dimanche 7 avril 2013

Mathieu Ngudjolo : un autre procès en vue ?

Cour pénale internationale Mathieu Ngudjolo : un autre procès en vue ? L’ancien chef de milicie congolais, Mathieu Ngudjolo, est loin d’être à l’abri des démêles judiciaires. Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) veut un nouveau procès contre cet ancien milicien que le juge avait acquitté le 18 décembre 2012, faute de preuves. Faisant de cet acquittement le tout premier dans l’histoire de la Cour. Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a demandé qu'un nouveau procès soit organisé contre l'ancien chef de milice congolais Mathieu Ngudjolo Chui, acquitté en décembre de crimes contre l'humanité et crimes de guerre en République démocratique du Congo dont il étairt accusé. Pour cause ? Le procureur de la CPI, Fatou Bensouda, a estimé que « la seule conclusion raisonnable sur la base des preuves et des éléments de faits présentés » était « que Ngudjolo était bien le chef des combattants Lendu du groupement Bedu-Ezekere qui a attaqué le village de Bogoro le 24 février 2003". Elle a fait remarquer que la chambre de première instance avait commis d’importantes erreurs de droit, de faits et de procédure qui avaient fait que la décision de la chambre avait été vicié. Voilà qui la pousse aujourd’hui à solliciter l’annulation de l’acquittement prononcé en décembre en faveur de Mathieu Ngudjolo pour qu’un nouveau procès soit organisé devant une nouvelle chambre de première instance. Mathieu Ngudjolo, ancien dirigeant présumé d’une milice congolaise, le Front des nationalistes et intégrationnistes (FNI), était accusé d'avoir voulu "effacer totalement" la population du village de Bogoro, dans l'Ituri, un district de la province orientale. Et ce, en collaboration avec une autre milice, la Force de résistance patriotique en Ituri (FRPI). La milice de Mathieu Ngudjolo est accusée d’enrôlement d’enfants soldats, de viols, de massacres. Selon l'accusation, des combattants des ethnies Lendu et Ngiti du FNI, en collaboration avec des hommes de la Force de résistance patriotique en Ituri (FRPI), une autre milice, avaient attaqué le village et avaient "utilisé des enfants soldats et tué plus de 200 civils en quelques heures, violé des femmes, des filles et des femmes âgées". Le procureur estime notamment que les juges n'ont pas bien appliqué les critères pour évaluer les preuves présentées et qu'ils n'ont pas pris en compte la totalité de ces preuves. Les juges avaient ainsi conclu qu'un témoin, ancienne enquêtrice de l'Onu ayant témoigné que Mathieu Ngudjolo lui avait avoué avoir commandé l'attaque du village, était crédible sans pour autant tenir compte du présumé aveu de l'ancien chef de milice. Les juges avaient estimé en décembre que les preuves présentées par l'accusation n'étaient pas suffisantes pour prouver le rôle de chef de Mathieu Ngudjolo Chui et que les trois témoins clés du procureur n'étaient pas crédibles. Premier acquittement de la CPI L'ancien chef de milice avait été libéré. Libre de choisir le pays d’asile, Mathieu Ngudjolo avait en février demandé l'asile aux Pays-Bas, avant d'être placé dans un centre pour demandeurs d'asile. Le procès de cet ancien chef milicien s'était tenu en commun avec celui d'un chef de milice présumé des FRPI, Germain Katanga, mais les affaires avaient été disjointes en novembre et le jugement contre cet autre chef de milice sera rendu au cours de cette année. La décision de libérer Mathieu Ngudjolo était le premier acquittement prononcé par la Cour pénale internationale. Le procès contre le chef de l'Union des patriotes congolais (UPC) - une milice ennemie de celle de Mathieu Ngudjolo Chui - Thomas Lubanga Dyilo, est le seul autre procès que la Cour pénale internationale n'a à ce jour mené à terme. Cet ancien seigneur de guerre avait été condamné à 14 ans de prison le 10 juillet 2012, dont 6 ans déjà passés dans le centre de détention de la CPI. Les affrontements inter-ethniques entre milices qui se disputaient les terres de cette région riche en ressources naturelles, dont l'or et le pétrole, avaient débuté en 1999 et ont, selon l'accusation, "dévasté" la zone. Selon les ONG, ces violences ont fait plus de 60.000 morts. Le FNI accepte un nouveau procès Le Front des nationalistes et intégrationnistes (FNI), devenu aujourd’hui parti politique proche de Matthieu Ngudjolo, n’éprouve aucune inquiétude sur l’organisation d’un nouveau procès. Il se dit donc favorable à l’ouverture d’un nouveau procès contre son ancien leader à la CPI. Selon Chura Bilo, député national issu du FNI, cité par Radio Okapi, un nouveau procès va permettre de dédouaner une fois pour toutes cet ancien seigneur de guerre dans le dossier de massacres de civils de Bogoro en 2003. « Lorsque le verdict a été rendu la partie du procureur n’était pas satisfaite. Elle avait ce droit d’interjeter appel et c’est fait. Je crois que Ngudjolo doit rentrer pour qu’on le juge une fois pour toutes et pour moi ça ne présente aucune inquiétude. Tous les moyens que le procureur avait présentés à la première instance ont été balayés d’un revers de la main. Est-ce qu’aujourd’hui ils vont faire de la magie pour que Ngudjolo soit retenu en prison, je ne pense pas et même maintenant Ngudjolo sera [de nouveau] acquitté », a déclaré Chura Bilo. C’est ce qui sera prouvé au cours de ce nouveau procès. S’il aura, bien entendu, lieu. Kléber Kungu

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