à la frontière RDC-Angola. L’attestation de perte de pièce de cet homme portait un cachet avec une croix, à la place du cachet avec logo de l’Hôtel de ville de Kinshasa. Comment son document portait un tel cachet ? Pour mieux l’avoir, les agents ont pris l’attestation de perte de pièce d’une autre passagère qui était conforme car portant un cachet avec logo de l’Hôtel de ville de Kinshasa. « Allons au bureau, monsieur », lui demandent les deux agents, heureux d’avoir réussi un coup susceptible de leur apporter de l’argent.
Après l’avoir isolé à quelques mètres du véhicule, loin des yeux et des oreilles indiscrets, les agents parviennent à délester à notre passager…4 000 FC, sans beaucoup de peine. En effet, le ‘’marchandage’’ n’a pris que quelques minutes. Une fois dans le bus, l’homme nous informe que sa libération a valu 4 000 FC.
Quelques minutes plus tôt, la femme dont l’attestation de perte de pièce a eu maille à partir avec ces agents. Selon eux, sa carte d’identité manquait le cachet de la Direction générale des migrations (DGM). « Maman, quel est ton district ? » Lui demande l’un des agents. « Papa, je ne connais pas », répond la femme, la soixantaine révolue, originaire de la Province orientale. Lorsque l’agent lui demande de quelle province elle est originaire, la femme répond qu’elle est Mutetela. Après quelques mots échangés en swahili avec elle, les agents lui remettent son attestation de perte de pièce. Comme quoi, les frères ne se mangent pas entre eux !
On va quitter le rond-point Ngaba, vendredi 12 novembre, à 17heures17’. Chemin faisant, nous allons traverser plusieurs barrières policières où la compréhension entre les chauffeurs et les policiers de roulage est au zénith. A chaque barrière, le chauffeur demande au convoyeur de notre bus de lui remettre 5 ‘’nzete’’ (pour 500 FC, en jargon populaire, NDLR). Jusqu’à ce que nous atteignions Boko, à quelques kilomètres de Mbanza-Ngungu, où une cohorte des militaires, les très zélées GR, nous accueille en nous exigeant de présenter nos cartes d’électeur, alors que, 5 mètres plus loin, un autre véhicule, dont le contenu – passagers et biens – se faisait fouiller comme à l’époque de l’entrée de l’AFDL.
Un GR se présente devant notre véhicule et nous demande de lui présenter nos cartes d’électeur. Il est déjà entre 21 heures et 22 heures. Torse à main et à terre, il se met à nous contrôler, l’un après l’autre, alors que nous sommes assis dans le bus. « Papa, descends, tu portes encore une ancienne carte datant de 2005 ? Alors que votre voisine porte une nouvelle carte », intime le militaire, armé en bandoulière. Devant ma résistance, le militaire menace : « Si vous refusez de descendre, le véhicule restera ici même jusqu’à demain. »
Tout furax, je descends et voici le discours du militaire. « Papa, vous continuez à vous promener avec une vieille carte d’électeur de 2005. Ne savez-vous pas que cette carte n’a plus cours légal dans ce pays ? », Me dit-il. En dépit de toutes mes explications comme quoi les deux cartes d’électeur ont encore cours légal jusqu’à l’octroi d’une nouvelle carte d’électeur, le militaire persiste dans sa logique. Quelques minutes plus tard, il négocie : « Cherchez-moi du sucré et je vous libère ».
A tout passager qui veut prendre la route Kinshasa-Moanda, voilà l’information qui va lui permettre de se préparer en conséquence.
André Mpasi Zeto
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