Conférence internationale sur Simon Kimbangu
Théophile Obenga place Simon Kimbangu au rang des grands hommes
A son troisième jour, la Conférence internationale sur Kimbangu, qui se tient dans la salle Mama Marie Muilu de l’amphithéâtre du Centre kimbanguiste d’accueil et de conférences, révèle, chaque jour, des choses plus intéressantes les unes que les autres. Les exposés sont d’une hauteur scientifique que le débat qui s’ensuit en est marqué. Le professeur Théophile Obenga, du Congo-Brazzaville a confirmé que Simon Kimbangu est un « grand homme », tandis qu’auparavant Walker Sheila, présidente de l’ONG Afrodiaspora aux Etats-Unis d’Amérique a démontré que la culture de l’Afrique centrale est à la base de la culture des Amériques. Lire le 2ème exposé dans notre édition de demain.
Dans une démarche scientifique intéressante, Théophile Obenga a démontré que Simon Kimbangu remplit les critères d’un grand homme. Pour le faire, il a d’abord défini ce qu’il entendait, ensuite il s’est demandé si le portrait de Simon Kimbangu pouvait correspondre à celui d’un grand homme. Pour terminer, il s’est interrogé comment la libération de l’homme noir s’est confondue avec le destin de ce prophète hors pair.
Pour cet historien de grande renommée, le monde regorge de beaucoup de grands hommes. Ceux-ci sont toujours des précurseurs et de leur vivant, ils ne sont toujours pas compris, peu compris, ou pas compris du tout par leurs semblables. Leur vie semble un échec, une vie d’insuccès. Un grand homme n’a pas de vie matérielle…
Malgré cela, ces personnages historiques portent un message invincible, d’une envergure universelle. Ce sont des anges, c’est-à-dire des messagers, des visionnaires ; ils guérissent, ils font des miracles.
Ces incompris, c’est plus tard qu’on arrive à les comprendre. C’est plus tard qu’on admire leur haute spiritualité. Leur origine sociale est souvent modeste. Plus ils sont pauvres, plus ils sont dévoués. Ils mènent une vie d’excellence, de perfection. Leur bonheur est invisible, il est intérieur. Ils incarnent le don d’esprit, de voyance : cette sublime capacité de voir.
Les grands hommes ont une vue très large, ils sentent l’appel du large. Un grand homme est saisi dans le présent par l’urgence du futur. Les urgences du présent se lient à celles du futur. Ces 2 urgences font la vie. C’est l’urgence des bâtisseurs, des créateurs, des prophètes.
L’urgence prophétique est comme un fleuve qu’aucun handicap ne peut changer de cours.
Un grand homme est un homme inspiré, un homme mystique. Il est poussé par diverses forces, dont la force divine.
Est-ce que ce portrait correspond à celui de Simon Kimbangu ?
Est-ce que ce portrait correspond à celui de Simon Kimbangu ? A cette question, le professeur Théophile Obenga n’a pas hésité de répondre par un ‘’oui’’ et d’en apporter des arguments. « Parce que les grands hommes historiques sont rares. Simon Kimbangu est l’un d’eux dans l’histoire de l’humanité. La dimension ethnique n’est plus nécessaire », a-t-il déclaré, en regrettant que Simon Kimbangu soit réduit à un simple fondateur d’Eglise par de nombreuses études menées sur lui. Ce qui est loin d’être la réalité, car l’Eglise, tout le monde peut en créer.
Simon Kimbangu est un législateur, un libérateur. Les grands hommes ont la sincérité angélique qui est leur pain. Ils ont une spiritualité avec projet. Car une spiritualité sans projet humain ne vaut rien. Il faut une spiritualité qui favorise une bonne vie, une spiritualité de libération.
Pour cet homme de science, le destin de Simon Kimbangu est intimement lié à celui de l’homme noir. Simon Kimbangu qui avait vécu toutes les brimades de l’homme blanc, a eu le destin, la passion de libérer l’homme noir.
Par son message d’interpellation, fort applaudi, Théophile Obenga a invité ses pairs de créer eux-mêmes leur propre puissance. Alors que l’occident n’a plus de ressources naturelles, l’industrie forte se trouve chez lui. Ce qui explique le pompage des ressources humaines et naturelles dont l’Afrique est victime depuis le XIVème siècle.
Il en outre fustigé le fait que les Occidentaux présentent tous les grands hommes, comme Simon Kimbangu avec des clichés, en les minimisant.
Le message de libération de Simon Kimbangu est un message de puissance. Il ne prêche par l’isolement, le rejet de l’autre, l’enfermement.
L’homme d’Etat congolais a invité les Africains à ne pas continuer à rester dans la fragilité de toute sorte : alimentaire, sanitaire, sécuritaire, environnementale. « Nous sommes des pays appauvris et surexploités » et non des pays pauvres très endettés. Plus on est fragile, plus on est exploité.
« La nature humaine, le tempérament de quelqu’un, sa propre passion, la conviction, la mission, la vision propre créent le combat. Il faut avoir toutes ces choses et Simon Kimbangu les a possédées. Voilà pourquoi il est un grand homme. Il ne faut plus le ramener au niveau du syncrétisme. Et une fois l’homme noir libéré, l’Afrique va se construire », a déclaré Théophile Obenga en guise de conclusion, sous des applaudissements nourris.
« Voilà un discours que toute l’Afrique doit écouter. Je crois que les organisateurs prendront les dispositions pour que ce discours soit entendu en Afrique et dans le reste du monde. Nous devons nous reconnaître en cet homme, de l’assumer et d’intérioriser son message », ainsi résumait le professeur Lututala Mumpasi, modérateur.
Kléber Kungu
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