dimanche 12 janvier 2014

Au-delà de la rumeur, le véritable message des Congolais



La vraie fausse mort de Kagame 

Au-delà de la rumeur, le véritable message des Congolais

            Le vendredi 10 janvier, tôt le matin, Kinshasa ainsi que d’autres villes de la République démocratique du Congo (RDC) se sont réveillées sous des rumeurs faisant état de la mort de Paul Kagamé, le président rwandais. Partout où les rumeurs ont circulé, particulièrement dans plusieurs villes de la province du Nord-Kivu, des scènes de liesse ont accompagné cette nouvelle. Avant que cette euphorie ne se dissipe comme elle était née. Mais au-delà de toutes ces rumeurs venues d’on ne sait où, l’on peut retenir le véritable message des Congolais : le peuple en a assez de celui qui lui en veut à tout moment.
            La rumeur sur la mort de Paul Kagamé circulant alors qu’il recevait des étudiants américains dans le cadre d'audiences de routine, a été vite démentie par la présidence rwandaise, la qualifiant de « totalement fausse ». Coupant ainsi court à ce qui a sûrement été véhiculé par la magie et la rapidité des réseaux sociaux.
            Pourquoi des humains, des Congolais de surcroît, doivent-ils se réjouir de la mort d’un autre humain, surtout lorsqu’il s’agit de Paul Kagamé ? Telle est la question que peut se poser tout esprit lucide et avisé.
            Les scènes de liesse consécutives à l’annonce de la nouvelle de la fausse mort de Paul Kagamé ont particulièrement été enregistrées à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, à Beni, à Butembo, deux autres villes de cette province, ainsi qu’à Lubumbashi, chef-lieu de la province du Katanga.
            A Goma, par exemple, on a noté quatre ou cinq cents personnes qui se sont rassemblées sur l'une des avenues principales de la ville pour manifester leur joie pour la nouvelle sur la mort de Kagame. On rapporte qu’en tête du cortège marchaient des hommes portant un cercueil et des croix, qui scandaient "Kagame, tu nous a fait souffrir". Suivaient des piétons et des taxis-motos, phares allumés, dans un concert de klaxons. Certains disaient leur "joie que Kagame soit mort". En marge de la marche, on fêtait la "bonne nouvelle" à la bière.
            Des manifestations ont été signalées également par des témoins à Butembo et à Beni, au Nord-Kivu. Kinshasa, la capitale congolaise, n’a pas été épargnée par la rumeur , comme Lubumbashi, la deuxième ville.
            Dans le centre de Lubumbashi, on a noté plusieurs concerts de klaxons la matinée. Par endroits, des gens manifestaient leur joie en portant des toasts dans des bars: "Vive la paix!", ou encore "Comme Kagame est mort, il y aura la paix dans la région des Grands Lacs".
            La raison est si simple. La province du Nord-Kivu est depuis plusieurs décennies le théâtre de
des conflits interminables qui l’ont beaucoup saignée et dont Kigali est, selon plusieurs rapports des experts de l’Onu, toujours accusé d’être derrière en apportant un soutien à des groupes armés opérant dans l'est de la RDC, ce que dément Kigali.
            Ces rapports ont toujours été relayés par plusieurs autres témoignages des ONG internationales et nationales opérant dans cette partie du pays.
            "Vive la paix!", "Comme Kagame est mort, il y aura la paix dans la région des Grands Lacs".
En se basant sur les cris des manifestants, la conclusion est vite tirée : pour le peuple congolais, particulièrement les Nord-Kivutiens, Paul Kagame reste le véritable problème, la principale cause de l’insécurité de cette province. Ils estiment – avec raison – qu’avec la disparition physique de cet homme, la région pourrait enfin goûter aux fruits de la paix et de la sécurité, deux denrées rares tant que Kagame sera en vie.
            Donc, l’homme fort de Kigali est toujours considéré comme la main noire qui attise le feu qui embrase régulièrement l’Est de la RDC, faisant plusieurs millions de morts ainsi que plusieurs centaines de déplacés internes et réfugiés.
            Voilà le véritable message des manifestants au Nord-Kivu et d’autres coins du pays, un échantillon représentant sans nul doute l’opinion nationale.
            Le Rwanda est intervenu militairement à plusieurs reprises en territoire congolais, notamment en soutenant des rébellions contre le pouvoir central de Kinshasa, lors des guerres régionales de 1996-1997 et 1998-2003 dans l'ex-Zaïre.
            Paul Kagame, 56 ans, est à la tête du Rwanda depuis 1994, date à laquelle les rebelles du Front patriotique du Rwanda (FPR) ont vaincu les forces rwandaises à l'origine du génocide qui a fait quelque 800. 000 morts, principalement dans la minorité tutsi.
            Paul Kagamé mort physiquement ou politiquement, la problématique de la sécurité, de la paix dans au Congo Kinshasa, dans la région des Grands Lacs serait-elle résolue pour autant ? Pas du tout. Le retour à la paix,  à la sécurité durable dans cette partie de l’Afrique passe immanquablement par l’implication de tous les nombreux acteurs impliqués dans ce dossier. Paul Kagame y compris principalement.
Kléber Kungu

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