lundi 1 avril 2013

Le M23 opposé à l'envoi d'une brigade d'intervention rapide

La peur de la force internationale gagne déjà le camp de Makenga Le M23 opposé à l'envoi d'une brigade d'intervention rapide La rébellion du Mouvement du 23 mars (M23), s’est dit opposée à l’envoi d’une force internationale dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) en dénonçant lundi 1 avril la décision du Conseil de sécurité de l'Onu de créer une brigade d'intervention pour combattre les groupes armés opérant dans l'Est congolais, dont le M23. L’idée de s’affronter à cette force internationale fait déjà très peur aux rebelles du M23. Pour le président politique du M23, Bertrand Bisimwa, on décidant de créer une brigade d’intervention rapide, l’Onu vient de lever l’option de la guerre. Au lieu "d'encourager une solution politique, en apportant un appui substantiel aux négociations politiques de Kampala" entre le M23 et Kinshasa, regrette-t-il, l'Onu choisit "de faire la guerre contre l'un des partenaires pour la paix". Quelle option la communauté internationale peut-elle lever face à des groupes armés qui n’entendent que la voix des armes ? « Désormais, les forces de l’organe de la paix feront la guerre aux groupes des citoyens qui réclament la bonne gouvernance dans notre pays y compris ceux qui sont en pourparlers avec leur gouvernement pour résoudre des problèmes de société », a poursuivi Bertrand Bisimwa, dans un communiqué publié par le M23, dont L’Observateur a obtenu copie. Pour le M23, en prenant la décision d’envoyer une brigade d’intervention rapide en RDC, « les Nations unies décident de tuer les citoyens qui réclament leurs mieux être. Dans cette situation, elles devront se préparer à faire la guerre contre le peuple congolais tout entier… », a poursuivi le communiqué. Peur de la brigade d’intervention rapide Face à la peur inspirée par la présence imminente de la brigade d’intervention rapide qui sera opérationnelle en juillet prochain, le M23 se met à distiller un discours faussement pacifique, tout en soufflant le chaud et le froid. Il a a réaffirmé « son opposition à toute logique de guerre, car celle-ci a déjà fait de nombreuses victimes parmi nos compatriotes et sacrifié des générations entières. Aujourd’hui, notre espace sert de refuge aux compatriotes qui fuient les exactions et l’insécurité dans les territoires sous contrôle du gouvernement congolais, le cas de la cité de Kitchanga dans le territoire de Masisi (…). » « Nous disons non à la guerre, oui à la paix, oui à la solution politique pour la résolution des causes profondes du conflit en RDC et oui à la fin de la misère de notre peuple », clame le communiqué. Jeudi 28 mars dernier, le Conseil de sécurité a adopté une résolution créant une brigade d'intervention chargée de lutter contre les groupes armés dans l'Est, le M23 en tête. Cette force devrait compter au total plus de 2.500 hommes, selon des responsables de l'Onu. Elle sera formée de trois bataillons d'infanterie, assistés d'une compagnie d'artillerie et d'une compagnie de reconnaissance et de "forces spéciales". Ainsi renforcée, la Mission de l'Onu en RDC (Monusco), qui a pour mandat la protection des civils, se voit désormais confier la tâche supplémentaire de "mener des opérations offensives et ciblées" - seule ou aux côtés de l'armée congolaise - pour "stopper le développement de tous les groupes armés, (les) neutraliser et les désarmer". La résolution du Conseil, initiée par Paris, s'inspire des résultats de l'accord régional d'Addis Abeba du 24 février, censé pacifier l'est de la RDC en proie à des rébellions depuis deux décennies. Depuis le 9 décembre 2012, le gouvernement congolais et les rebelles du M23 sont en pourparlers de paix très laborieux à Kampala sous la médiation du ministre ougandais de la Défense, le Dr Crispus Kayonga. Ces négociations ont été suspendues après la scission du M23 en deux factions. Les pourparlers devraient reprendre avec la branche encore active en RDC, celle du général Sultani Makenga. Des dissensions sont apparues au sein du M23 après la signature par onze pays d’accord-cadre pour le rétablissement de la paix en RDC et se sont engagés à ne pas soutenir les groupes armés. Le M23 s’est scindé en deux factions rivales, l’une dirigée par Sultani Makenga et l’autre par Jean-Marie Runiga, proche de Bosco Ntaganda. Les deux factions se sont affrontées pendant près de deux semaines dans le Nord-Kivu. Celle-ci a été défaite vers la mi-mars par l’aile Makenga. Mise en débandade, elle a fui au Rwanda. Quelque 600 hommes ont ainsi traversé la frontière, dont plusieurs officiers, se sont réfugiés au Rwanda. La présence de ces rebelles du M23 au Rwanda, signataire de l’accord d’Addis-Abeba, est une véritable épine dans l’application de cet accord, qui demande implicitement aux pays signataires de ne plus apporter de soutien aux rebelles. Dans cette débandade, Bosco Ntaganda s’était rendu lundi 18 mars à l’ambassade américaine à Kigali avant d’être transféré vendredi 22 mars, sur sa propre demande, à la Cour pénale internationale (CPI) qui le poursuit pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis en Ituri en Province Orientale entre 2002 et 2003, après avoir lancé contre lui deux mandats d’arrêt internationaux. Dans une conférence de presse co animée lundi 1er avril par les ministres des Médias, Lambert Mende, et des Affaires étrangères, Raymond Tshibanda, celui-ci a révélé que "certains d'entre eux [des rebelles du M23] ont commencé à retrouver du service dans les rangs du général Makenga. Ce qui, bien entendu, est un signal très négatif". Il a accusé Makenga de « réorganiser ses unités, (…) des séminaires de conditionnement politique et moral. Ce n'est pas l'attitude de quelqu'un qui s'apprête à se démobiliser, à déposer les armes", a déploré le ministre Tshibanda. Kléber Kungu

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