mardi 5 juillet 2011

GKV sommé de fermer, à défaut de payer 75 000 USD

72 heures à Mbanza-Ngungu
GKV sommé de fermer, à défaut de payer 75 000 USD
(Par Kléber Kungu, de retour des Cataractes)
La chaîne de télévision Global Kin Video Network Television (GKV) est sommée de fermer 24 heures après la fin de l’essai technique. Elle est obligée de payer… 75 000 dollars américains de taxe à la Division provinciale des postes, téléphones et télécommunications du Bas-Congo. Cette décision émane du chef de cette Division par sa note n° DP/PTT/BC/01/021/2011 du 9 juin. La nouvelle a jeté un émoi glacial auprès de nombreux Ngungois qui menacent de manifester contre cette décision inique.
« J’ai l’honneur de vous transmettre en annexe de la présente la note de taxation n° 032 du 9 juin pour paiement éventuel », annonce la lettre signée par Théophile Umba-di –Makuala, dont L’Observateur a pu obtenir copie. A cette lettre est annexée la note de taxation n° 032/2011 qui astreint GKV de payer un montant de 69 226 000 FC, l’équivalent de 75 000 dollars américains pour l’exercice 2011. La note chute par cette menace : « Ce montant doit être payé endéans 15 jours. Passé ce délai, nous nous verrons dans l’obligation de procéder au recouvrement forcé et d’appliquer à votre endroit les dispositions pénales prévues en ces matières ». Fin de menace.
A l’annonce de cette nouvelle aussi très triste que surprenante, les nombreux téléspectateurs des Cataractes en particulier et du Bas-Congo en général n’ont pas ménagé leur désapprobation, allant jusqu’à menacer de marcher pour protester contre cette décision qu’ils qualifient d’inique.
« Personne n’a le droit de fermer leur télévision au motif de payer un montant extrêmement excessif », a déclaré Godé, le chargé de communication de l’Association des Bana Zongo (Abazo), l’une des associations sans but lucratif les plus actives à Mbanza-Ngungu, chef-lieu du territoire et du district du même nom, au cours de l’émission « Ici Ngungu », animée par NC Leka.
« Félicitations pour la chaîne, mais surtout pour le film sur Nuit africaine que tous les jeunes de Mbanza-Ngungu ont eu le privilège de suivre ici sur place. Mais, par contre, nous avons été surpris d’apprendre que GKV est taxé de payé 75 000 dollars…S’il arrive quelque chose à notre télévision, nous marcherons pour protester contre cette décision », a-t-il prévenu, alors que nous venions d’arriver à la cité de Mbanza-Ngungu.
La nouvelle est aussi un choc au géniteur de GKV qui a déclaré qu’il n’hésiterait pas un seul instant de le fermer pour satisfaire à la volonté de la Division provinciale des PTT du Bas-Congo. Il l’a fait savoir au cours de la conférence de presse qu’il a organisée le jeudi 30 juin au siège de la télévision.

Prières et bénédictions en faveur de GKV
Jeudi 30 juin, un autre habitant de Mbanza-Ngungu a tenu à présenter ses encouragements et félicitations à José Mambwini, alors que nous nous dirigions au stade Kitemoko pour le défilé du 30 juin. « Boss, pour tout ce que vous faites en faveur de Ngungu, que Dieu vous bénisse », a-t-il déclaré. Au « Mais certaines personnes nous obligent de fermer si nous ne payons pas 75 000 dollars de taxes » du numéro un de GKV, le jeune homme a ajouté ceci « Il y a beaucoup de prières. Si la mienne n’est pas entendue, celles des autres le seront. »
C’est lorsque nous sommes arrivés au stade, avant le début du défilé, que nous avons compris la place que les Ngungois accordent à leur chaîne de télé dans leur vie quotidienne. Militaires et leurs épouses, particulièrement ceux du camp colonel Ebeya, ne jurent que par elle. « Moi, je désire devenir animatrice en langue tshiluba, moi en kikongo », annoncent, très enthousiastes quelques épouses de militaires. Quelques poses de photo des militaires, leurs épouses et José Mambwini cimentent ces relations naissantes entre GKV et ses téléspectateurs.
Tout compte fait, GKV, reste une initiative qui vaut prières et bénédictions en faveur de celui qui a décidé de dépenser son argent d’enseignant pour désenclaver son terroir ainsi que tous ceux qui y habitent.
L’on peut donc très bien comprendre quel effet cette mauvaise nouvelle a provoqué au sein de la communauté bénéficiaire des services de GKV : refroidissement complet de l’enthousiasme euphorique des Ngungois né au lendemain du lancement du premier signal de cette chaîne de télévision qu’ils se sont appropriée.
L’opinion ne comprend pas comment une chaîne de télévision doit payer une telle somme 24 heures après la fin de l’essai technique intervenu le 8 juin. En termes clairs, GKV est sommé de payer 75 000 dollars 24 heures après, alors qu’elle vient de commencer à émettre officiellement. Ce qui signifie clairement que ses caisses sonnent encore creux ! 75 000 dollars, c’est excessif comme taxes !
Toujours prêtes à décourager les initiatives privées des fils et filles du pays avec des diverses tracasseries, les autorités du pays ne lésinent jamais sur les moyens pour « renflouer leur caisse » une fois une entreprise commence à prendre corps. Créer une entreprise en RDC est un long chemin jonché d’embûches de toutes sortes (tracasseries administratives, diverses taxes…) Y parvenir appelle beaucoup de dose de patience, de volonté, d’abnégation, mais surtout d’amour pour son terroir et son pays. Sinon, on laisse tomber au moindre signal.
Aux autorités du district des Cataractes de refuser de se voir arracher cet outil de communication qui leur permet de s’adresser aux administrés en un temps record, car GKV arrose tout le territoire des Cataractes, jusqu’à Boma en passant par Matadi, Muanda. Aux Ngungois également de s’opposer à toute tentative de se voir bâillonner.

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