72 heures à Mbanza-Ngungu
Comment GKV et José Mambwini s’implantent à Mbanza-Ngungu
(Kléber Kungu, de retour des Cataractes)
Les Cataractes – nous sommes tenté de dire le Bas-Congo - ont leur télévision de prédilection : Global Kongo Vision Network Television (GKV) dont l’initiateur est un fils du terroir, José Mambwini Kivuila-Kiaku. Soixante-douze heures passées à Mbanza-Ngungu nous ont mis devant une évidence : GKV, Ngungois et José Mambwini travaillent dans une complicité heureuse pour le bien de cette région. Récit d’un voyage au cœur de l’événement.
Aucun habitant des Cataractes –ou presque –n’ignore GKV. Ces trois petites lettres qui ne veulent rien dire, disent en réalité grand-chose. C’est la chaîne de télévision qui a vu le jour au chef-lieu du territoire de Mbanza-Ngungu pratiquement … le 8 juin 2011, date de la fin de la période d’essai. Moins d’un mois plus tard, tout Ngungois ne jure que par ce média. « Notre télévision », disent les filles et fils de Mbanza-Ngungu.
Oui, cette télé - la toute première par la qualité de ses images que le monde des médias ait pu jamais implanter dans cette contrée, et par le programme dont son géniteur promet de la doter – est entrée dans la vie quotidienne, aussi bien des habitants de Mbanza-Ngungu que ceux d’autres coins du Bas-Congo : Kisantu, Madimba, Boma, Muanda, Matadi…où elle est captée sans beaucoup d’efforts techniques. « Prenez votre téléviseur, ouvrez-le sans antenne extérieur, sinon un clou, et vous avez GKV avec des images impeccables », m’avoue un Ngungois.
Un agent d’une entreprise de télécommunication cellulaire locale, partenaire de GKV, fait le même commentaire, alors qu’il s’adresse à José Mambwini, que j’accompagne. « Les images sont impeccables comme si vous suivez les images d’un CD ».
Et pourtant GKV, mieux son siège, reste encore un chantier en construction qui s’implante – s’est déjà implanté – à Mbanza-Ngungu. J’en visite ses services : le secrétariat, le plateau, la régie… Du matériel arrivé tout récemment est entassé pêle-mêle au plateau où deux gros projecteurs trônent. « C’est du matériel pour la régie de l’Université Kongo (UK) », me confie José Mambwini. « Kléber, voici le fruit de mon investissement », ajoute-t-il.
Un personnel aussi compétent que dévoué
GKV dispose d’un personnel aussi compétent que dévoué. A la régie, où trône le réalisateur Dominique Kinanga, un chauve volontaire, s’empilent machines, écran TV, mixeur, titreurs et une montagne de supports de films, documentaires, albums de chansons… Ce technicien, dont le patron ne tarit pas d’éloges sur sa compétence avérée, parle plus avec ses doigts qu’avec sa bouche. Un doigt sur tel matériel, un autre sur tel autre, timide, une paire de lunettes visée sur de beaux yeux, Dominique Kinanga, debout la plupart de temps, reste l’un des techniciens sur qui repose la vie, l’avenir de GKV. Son téléphone sonne incessamment : des coups des téléspectateurs ne cessent de lui parvenir.
Vendredi 1er juillet, alors qu’est rediffusé le défilé des kimbanguistes du 30 juin, un texto d’un téléspectateur de Kisantu fait grésiller son téléphone. «C’est bien vos idées. Vous êtes le seul ». Quelques instants plus tard, alors qu’un film de guerre qu’adorent les militaires de cette cité, fait le relais, un autre texto tombe. « Pourquoi vous voulez le cinéma ? Vous nous apprenez la guerre ? Pourquoi il n’y a pas de film nigérian ? On a besoin de ça ». Au sujet de ces films, le Boss a déjà donné sa position au cours de la conférence de presse qu’il a organisée la veille. « Pas de films nigérians, surtout ceux interprétés en lingala ! » José Mambwini veut à tout prix promouvoir les films locaux.
Brièvement, il m’explique le fonctionnement de la régie. Avant de me retrouver aux bons soins d’un autre technicien, aussi long et frêle qu’un roseau. Nyimi Nsakala Aly, chef du service technique, muni de son journal de relevés de données techniques journalières, répond aux questions du Boss sur le fonctionnement de l’émetteur, dont le ronronnement sourd chatouille mes oreilles.
Doté d’une forte expérience technique, Diambu Mansita Augustin, celui que les autres agents de GKV appellent affectueusement « chief » (à prononcer en anglais), met de plus en plus la main à la pâte à la régie. C’est lui le chef de station. Ce technicien, dont le sac ne quitte que lorsqu’il va au lit, est l’un des meilleurs, sinon le seul, de la province en matière d’installation d’antennes paraboliques.
Josef Sanu (chef de service administration), Edouard Ngiangumuna (chef de service d’intendance), Eleanor Lukubama (cheffe de service commercial et administratif), Fidèle Nseke, Jean Kiala, JK pour les fans, NC Leka (prononcez én-si), Eugénie Kisafu, Laurence Pholo Mambu (animateurs) et Pr Sabakinu Kivilu (PCA de GKV) complètent l’équipe, forte de 11 agents (7hommes et 4 femmes) qui donne vie à GKV.
De la compétence, de la fidélité de toute cette équipe, José Mambwini, qu’elle et tout Mbanza-Ngungu appellent affectueusement « l’Eléphant du Golf », ne cesse de m’en parler durant tout le séjour. Le P-D.G de GKV refuse d’être un patron distant de ses agents. Son arme, ce sont ses blagues qui meublent abondamment les entretiens qu’il a régulièrement avec eux. Ce qui lui vaut beaucoup d’estime de leur part.
Une fois à la station, José Mambwini contrôle tout – je voudrais dire veut savoir si tout fonctionne bien – en posant des questions ici, en donnant des ordres là. Cet enseignant, docteur en lettres et civilisation latine de l’université Sorbonne Paris IV, est spécialiste en TNT, qui maîtrise à merveille le secteur de l’audiovisuel.
Des « bonjour, Eléphant du Golf » nous accueillent à chaque apparition publique. C’est chez Eleanor Lukubama que j’apprends en premier lieu que le numéro un de GKV est ainsi surnommé. Lorsque je demande à cette dame pourquoi ce surnom et si c’est en raison de sa grosseur corporelle, elle me répond avec précision et du tic au tac « c’est à cause de la grosseur de son œuvre » (GKV, NDLR).
Les journées de celui que certains Ngungois appellent aussi le « Mammouth du Golf », sont très chargées. Invitations, réceptions meublent le temps de l’initiateur de GKV. Les visiteurs ne manquent à la chaîne de télévision GKV. Qui pour solliciter une tranche d’émission sur la chaîne, qui pour solliciter encore la publication de sa BD sur les miracles de Simon Kimbangu…Le chemin sur des responsabilités plus grandes en faveur d’une population qui a besoin d’un meneur d’hommes est déjà ouvert. S’en rend-il compte ?
Dans tous les cas, en installant une chaîne de télévision à Mbanza-Ngungu, José Mambwini était peut-être loin de s’offrir une occasion de s’approcher d’un territoire où est enterré son nombril. L’occasion est maintenant là, dans une complicité parfaite entre GKV, les nombreux téléspectateurs et lui-même.
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