vendredi 30 mai 2014

Manianga, électrifie-toi, les autorités t’électrifieront !



Manianga, électrifie-toi, les autorités t’électrifieront !

            Aide-toi, le ciel t’aidera, lit-on dans la Bible. Une sagesse que les plus courageux des peuples de ce monde, de la République démocratique du Congo (RDC) en particulier n’hésitent pas d’appliquer pour apporter une solution urgente ou intermédiaire à une situation sociale ou économique à laquelle ils sont confrontés. C’est le cas des Manianga dans leur ensemble – pour le moment 16 secteurs des 4 territoires du Bas-Congo regroupés dans l’ASBL Sodema (Solidarité pour le développement du Manianga). S’il est des réclamations que ces peuples formulent depuis des décennies, l’électrification de leur espace occupe une place de choix, à côté des routes.
            Depuis des années, le territoire de Luozi, avec ses de 6 784 km2 de superficie et ses dix secteurs, comme tête de ce train composé de 4 territoires (Luozi, Seke-Banza, Mbanza-Ngungu et Songololo) pour 16 secteurs (Balari, De la Kende, Kimbanza, Kimumba, Kinkenge, Kivunda, Mbanza-Mona, Mbanza-Mwembe, Mbanza-Ngoyo et Mongo-Luala pour le premier ; Isangila et Nsumbi pour le deuxième ; Ntimansi, Ngombe-Matadi et Lunzadi pour le troisième, et Wombo pour le quatrième), a toujours réclamé auprès du pouvoir sa part de gâteau du secteur électrique. Et l’espace ne s’arrête pas de s’élargir avec d’autres secteurs qui se réclament du peuple manianga.

Les Eglises dans le combat
            Plusieurs démarches avaient été déjà entreprises, tant par des Eglises que par des privés. La Communauté évangélique du Congo (CEC) dont le siège social est Luozi et l’Eglise kimbanguiste sont déjà avancées dans leurs démarches. Mais la première reste la pionnière dans ce combat pour l’obtention du courant électrique. En effet, c’est au milieu des années 1990 qu’elle avait entamé des démarches qui étaient en train d’aboutir avant d’être étouffées par l’arrivée au pouvoir de l’AFDL (Alliance des forces démocratique pour la libération du Congo) le 17 mai 1997.
            Le dossier de la CEC avait l’avantage et le mérite de contenir tous les éléments nécessaires : des propositions sur le site d’où pourrait partir le courant électrique selon le coût aux potentialités économiques et industrielles de l’espace bénéficiaires. L’étude était menée une équipe composée par la Coordination des projets de cette Eglise et les techniciens de la SNEL (Société nationale d’électricité).
            Quant à l’Eglise kimbanguiste, son entrée dans la lutte, qui date de quelques années, reste motivée par l’expansion de la cité de Nkamba qui ne cesse d’attirer plusieurs centaines de pèlerins chaque jour au gré des célébrations des fêtes de cette Eglise le long de l’année. La construction de plusieurs cités aussi cossues que modernes autour de Nkamba surnommée par les fidèles kimbanguistes « Nouvelle Jérusalem » demeure un atout à brandir pour obtenir l’électrification de Nkamba.
            Et pour faire front commun avec la CEC, le projet kimbanguiste englobe l’électrification de Nkamba et cette de Luozi.

