Conférence internationale sur Simon Kimbangu
Les hommes de science réfléchissent sur : « Qui est Simon Kimbangu ?»
La Conférence internationale sur Simon Kimbangu s’est ouverte depuis dimanche 24 juillet. Durant 4 jours, ce forum où participe une centaine d’hommes de sciences va réfléchir sur des questions capitales comme « Qui est Simon Kimbangu ?», « Qu’a-t-il donc fait ? ». Les couleurs de cette méga rencontre des scientifiques venus du monde entier ont été données par le mot de circonstance du président du comité scientifique et du comité d’organisation de cette rencontre, le Pr. Elikia Mbokolo.
« Simon Kimbangu (1887-1951), l’homme, son œuvre et sa contribution au processus de libération de l’homme noir » est le thème central sur lequel des centaines d’hommes de science, venus quasi de tous les coins du monde, vont réfléchir pour dégager le travail immense que cet agriculteur doublé d’un joueur de flûte a réalisé en faveur des millions de fidèles de son Eglise à travers le monde.
« Je vous invite de regarder cette salle [salle Mama Marie Muilu, NDLR]. Il n’y a rien (pas de tôles, pas de carreaux, pas de briques, pas de fleurs…) qui ne soit le résultat des kimbanguistes, rien qui ne soit l’œuvre commune des kimbanguistes (…). Ces maçons, ces charpentiers, ces menuisiers, ces camionneurs…ont transporté, jour et nuit, ces matériaux pour construire ce bâtiment. Merci et bravo pour le travail réalisé. » Le professeur Elikia Mbokolo prononçait son mot de circonstance au cours de la cérémonie d’ouverture « de la très attendue Conférence internationale sur Simon Kimbangu » dimanche 24 juillet, sous le haut patronage du président de la République, Joseph Kabila Kabange, représentée à cette cérémonie par le vice-Premier ministre et ministre en charge des PTT, Simon Bulupiy Galati.
En invitant les participants et les invités à cet exercice visuel, le Pr. Elikia Mbokolo, qui préside le Comité scientifique et du Comité d’organisation de cette conférence, a voulu les mettre devant une évidence : « la volonté de compter sur ses propres forces », qui caractérise de manière particulière les fidèles kimbanguistes. « Quand on veut, on peut, quand on veut beaucoup, on peut beaucoup », a-t-il conclu, comme pour justifier les réalisations des kimbanguistes.
Dans un mot de circonstance qui n’avait rien de ceux que nous avons l’habitude de suivre, le président du Comité scientifique et du Comité d’organisation a invité ceux appelés à parler aux autres de Simon Kimbangu dans ce forum organisé par des hommes de science, d’en relever le niveau. Par son mot, il venait d’en donner les couleurs.
Qu’a-t-il donc fait, ce Simon Kimbangu ?
Qu’a donc fait Simon Kimbangu, ce simple paysan agriculteur doublé d’un joueur de flûte? Elikia Mbokolo a tenté de circonscrire la réponse à cette question fondamentale en partant de la célèbre prophétie de celui qui incarne et symbolise aujourd’hui la résistance des Noirs face aux injustices des Blancs. « Des Noirs deviendront des Blancs et des Blancs deviendront des Noirs » sera l’élément déclencheur du calvaire de Simon Kimbangu qui va le conduire de la prison de Thysville, aujourd’hui Mbanza-Ngungu à la mort en passant par un jugement inique de 3 jours le condamnant à la peine de mort et la prison d’Elisabethville, aujourd’hui Lubumbashi, chef-lieu du Katanga.
Le catéchiste, qui n’avait pas encore 35 ans lors de son emprisonnement, va passer 30 ans dans sa cellule d’où il sortira mort. Son message de « subversion » va continue de travailler dans l’opinion. Avant de ressurgir en explosant le 4 janvier 1959, dans la commune de Kasavubu où habitait un certain Joseph Kabila, lorsque les émeutes populaires ont déclenché l’indépendance de la RDC. La prophétie de Simon Kimbangu venait de se concrétiser.
Au passage, il a évoqué la révision du procès de Simon Kimbangu dont l’arrêt a été rendu le vendredi 22 juillet, le réhabilitant en reconnaissant qu’il n’était pas un criminel, comme l’avait signifié le Conseil de guerre de Thysville, le 3 octobre 1921. Simon Kimbangu dont l’Eglise n’a pas jamais été détruite par les colonisateurs qui l’ont interdite avant de la reconnaître le 24 décembre 1959, vient donc de sortir victorieux après plusieurs décennies d’opprobre.
Tout compte fait, Simon Kimbangu demeure l’une des grandes figures fondatrices du Congo que le pays a donné à l’Afrique et au reste du monde. D’autres figures sont aussi Kimpa Vita brûlée, Patrice Lumumba, assassiné et Laurent-Désiré Kabila assassiné également.
« Bolingo, Mibeko, Misala », la devise des kimbanguistes veut dire beaucoup de choses à la fois qui montre entre autres l’amour, le respect aux lois du pays, la prise en charge de soi.
Parler de Simon Kimbangu, de son œuvre, de sa contribution au processus de libération de l’homme noir signifie aussi écarter « beaucoup de rumeurs, trop de rumeurs, de diffamations, de diabolisation » sur cet homme dont on a aussi dit des choses heureuses.
Voilà donc une des occasions offertes aux hommes de science, aux « travailleurs de l’esprit » de répondre aux questions fondamentales comme « Qui est Simon Kimbangu ? », « Qui est finalement Simon Kimbangu ? », « Qui est le Simon Kimbangu de tous les récits qui se succèdent sur cet homme ? », « Est- il seul ? »
Après tout ce qui a été déjà dit sur cet homme, le Pr. Elikia Mbokolo s’interroge : « Qu’avons-nous encore à dire et à apprendre aujourd’hui de lui et de son Eglise ?» Un homme que la République, par son président Joseph Kabila, a reconnu comme héros national en le décorant, à titre posthume, Grand cordon Kabila-Lumumba ?
Simon Kimbangu reste à ce jour un patrimoine commun à nous tous. « Non, Simon Kimbangu n’appartient pas aux seuls kimbanguistes, aux seuls bakongo, aux seuls Africains ». Cette déclaration de l’historien Elikia Mbokolo n’a pas laissé indifférents les cœurs de toute la salle. Qui l’a accueillie par une salve d’applaudissements.
Kléber Kungu
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