samedi 23 avril 2011

BRICS ou une nouvelle puissance mondiale

BRICS ou une nouvelle puissance mondiale
Le Brics est une organisation politique internationale informelle regroupant (le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud) née il y a quelque 8 années. Elle est en passe de devenir une nouvelle puissance mondiale. Les cinq pays formant le Brics luttent pour l’avènement d’une nouvelle architecture financière mondiale en l’influençant très significativement. C’est le message que le Brics a fait passer lors de son dernier sommet tenu dans la ville de Sanya (Hainan), dans le sud de Chine, au cours duquel il a renforcé la voix des économies émergentes sur l'ordre économique et financier mondial. Ce sommet a permis de booster la coopération au sein du bloc dans divers domaines et a renouvelé les appels à réformer le système monétaire et financier mondial datant de l'ère de la Seconde Guerre mondiale, et à la fin éventuelle du long règne du dollar américain comme monnaie de réserve du monde.
Voilà entre autres la réponse à la question que se posent les analystes les plus avisés de la question géopolitico-stratégique « Qu’est-ce qui réunit cinq pays éloignés les uns des autres géographiquement, culturellement et politiquement? »
Dans l’histoire de la politique mondiale, on peut trouver divers exemples d’apparition et de développement d’institutions internationales, mais le BRICS est un groupe sans précédent. L’acronyme ingénieux, inventé en 2003 par Jim O’Neill de Goldman Sachs dans un but commercial (attirer l’attention des clients sur les marchés émergents), a commencé à vivre sa propre vie, en commençant à s’imposer dans le langage familier.
Les Etats qui forment le Brics entendent s’émanciper de la tutelle d’une communauté internationale en voulant présenter un autre langage et en accédant à un statut plus avantageux dans le monde. Ils forment l’alliance de pays très différents et pas toujours amicaux, mais mus par la même idée, à savoir que le monde change. Il est possible d’accélérer le changement en unissant les efforts lorsque c’est possible.
Le document sanctionnant la fin du sommet présente en effet une vision relativement claire du chemin à suivre par le monde: vers une plus grande équité et justice (avant tout la justice pour les 3 milliards d’habitants du Brics qui génèrent jusqu’à 50% de la croissance économique mondiale et qui ont, en fait, sauvé le monde de la crise).
Il y est indiqué les mesures prises et qui seront prises par le Brics pour établir une plus grande équité. Il est avant tout question des devises et des finances, d’une répartition plus équitable des quotas dans le cadre du Fonds monétaire international, par exemple.
Mais il existe également des thèmes politiques, notamment au sujet de la Libye. Entre autres sujets militaro-politiques parallèles. Le fait est qu’à l’heure actuelle, les cinq membres du Brics font partie du Conseil de sécurité des Nations Unies, et deux pays sont membres permanents jouissant du droit de veto.
Plusieurs raisons motivent les pays du Brics à s’unir dans cette structure. Premièrement, le sentiment largement répandu que le système des institutions mondiales ne correspond pas aux processus réels du XXIe siècle et que la réforme reste toujours théorique. Premièrement, le sentiment largement répandu que le système des institutions mondiales ne correspond pas aux processus réels du XXIe siècle et que la réforme reste toujours théorique.
Mais tous, pour leurs propres raisons qui ne coïncident généralement pas sont insatisfaits de leur situation actuelle. L’ordre mondial multipolaire nécessite des formats différents de ceux du monde bipolaire pendant la guerre froide. Mais en fait, ils n’ont pratiquement pas changé depuis. Ce n’est pas un hasard si dans ses déclarations le Brics remet en cause la légitimité du système existant. Cependant, il ne faut pas compter, par exemple, sur la réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies qui reflète la disposition des forces de 1945: les membres permanents actuels, qui ont des privilèges, ne comptent pas les partager avec qui que ce soit. Toutefois, cela concerne également deux membres du BRIC: la Russie et la Chine.
Deuxièmement, la nécessité de chercher des approches véritablement nouvelles du règlement des problèmes globaux est évidente. Les cinq pays estiment que le discours mondial est pratiquement monopolisé par l’Occident. Non seulement cela ne correspond pas à la disposition des forces économiques et même politiques, mais également empêche de trouver de nouvelles solutions qui pourraient naître seulement en élargissant la discussion.
Troisièmement, les cinq pays sont conscients des limites de leurs efforts pour améliorer leur propre influence et leur poids dans l’arène internationale, en agissant seulement dans le cadre des structures existantes. On pourrait dire que le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud cherchent des moyens de renforcer leurs positions dans le processus de formation du futur ordre mondial. Le fait qu’ils représentent toutes les régions importantes du monde justifie d’autant plus leurs aspirations.

Le Brics comme club politique des pays émergents
Le Brics ambitionne de s’ériger en club politique des pays émergents, tant au niveau de la politique internationale qu’à celui de l’économie
Quoique n’ayant pas de forte politique étrangère bien définie, il existe certains points communs, comme l'équilibre des relations internationales avec les États-Unis. La Russie, la Chine et l'Inde ont toujours pratiqué une politique d'indépendance envers les États-Unis. La nouveauté dans le Brics, c'est que le Brésil, lui aussi, à rejoint le « club » des pays critiques envers la politique américaine. L'un des actes fondateurs de la politique du Brics est la non-reconnaissance du Kosovo. En effet, aucun des membres n'a reconnu le Kosovo jusqu'à présent, alors que Washington pratique un lobbying important pour la reconnaissance de l'ex-république.
Le Brics s’est aussi opposé aux interventions armées en Libye et en Côte d'Ivoire. Tous membres actuels du Conseil de Sécurité, ces pays se sont abstenus lors du vote de la résolution sur la Libye.
Il est déjà clair que les "nouvelles puissances" demanderont prochainement des comptes à ceux qui tentent d’outrepasser le mandat qui leur a été confié en Libye. Autrement dit, le Brics veut ancrer sa philosophie des relations internationales. Une façon de donner un autre son de cloche dans des dossiers politiques, économiques internationaux.
Comme pour dire qu’il n’est plus acceptable que des questions d’intérêt commun soit l’apanage de seules puissances internationales sans qu’une autre structure puissante n’intervienne.
Au niveau économique
Le Brics veut renforcer son poids et mieux faire avancer son point de vue dans les négociations économiques internationales notamment au Groupe des 20, au FMI et à l'OMC. Lors du sommet du 14 avril en Chine, ils ont insisté sur la nécessité de réformer le Système monétaire international, de réviser la composition des Droits de tirage spéciaux.
Si ces Briques, pardon Brics, peuvent permettre de former une autre structure solide dans cette grosse maison qu’est la communauté internationale, qu’ils soient alors les bienvenus. Pourvu que les positions des pays du Brics se démarquent concrètement de celles parfois iniques des grands du monde, source de bien des frustrations.
Ce qui pourrait être loin d’être obtenu. En effet, certains pays du Brics (la Chine, l’Inde, le Brésil) sont liés avec les Etats-Unis par des relations d’interdépendance économique et politique (la Russie). Toutefois, les analystes estiment que la croissance de l’influence du Brics n’est possible que grâce à la réduction, même relative, de l’influence de l’Occident.

Kléber Kungu

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