La grande offensive de la Sodema
            L’intérêt pour les Manianga d’avoir du courant électrique est si grand que des associations ne sont pas restées les bras croisés dans ce combat qui s’avère du reste de tout Manianga, associations ou non, Eglises, toutes confessions religieuses confondues, partis politiques toutes couleurs politiques confondues.
            C’est le cas de la Sodema sous la conduite de son président national Dieudonné Bifumanu Nsompi. Depuis son avènement en octobre 2008, le Comité de gestion de cette ASBL, est sur tous les fronts dans ce combat de l’électrification du Manianga. Quelques mois après son entrée en fonction, en janvier 2009, une délégation de la Sodema s’est fait recevoir chez l’ancien ministre de l’Energie. Une commission paritaire composée des membres de la Sodema et du ministère de l’Energie avait d’ailleurs était mise en place pour permettre le suivi du dossier. Malheureusement, en faveur d’un remaniement ministériel qui est intervenu par la suite, le ministère connut un changement à sa tête, en défaveur de la Sodema. Le principe de la continuité des affaires de l’Etat est loin d’être d’application en RDC !
            Les potentialités socio-économiques, le Manianga en a et en grand nombre. Il existe plusieurs hôpitaux et autres centres médicaux disséminés à travers l’espace manianga et qui ont grandement besoin du courant électrique pour faire fonctionner leurs instruments ou appareils électriques. Dans le secteur de l’enseignement, l’espace manianga regorge un très grand nombre d’écoles primaires, secondaires et même quelques instituts supérieurs et universités. Ces infrastructures scolaires et universitaires ont besoin entre autres du courant électrique pour le fonctionnement d’instruments de leurs laboratoires.
            A tout cela s’ajoute la richesse du sol et du sous-sol de l’espace manianga qui ne demande que du courant électrique pour servir à un plus grand nombre. Producteur de plusieurs fruits de toute sorte, notamment la mangue, le safou, l’avocat, le maracuja, le poilu, le mangoustan, l’ananas, la banane, l’orange, la mandarine, la goyave, le citron, le cœur de bœuf ; d’autres produits vivriers comme le manioc, l’arachide, le haricot, le gingembre, l’oignon, l’ail, le piment, l’igname, la patate douce, le tarot, la courge, et d’autres feuilles comme les feuilles de manioc, l’épinard, le Manianga est potentiellement bénéficiaire d’industries de transformation.

Des initiatives privées à l’avant-plan
            A ce sujet, des initiatives privées n’ont pas attendu l’électrification avant d’exploser. C’est le cas de Beni Food, une ASBL installée à Luozi, chef-lieu du territoire du même nom, à 350 Km de la ville de Kinshasa qui s’est spécialisée dans la nutrithérapie (traitement des maladies par des aliments). Sous la houlette du pharmacie Dapton Kieni kia Mpesa, son fondateur, Beni Food a réussi, en peu de temps d’existence, à mettre au point une dizaine d’alicaments) dont l’efficacité est si probante que leur inventeur attend d’obtenir auprès du ministère de la Santé publique l’autorisation de mise sur marché de trois de ses produits : Niabète, Niatension et Niarroïde.
                          « L’alimentation est le meilleur des médecins », « De tes aliments tu feras une médecine ». Dans son travail scientifique, Dapton Kieni kia Mpesa s’est inspiré de ces deux citations d’Hippocrate pour produire ces alicaments. Qui proposent aussi bien des aliments appropriés pour s’attaquer aux maladies très courantes en RDC qu’aux problèmes sexuels et même de rajeunissement.
            Le savant qui fonde ses travaux de recherche sur le principe selon lequel « le trésor le plus précieux que Dieu a donné à l’homme, c’est  la santé et que de tous les facteurs qui influent sur la santé, le facteur le plus déterminant c’est  l’alimentation » a pu produire Niabete (Niakisa diabete = soigner le diabète), Niaprostate (Niakisa prostate = soigner l’adénome de la prostate), Niameso (Niakisa Meso = soigner les yeux), Niarroïde (Niakisa hémorroïdes = Soigner les hémorroïdes), Adam Madia (Aliment pour la vitalité de l’homme), Eve Madia (Aliment pour la vitalité de la femme), Zinga Jeune (vivre jeune = retarder le vieillissement, vieillir en bonne santé), Bugastrite (Buka gastrite = soigner la gastrite), Niatension (Niakisa tension = soigner la tension), Bukatisme (= soigner le rhumatisme).
            Des exemples sont légion des initiatives locales qui se débrouillent merveilleusement bien sans courant électrique. Dans la commune de Luozi, on peut rencontrer, excepté plusieurs commerces, une fabrique de chaux artisanale d’une très bonne qualité, une grande scierie, des boulangeries artisanales, un laboratoire des médicaments dont le plus célèbre est Manadiar. Sans compter un grand nombre d’infrastructures scolaires, universitaires, médicales aussi bien dans la commune de Luozi que dans tous les secteurs de l’espace manianga.
            Donc, des initiatives comme celle-là n’ont pas attendu que la cité de Luozi soit électrifiée pour se lancer dans la bataille du développement économique de leur coin. Comme qui dirait, « Manianga, électrifie-toi, les autorités t’électrifieront ! ». Bien des Manianga déclarent qu’il ne faut jamais attendre que l’espace manianga soit électrifié pour faire quelque chose. Ainsi trouve-t-on plusieurs activités économiques, excepté le commerce, qui naissent de partout, attendant l’électrification du Manianga. Qui ne viendra peut-être pas de sitôt. Question d’embarquer déjà dans le train du développement économique de son terroir.
           
Kléber Kungu

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