mardi 13 mai 2014

Pourquoi tous les chemins mènent à Luanda en passant par Kinshasa ?



Est-ce un hasard ou une simple coïncidence ? 

Pourquoi tous les chemins mènent à Luanda en passant par Kinshasa ?

            En ce début du mois de mai, Luanda et Kinshasa étaient devenues des étapes indispensables  qu’ont empruntées deux grandes personnalités politiques qui se sont succédé d’une manière étonnante : le secrétaire d’Etat américain John Kerry et le président tanzanien Jakaya Kikwete. A un rythme tel que les plus avisés des observateurs n’ont pas manqué de se demander si c’est une coïncidence ou un simple fait fortuit.
            Comme qui dirait, depuis un certain temps, tous les chemins mènent désormais à Luanda en passant par Kinshasa. C’est John Kerry, secrétaire d’Etat américain, qui a ouvert cet axe politico-diplomatique. Le patron de la diplomatie américaine est rentré dans son pays, en passant par la capitale angolaise après un séjour de deux jours dans la capitale congolaise où il s’est entretenu avec le président congolais, Joseph Kabila.  
            Il sera relayé, quelques jours plus tard, par le président tanzanien, Jakaya Kikwete, qui a emprunté le même itinéraire. D’où la lancinante question qui taraude les esprits : Qu’est-ce qui se trame dans les deux  capitales : congolaise et angolaise ? D’autant plus que la stature de ces deux personnalités n’est pas de moindre.
            Commençons par la République démocratique du Congo où, avant l’Angola, Josh Kerry a rencontré son président Joseph Kabila avec lequel il s’est entretenu sur plusieurs questions, notamment politiques. Les deux personnalités ont parlé d’élections pour lesquelles les Etats-Unis d’Amérique ont déboursé une bagatelle de 30 millions de dollars américains qu’ils souhaitent « libres, démocratiques et transparentes ». John Kerry a demandé à Kinshasa d’éviter toute perturbation du processus démocratique en tentant, notamment, d’apporter des modifications à la Constitution actuelle.
            En plus, depuis décembre dernier, la sécurité en RDC s’est stabilisée dans sa partie orientale, en dépit de quelques poches de résistance entretenues par d’autres groupes armés réfractaires à l’appel à la démobilisation que Kinshasa leur a lancé. Une stabilité sécuritaire à laquelle les Casques bleus de la Monusco – dont les Etats-Unis d’Amérique sont les grands contributeurs - ont grandement contribué. L’émissaire d’Obama avait donc tout intérêt à venir féliciter Joseph Kabila pour cette victoire et l’encourager, par conséquent, à conserver cet acquis chèrement obtenu.

Ascendance sur la région
            Quant au président angolais, José Eduardo dos Santos,  son pays ne cesse de prendre de l’ascendant sur la sous-région en assumant la présidence tournante de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, assumant et consolidant ainsi son leadership régional de manière évidente.
            Tout ce regain d’influence de Luanda peut donc s’expliquer à première vue par la présidence de la CIRGL qu’il assume actuellement. De ce point de vue, Luanda passe pour le centre des opérations pour toute initiative de stabilisation de la région des Grands Lacs.
            Fort de tous ces atouts, l’Angola, dont la grande influence dans la région n’est plus à démontrer, passe pour la clé de voûte de la stabilisation de la région. C’est à Luanda que John Kerry,  a bouclé son premier voyage en Afrique, après une escale de 48 heures à Kinshasa. Quelques jours plus tard, le président tanzanien, Jakaya Kikwete, a emprunté le même parcours. Il est allé, à l’instar de l’émissaire de Barack Obama, rencontrer le président angolais, José Eduardo dos Santos, après s’être entretenu à Kinshasa avec Joseph Kabila.
            Toutes ces visites effectuées l’une après l’autre dans un temps record est loin d’être une coïncidence de calendrier ou un simple fait du hasard, concluent bien des observateurs. Qui pensent qu’elles procèdent d’un schéma préalablement conçu à l’échelle internationale. Sans plus de précision.
            La seule précision est que, ajoutent-ils, la RDC de Joseph Kabila a été tour à tour au centre des entretiens, à Luanda, entre Dos Santos et John Kerry puis, entre Dos Santos et Jakaya Kikwete. Sur quoi ont porté ces entretiens ? Mystère. C’est la partie cachée de l’iceberg.

Gendarme de la région
            L’Angola occupe, par conséquent, une place très stratégique en Afrique centrale. Sur les plans économique et militaire. Première puissance économique et militaire indéniable, l’Angola a tous les atouts pour jouer véritablement le rôle de gendarme dans la région. D’où, son influence grandissante dans tous les dossiers brûlants de la région, particulièrement ceux de la RDC, toujours en proie à une instabilité chronique dans sa partie orientale et avec laquelle Luanda partage plus de 2 000 km de frontières, en raison de la proximité des deux pays. Voilà qui peut expliquer le caractère de plus en plus incontournable de Luanda dans l’épineuse crise du Congo Kinshasa.
            Voilà qui peut expliquer que tous les chemins mènent désormais à Luanda en passant par Kinshasa et que devaient suivre John Kerry et Jakaya Kikwete pour un objectif précis.
            A tout prendre, les observateurs avisés pensent qu’il existe quelque chose qui se trame à Luanda, notamment en ce qui concerne la place de la RDC dans le nouveau puzzle qui se dessine dans la région. En effet, le passage quasi simultané de l’homme d’Etat américain et du président tanzanien dans les capitales congolaise et angolaise, ajoutent-ils, tient à un schéma bien précis, dont les contours ne devraient pas tarder à paraître au grand jour.
            Barack Obama avait-il un message à transmettre à Joseph Kabila et à José Eduardo dos Santos par l’entremise de Jakaya Kikwete ? s’interrogent-ils, perspicaces. Ou qu’il avait fait transmettre par son ministre des Affaires étrangères et sur lequel il devait insister en envoyant le Tanzanien Jakaya Kikwete ? ajoutent-ils.
            Un Jakaya Kikwete dont le rôle et l’aura politico-stratégique dans la région sont évidents. Pour rappel, au plus fort de la crise en RDC confrontée avec la rébellion de fabrication rwandaise, Jakaya Kikwete a pris position de manière responsable et d’un ton ferme en faveur de la RDC en demandant au Rwanda, réfractaire au dialogue avec les génocidaires présumés de 1994, notamment les rebelles des FDLR, de dialoguer avec eux. Et face à la désinvolture de Paul Kagamé, Jakaya Kikwete n’a pas manqué de brandir l’arme de la menace.
            En plus, la Tanzanie est l’un des pays contributeurs en contingents de la Brigade d’intervention rapide de l’Onu qui appuient militairement les FARDC dans leur traque des groupes armés dans l’Est de la RDC.
            Est-ce à dire que l’Angola commence à prendre la place qu’occupait jadis l’Afrique du Sud ? Quoiqu’il en soit, tout porte à croire qu’il existe quelque chose – sans nom – qui fait courir autant de dirigeants sur l’axe Kinshasa-Luanda et que Luanda est devenu un partenaire important dans la stabilisation de la région des Grands Lacs.
Kléber Kungu

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