mardi 28 janvier 2014

Le gouvernement voit le jour, le plus difficile commence



République centrafricaine

Le gouvernement voit le jour, le plus difficile commence

Le Premier ministre centrafricain, André Nzapayeke, a formé, le 27 janvier, son nouveau gouvernement de transition. Ce cabinet, qui a entre autres pour mission d’arrêter les violences interreligieuses qui ont fait des milliers de morts et plus d’un million de déplacés, est composé de 20 ministres dont sept femmes, soit 35% de l’ensemble. Il s’agit d’un cabinet issu d’un subtil dosage entre des proches de l'ex-rébellion Séléka à dominante musulmane, des partisans des milices chrétiennes, ainsi que de figures connues de la politique centrafricaine. Si l’équipe gouvernementale est mise en place, il est vrai que le plus dur commence pour les nouvelles autorités de Bangui sur les épaules desquelles repose toute une montagne d’espoirs d’un peuple meurtri par quelques mois des violences meurtrières.
            Le nouveau gouvernement conserve, en effet, plusieurs figures connues de la précédente équipe, telles que Herbert Gontran Djono Ahaba aux Travaux publics, ou Marie Noël Koyara au Développement rural, tous deux proches de l’ancien président Michel Djotodia.
            Parmi les figures de l'ex-rébellion Séléka, on retrouve Arnaud Djoubaï-Abazène aux Transports et Abdallah Hassan Kadre, précédemment à l'Economie, aux Télécommunications. Les ministères de la Défense et de la Sécurité publique reviennent à deux militaires de l'ancienne armée nationale. Les milices chrétiennes «anti-balaka» sont également représentées, avec Léopold Narcisse Bara à la Jeunesse et aux Sports.
            Si la formation de ce gouvernement n’a soulevé presque pas de protestations, surtout chez l’ex-rébellion Séléka, qui revendiquait en plus de la Primature, trois postes ministériels : de la Défense, de l’Intérieur et des Mines, tout reste à savoir comment ces ministres vont se mettre au travail pour relever les grands défis qui les attendent dans un pays où tout est prioritaire.
             Aussitôt nommé par la présidente de transition, Catherine Samba-Panza, le nouveau Premier ministre, André Nzapayeké, avait fixé la feuille de route de son gouvernement, «qui va se charger de la question de la réconciliation nationale». Priorité numéro un : «arrêter les exactions» dans le pays, a-t-il indiqué. Il souhaite aussi faciliter rapidement «le retour» des déplacés chez eux.
            Michel Djotodia avait renversé en mars 2013 le régime de François Bozizé à la tête de la coalition rebelle Séléka. Ses combattants ont multiplié pendant des mois les exactions contre la population majoritairement chrétienne du pays devant un président très laxiste, incapable d’arrêter ces violences ou de discipliner ses hommes qui l’ont porté au pouvoir.
            Voilà pourquoi, en réaction à tout cela, des milices d’autodéfense se sont rapidement formées en province et dans la capitale, encadrées notamment par des anciens de la garde présidentielle fidèle au président Bozizé, et ont rapidement fait parler d’elles, s’en prenant régulièrement aux ex-Séléka mais surtout aux populations civiles musulmanes.
            Il n’a pas fallu beaucoup de temps pour que la Centrafrique plonge dans une spirale de violences intercommunautaires dont les civils sont les principales victimes. Michel Djotodia avait été contraint à la démission le 10 janvier pour son incapacité à mettre fin à ces tueries interreligieuses.
            Malgré la présence des forces française de 1 600 soldats de l’opération « Sangaris » et africaine de la Misca et l’élection de la présidente Catherine Samba-Panza, les violences ne baissent pas ; la Centrafrique continue de compter ses morts.
            Mettre fin à ce cycle des violences, restaurer la confiance entre les communautés religieuses, remettre le pays sur les rails, regagner la confiance de la communauté internationale, faire revenir au bercail tous les Centrafricains réfugiés dans d’autres pays…autant de gros défis jalonnant le chemin assez court de la transition que doit relever le gouvernement André Nzapayeke sous la houlette de Catherine Samba-Panza.
            Des défis qui requièrent des moyens aussi moyens qu’humains. La communauté internationale est disposée à accompagner la Centrafrique. La communauté internationale s’est déjà engagée à débloquer 496 millions de dollars (365 millions d'euros) en 2014 pour aider la Centrafrique dans sa phase de reconstruction. La Banque mondiale a, pour sa part,  promis de débloquer 100 millions de dollars américains en faveur de la RCA.
Kléber Kungu

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire