lundi 27 janvier 2014

7 pays non invités par Obama : pourquoi ?



Sommet USA-Afrique en août prochain

7 pays non invités : pourquoi ?

La RDC est parmi les invités

         L’Afrique compte cinq-quatre Etats souverains. Le président américain, Barack Obama, a invité seulement les dirigeants de 47 pays africains à participer à un sommet à la Maison Blanche les 5 et 6 août, y compris la présidente de la commission de l’Union africaine (UA), Nkosazana Dlamini-Zuma. Un sommet qui fait figure de grande première. Figurer parmi les convives du plus puissant président de la planète est un motif de fierté et même d’orgueil, voire de légitimité. Que faire ou penser lorsqu’on est parmi les persona non grata de Barack Obama ? Faut-il  penser que c’est la fin du monde ? Faut-il croire que les invités soient les plus modèles des élèves de Washington ? Une réflexion sur l’invitation de Barack Obama aux 47 dirigeants africains.
         En invitant quarante-sept des 54 de ses pairs, le président américain veut honorer une «promesse» faite lors de son déplacement en Afrique du Sud en juin dernier. Pour Barack Obama, c'est l’occasion de resserrer les liens avec le continent africain. Ce sommet « fera progresser les objectifs de l’administration en matière de commerce et d’investissement en Afrique (et) mettra en évidence l’engagement des Etats-Unis envers la sécurité de l’Afrique, le développement de la démocratie et de ses habitants », selon un porte-parole de Barack Obama, Jay Carney. Le président américain étant constamment critiqué par ses frères de race pour n’avoir pratiquement rien fait en faveur de la terre de ses ancêtres.
         En plus- et c’est ceci le motif de fierté certains hôtes de M. Obama – n’est fréquentable, pour la plus vieille démocratie du monde, mais qui est loin d’être le modèle par certains actes posés, que le dirigeant qui se serait distingué des autres en matière de démocratie, des droits humains. D’autant plus qu’au cours de ce sommet, il sera question du commerce et de l'investissement en Afrique, mais aussi de la sécurité et du développement démocratique de l’Afrique.
         Lors d’un discours au Cap, en Afrique du Sudil avait dit souhaiter « ouvrir un nouveau chapitre dans la relation entre les Etats-Unis et l’Afrique » en annonçant ce sommet, le premier du genre.
Face à la percée de la Chine et d’autres puissances émergentes, les conseillers économiques de Barack Obama l’ont exhorté à renforcer la présence diplomatique américaine sur le continent.

L'invitation ne signifie pas l'absolution
         Faudra-t-on déduire que les 47 dirigeants invités se présentent comme les meilleurs élèves aux yeux de Washington sur des questions aussi cruciales que la pratique démocratique, le respect des droits de l’homme?  Une question qui a peu de chance de trouver une réponse positive.
         A en croire le porte-parole de la Maison Blanche, Jonathan Lalley, Washington avait invité les dirigeants de tous les pays africains, « sauf ceux qui n’ont pas de bonnes relations avec les Etats-Unis ou sont suspendus de l’Union africaine ». Une déclaration  diplomatique et officielle !
         Peut-on penser, par contre, qu’ils sont le « moindre mal » à les comparer aux 7 non invités ? Rien n’est moins sûr. Est-ce un hasard qui a milité en faveur de leur invitation ? Pas du tout. Dans tout le cas, l'invitation ne signifie pas l'absolution. Plusieurs raisons sont à la base de ce choix, dont économiques principalement. Il est vrai que l’Afrique et les Etats-Unis d’Amérique voient les choses différemment !

Que dire de Paul Kagame et de Yoweri Museveni ?
         En effet, que dire des présidents Paul Kagamé et ougandais Yoweri Museveni dont le degré de nuisance et la responsabilité dans la déstabilisation de la RDC ne sont plus à démontrer mais qui feront le voyage de Washington? Pour le premier, le département d'Etat a fait part, sans détours, la semaine dernière, de sa préoccupation suite à la succession de meurtres d'exilés politiques rwandais. Pour le second, il s'est élevé contre les lois homophobes dans son pays, ainsi qu’au Nigeria.
         Qu’en est-il de sept chefs d’Etat considérés comme « persona non grata » par Washington ?
Les Etats-Unis n'ont pas invité les pays suspendus de l'Union africaine. Une pratique que la France utilise aussi lorsqu'elle constitue la liste de ses propres sommets.
         Parmi les non invités figurent les dirigeants de la Centrafrique, Catherine Samba-Panza, de la Guinée Bissau, Manuel Serifo Nhamadjo (par intérim) et Adli Mansour de l'Egypte (par intérim) qui se sont installés au pouvoir directement ou indirectement à la faveur d'un coup d’Etat, ne seront pas du voyage.

Le nouveau président malgache pourrait être repêché
         Il y a également le président soudanais Omar el-Béchir - visé par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) - et le président zimbabwéen Robert Mugabe visé, quant à lui, par des sanctions américaines depuis 2001. Quant à Hery Rajaonarimampianina, le nouveau président élu à Madagascar, il a beaucoup de chance que son nom figure sur une liste réactualisée après sa prestation de serment.
         Quant à la courageuse Catherine Samba-Panza, la nouvelle présidente centrafricaine, elle a simplement joué de la malchance après avoir accepté de diriger un pays qui s’est fait notablement remarquer par un cycle de violences très meurtrières et dont le président sortant a brillé par une incompétence inédite.
         L'invitation ne signifie pas l'absolution. Ainsi le département d'Etat a-t-il fait part, sans détours, la semaine dernière, de sa préoccupation suite à la succession de meurtres d'exilés politiques rwandais. Il s'est par ailleurs élevé contre les lois homophobes en Ouganda et au Nigeria.
         Enfin, Washington réunira, parallèlement, de jeunes talents du continent africain car les Etats-Unis souhaitent dialoguer avec les dirigeants d'aujourd'hui mais aussi ceux de demain.
         En définitive, chaque partie du sommet Etats-Unis - Afrique aura à trouver son compte. Les pays africains auront à refaire leur image sur l’échiquier international après ce sommet. En effet, plusieurs pays africains n’étaient plus en odeur de sainteté avec Washington. En plus, à chaque dirigeant de tirer le maximum des dividendes de toute sorte d’un tel sommet faisant figure de grande première. Quant au pays hôte, ce sommet va constituer une belle occasion de recadrer sa politique africaine sur plusieurs domaines. L’invasion des Chinois dans le champ africain est loin de laisser tranquilles des partenaires traditionnels comme les Etats-Unis.
         In fine, le sommet aura servi à quelque chose si le peuple africain va y trouver son compte.
Kléber Kungu

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