lundi 11 juillet 2011

Crash de Kisangani: un deuil national de 3 jours décrété

Crash de Kisangani: un deuil national de 3 jours décrété
Un deuil national de 3 jours a été décrété, à dater du 9 jusqu’au 12 juillet, par le gouvernement central au cours duquel le drapeau national sera en berne et la musique sur les ondes des médias devra être appropriée à la circonstance. Le bilan de ce crash est fort lourd : 77 morts, dont l’évêque du diocèse d’Isangi, Mgr Camile Lembie, évêque d’Isangi, dans la province Orientale, et Justin Mayabuana, un arbitre du Bas-Congo parmi les cinq officiels des entités sportives (deux arbitres de Kinshasa, Malunga Mboti et Benjamin Bambe, un autre du Bas-Congo, Justin Mayabuana, un commissaire au match, Norbert Mafuta ainsi qu’un délégué de la Linafoot, Pascal Tshimanga).
En raison de ce drame national, qui vient d’allonger la liste déjà très longue des Congolais fauchés par ce genre de drame, le président Joseph Kabila s’est rendu samedi 9 juillet à Kisangani pour s’enquérir sur place de la situation du crash d’un appareil de la compagnie d’aviation Hewa Bora qui s’est produit vendredi à l’aéroport de Kisangani. Dans la suite du chef de l’Etat, le vice-Premier ministre en charge des Postes, Téléphones et Télécommunications, Simon Bulupi Galati, le ministre de la Santé publique, Victor Makwenge Kaput et des Affaires sociales, Actions humanitaires et Solidarité nationale, Ferdinand Kambere Kalumbi et celui des Transports et Communication.
Joseph Kabila a dû offrir les services de l’avion personnel pour l’acheminement des blessés à Kinshasa pour des soins appropriés. Les survivants ainsi que les corps des victimes du crash du vendredi 8 juillet à l’aéroport de Bangoka, à Kisangani, ont été ramenés à Kinshasa pour leur rapatriement vers leurs provinces d’origine. Il a échu à Olive Lembe Kabila d’accueillir les survivants et les corps des victimes à l’aéroport international de N’djili. L’émotion due à ce drame était telle que la première dame n’a pas résisté à verser quelques larmes de compassion à la vue des victimes.
Mgr Camile Lembie, évêque d’Isangi, dans la province Orientale, retournait dans son diocèse après avoir participé à toutes les réunions de la Commission épiscopale nationale du Congo (Cenco) de l’Eglise catholique. Il devrait ordonner, le dimanche 10 juillet, un jeune prêtre à Isangi même.
Quant aux cinq officiels des entités sportives qui étaient également à bord de l’aéronef de Hewa Bora qui a crashé ( deux arbitres de Kinshasa, Mahungu Miboti et Benjamin Pande, un autre du Bas-Congo, Justin Mayabuana, un commissaire au match, Norbert Mafuta Kibeke ainsi qu’un délégué de la Linafoot, Pascal Tshimuanga) devaient superviser le match Malekesa-Mazembe, pour le compte de la 9e journée du championnat national de football prévu ce week-end.
L’appareil de la compagnie Hewa Bora a crashé vendredi en tentant de se poser à l'aéroport international Bangoka à Kisangani, dans la province Orientale. L'avion qui transportait 118 personnes au total, selon la compagnie, s'est écrasé dans la forêt à 300 m au-delà de la piste, lors de l'atterrissage, aux environs de 15H00 (14H00 heure de Kinshasa), alors qu'une très forte pluie s'abattait sur la région. Il a ensuite pris feu. Il assurait la liaison régulière Kinshasa-Kisangani-Goma (est).
Selon le directeur d'Hewa Bora, Stavros Papaioannoua, cité par TV5 Monde, il y avait ‘’112 passagers, avec deux hôtesses, un mécanicien et trois pilotes". "Les membres de l'équipage sont décédés, sauf les deux hôtesses qui ont été blessées".
Cet accident de l’appareil d’Hewa Bora, une des compagnies aériennes, est le dernier en date d'une série de catastrophes qui ont valu à la RDC l'un des records mondiaux de l'insécurité aérienne.
Hewa Bora figure sur une liste noire des compagnies aériennes établie par l'Union européenne pour des raisons de sécurité, à l'instar de tous les transporteurs congolais.

Deuxième accident grave depuis 3 ans
Pour cette compagnie, il s'agit du deuxième accident grave en l'espace de trois ans. En 2008, un DC-9 d'Hewa Bora s'était écrasé sur un faubourg de la ville congolaise de Goma, faisant 44 morts.
En avril 2011, 32 personnes avaient été tuées à bord d'un avion des Nations unies qui avait manqué son atterrissage à l'aéroport international de N’djili, à Kinshasa, la capitale. L'appareil était affrété par la compagnie Airzena Georgian Airways. Il s'agissait du premier crash d'un appareil de la Mission de l'ONU au Congo (Monusco), depuis le début de sa mission en 1999 et qui sillonne chaque jour le ciel de la RDC, un pays cinq fois plus grand que la France.
Selon le site internet d'Hewa Bora, la compagnie possède deux Boeing 727 comportant l'un et l'autre 137 sièges en classe économique et 12 en classe affaires. Ils assurent exclusivement des liaisons intérieures.
Le Boeing 727, qui fut un temps l'avion de ligne le plus vendu dans le monde, a entamé sa carrière en 1963. Le dernier modèle a été livré en 1984.
Une cinquantaine de compagnies aériennes congolaises font partie de la liste noire de la FAA américaine, de la DGAC française et de bon nombre de pays. Elles sont interdites de vol et de transit dans l'Union Européenne et aux États-Unis à cause des règles de sécurité bafouées et du manque de conformité aux standards internationaux en matière de sécurité aérienne et de certifications.
Comment ne pas pleurer chaque mois des morts dus aux crashs quand on veut économiser sur l'entretien, qu'on laisse voler des appareils de plus de 25 ans, quand on néglige la formation des pilotes et qu'on accepte les surcharges dans ces appareils, quand, au finish, les autorités congolaises en général, n’ouvrent pas grandement l’œil sur un secteur.
Les accidents d'avion sont fréquents en RDC. Le mauvais entretien des appareils, souvent anciens, leur surcharge s'agissant surtout des avions de fret, l'absence de contrôle, le non respect des règles de sécurité et aussi les mauvaises conditions météo en sont souvent la cause.
Tant que le gouvernement congolais ne prendra pas le taureau par les cornes pour mettre de l’ordre dans le secteur de transport aérien particulièrement, le peuple congolais continuera de pleurer ses morts à la suite des crashs. Mis à part l’aspect imprévisible des accidents, nous devons reconnaître, avec beaucoup de courage et d’honnêteté, que l’espace aérien congolais est survolé, de jour comme de nuit, aussi par des appareils qui ne devraient plus être autorisés de vol sous des cieux peu complaisants, que par ceux en règle. Il s’avère malheureusement que les seconds sont moins nombreux que les premiers. D’où la fréquence des crashs.
En définitive, faudra-t-il attendre qu’un crash qu’il nous arrive un crash comme celui qui avait emporté un samedi 10 avril le président polonais Lech Kaczynski, son épouse et plusieurs hauts responsables de la Pologne (dont le chef de l’état-major des forces armées, Franciszek Gagor, le vice-ministre des Affaires étrangères, Andrzej Kremer) pour que nous prenions le courage de nous pencher profondément sur un secteur qui continue d’emporter beaucoup de nos compatriotes ?
Kléber Kungu

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