Tout se
paie ici bas
Un kuluna malade n’a plus l’usage de ses
membres
Il était revenu de Kisangani, il y a plus d’une année, où son
père, militaire de son état, l’avait chassé pour avoir violé une de ses sœurs. Embarqué
dans le premier avion en partance pour Kinshasa, ce jeune garçon, la vingtaine
révolue, atterrit dans la parcelle familiale avec pour bagages seulement ses habits. D’un caractère insupportable, ce
garçon, va vivre pendant quelques mois dans cette parcelle avant d’en être
chassé pour avoir tenté de violer une de ses tantes maternelles, mère de
nombreux enfants. Depuis, Dieu, dont le prénom est paradoxal avec son
comportement acariâtre menait une vie
de kuluna, avant de revenir un jour, malade, à un pas de la tombe. Tout se paie
ici bas.
Le premier jour de son retour, à
ceux qui le voyaient assis devant le portail de la parcelle familiale, Dieu
répétait qu’il était malade, que ses bras étaient incapables de faire un
moindre mouvement. Au fil des semaines,
la famille et les voisins découvrent que Dieu marche également difficilement.
Cependant, il a encore l’usage de sa voix.
Dieu n’a pas honte de
raconter sa vie de kuluna
Ce qui lui permet de pouvoir
s’entretenir avec autrui. A qui, comme s’agissant des hauts faits, il n’hésite
pas ni n’a honte de raconter ses exploits de kuluna.
Ainsi, à qui veut l’entendre, le
soir, après avoir ingurgité quelques boules de fufu avec de matembele (feuilles
de patate douce en français, NDLR) ou du pondu (feuilles de manioc, en
français, NDLR). Dieu se met à raconter comment, alors kuluna, en compagnie de
ses amis, il a tué un jour un homme, ou
volé des objets de valeur (téléphones notamment) à plusieurs personnes.
Outrecuidant, il a raconté comment
il a volé de l’argent d’un homme qui venait de toucher son salaire. Cet homme
ne serait-il pas responsable du mal dont souffre Dieu ? s’interrogent
plusieurs personnes à qui il raconte sa vie de malfrat. Ainsi le mot
« boulevard Kimbuta » ne quitte-t-il pas ses lèvres pour montrer que
cet endroit est un véritable repaire de kuluna aux petites heures du matin…
Les jours passent et le mal de Dieu va
de mal en pis. Il perd de mieux en mieux l’usage et de ses bras et de ses pieds.
Il dort à l’extérieur, à la belle étoile, exposé à toutes les intempéries.
Puisque ses bras ne fonctionnent plus, personne ne se rappelle la date où il
s’est brossé les dents qui, faute de soins, ont perdu totalement la couleur
blanche. Puisque se laver exige que les bras interviennent, Dieu ne se lave
plus.
Si vous voulez vomir à cause des
odeurs nauséabondes que dégagent le corps puant de Dieu, ayez seulement le
courage de vous placer à ses côtés ! Se mettre debout lorsqu’il est assis
sur un tabouret rélève d’un exploit surhumain pour ce kuluna qui est en train
de payer les actes ignobles qu’il a déjà posés du haut de ses 22 ans.
Dieu fait caca sur
place
Aujourd’hui, il se met à faire caca
dans ses habits à plusieurs reprises. Il ne peut en être autrement d’autant
plus que l’ancien kuluna est incapable, à l’état actuel, de porter ou d’enlever
ses habits, notamment. Nous sommes dimanche 22 février courant. Le malfrat qui, la veille, s’est empiffré de
beaucoup de repas avariés, va attraper de la diarrhée alimentaire. Après avoir
déféqué dans ses habits, Dieu n’a fait que se badigeonner le corps et ses
habits de son caca puant et crasseux.
Un véritable scandale au sein des
locataires dans la parcelle qui interpellent les bailleurs face à ce grand
désordre. La triste nouvelle arrive aux oreilles de la mère de Dieu par l’un
des locataires. Alors que quelques mois plus tard, Dieu et sa mère s’étaient
violemment disputés et au cours de cette prise de bec, le fils impoli n’avait
pas eu honte de qualifier sa mère de cane en raison du nombre élevé d’enfants
qu’elle a mis au monde.
Sans secours, Dieu a dû accepter que
la « cane » le lave comme un bébé…c’est-à-dire nu comme un ver de
terre. Dieu est en train de payer ses actes !
Mais Dieu n’a pas commis que ces
actes cités plus haut. Il est allé plus loin, il s’est comporté très mal dans
sa vie. Ce qu’il va raconter, confesser un jour à un des locataires qui le
supplient de se confesser.
« Coucher avec des femmes en menstruation »
« Un jour, commence-t-il, je
suis allé consulter un féticheur, catcheur de son état, pour qu’il me donne des
fétiches devant me permettre de devenir très glissant. Ainsi, lorsque je suis
attrapé, je serai capable d’échapper à mes poursuivants comme un poisson… Le
féticheur accède à ma demande en me donnant quelques consignes,
poursuit-il. Je devais coucher avec lui
et des femmes en période de menstrues. Mais comme prix, je devais lui remettre
deux poules blanches…Il se fait que je ne lui ai pas encore remis ces poules…,
termine-t-il son récit diabolique.
Après avoir accumulé tant de méfaits
qu’il conte comme hauts faits, Dieu est entre la vie et la mort, envoûté par un
esprit diabolique qui l’empêche ainsi que les membres de sa famille, sa mère
notamment, de l’emmener dans une église où il avait déjà commencé à se faire
soigner spirituellement.
Mardi 24 février, alors que sa mère
débarque le matin pour le prendre pour le conduire aux soins, après avoir
prétexté la culotte qu’il a jugée trop ample, Dieu arrive enfin à trouver un
autre prétexte pour ne pas se rendre à l’église : « je sens des
vertiges », dit-il à sa mère qui, convaincue, remet à aujourd’hui cette
séance, promettant de l’y conduire à bord d’une moto, question de trouver
1 000 FC de transport.
Dieu est en train de payer ce qu’il
a semé. Pour un des confrères, il aura à le récolter aussi longtemps que
possible. In fine, de ses membres, il aura des bras et des jambes atrophiés,
prophétise cet homme qui en a vu de toutes sortes dans sa vie.
Kléber Kungu
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