vendredi 30 mai 2014

Les refoulés de Brazzaville souhaitent retourner dans leurs milieux d’origine



Site de transit de Maluku

Les refoulés de Brazzaville souhaitent retourner dans leurs milieux d’origine

            C’est à 80 km de Kinshasa que se trouve le Centre d’instruction de Maluku transformé pour la circonstance en site de transit des refoulés de Brazzaville. Près de 130 000 Congolais, toutes provinces confondues y ont pratiquement transités, en provenance du stade cardinal Malula, commune de Kinshasa. Il en reste aujourd’hui quelque mille. Qui y vivent dans des conditions précaires. Mais comparées au calvaire qu’ils venaient de vivre au Congo Brazzaville, la majorité refusent de retourner à « l’enfer », pour tout l’or du monde.
            Plus d’un millier d’âmes vivent dans cet espace de quelques hectares : homme, femmes, enfants. En dépit de l’état de dénuement dans lequel ils vivent après avoir été dépouilles de tout ce qu’ils avaient de précieux à Brazzaville et qu’ils ont amassé durant des années de dur labeur, ils se contentent de ce vécu que la communauté humanitaire essaie de rendre vivable.


Une ration de quelques produits alimentaires
            Un vécu composé d’une ration alimentaire composée d’huile végétale (50cl), d’une quantité de 3 verres (sakombi) de haricots à chaque membre de famille, un verre de sel, de l’eau vive (deux bouteilles) et de la semoule dont la quantité dépend du nombre de membres de la famille.  Et selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha), une usine de panification de Kinshasa s’est engagée à assurer la fourniture des pains à ses compatriotes démunis. Caritas met également la main à la pâte en leur distribuant également des vivres.
            L’Unicef, quant à elle, s’affaire à rendre le milieu vivable, pour que les mauvaises conditions ne donnent le lit à des maladies de mains sales entre autres qui ont pour capacité de rendre la vie invivable. L’adduction de l’eau et l’implantation des toilettes au site restent le cheval de bataille de l’Unicef.

            Qui est aidée par l’OMS, l’UNFNUAP qui veillent au grain en ce qui concerne la santé des pensionnaires du site de Maluku. Qui s’organisent et organisent leur nouvelle vie comme ils l’entendent, selon les circonstances. Ici, ce sont quelques enfants qui jouent, pendant que plus loin leurs mères préparent une pitance qui ne rempliront peut-être pas leurs ventres flasques.

Des vieillards « alités »
            Dans une grande bâtisse où s’entassent plusieurs refoulés dont les familles sont séparées par de simples linges sales et déchirés, mais dans une promiscuité favorable à la propagation des maladies,  nous rencontrons quelques vieillards malades alités, pardon couchés à même le sol. Que Martin Kobler essaie de consoler pendant quelques minutes.
            A l’extérieur, ce sont deux coiffeurs qui ne veulent pas perdre leur doigté dans ce métier qu’ils exerçaient à Brazzaville « l’enfer ». Makambo est l’un d’eux, la vingtaine, qui est arrivé au site depuis le 5 mai. Marié et dont la femme est grosse, Makambo, dépité, nous raconte son calvaire, sous le grésillement de son rasoir électrique, un client se faisant raser. Il regrette avoir tout abandonné dans une ville où il voudra, malgré tout, retourner le moment venu. Ce que d’autres refoulés aux alentours n’envisagent jamais de leur vie, jurent-ils.

            Plus loin, Rachidi Ibrahim, un maçon de son état, raconte son calvaire à la presse, papiers à conviction en mains, en compagnie de sa femme tenant un bébé. Selon lui, ce jour-là, il reçoit un appel de sa femme qui l’informe qu’elle est victime des tracasseries à la maison. Arrivé quelques instants à la maison, il se voit déguerpir comme un voleur. A la clé, la police lui déchire tous les papiers de séjour, il tente de lui présenter, avant de l’envoyer humer l’air lugubre du cachot pendant plus d’une semaine.


En attente du « rapatriement » dans la province d’origine
            Un autre garçon, originaire de l’Equateur, employé à une entreprise chinoise, déclare être chassé de Brazzaville où il a passé 8 ans. Chassé à partir du chantier, il a transité au cachot pendant 25 jours  où il a été victime des sévices et brimades corporelles. Marié à une femme du Congo Brazzaville, il refuse d’y retourner pour tout l’or du monde. Ses co refoulés et lui attendent impatiemment leur « rapatriement » dans leur province d’origine.

            Akambo Bayeke, est un tradi praticien, 58 ans, qui a passé 12 ans à Brazzaville. Marié et père de 5 enfants, il déclaré être chassé de sa maison à 5 heures du matin, en abandonnant tout son avoir, et après avoir séjourné au cachot pendant 17 jours avec une pitance d’un demi-pain par jour. Il n’envisage jamais de retourner dans cet « enfer » ; il compte se débrouiller bien dans son pays.

            Les quelques cas énumérés représentent sans doute un petit échantillon de ce que les compatriotes congolais ont vécu lors de leur refoulement musclé. L’accueil que le gouvernement leur a réservé, combiné avec l’aide qu’ils reçoivent des acteurs humanitaires sont parvenu à faire oublier quelque peu ce cauchemar et, par conséquent, à panser ces plaies de toutes sortes de Brazzaville . Car même les personnes vivant avec handicap n’ont pas été épargnées !
Kléber Kungu

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