mardi 15 septembre 2015

Un kuluna malade n’a plus l’usage de ses membres

Tout se paie ici bas
Un kuluna malade n’a plus l’usage de ses membres
            Il était revenu de  Kisangani, il y a plus d’une année, où son père, militaire de son état, l’avait chassé pour avoir violé une de ses sœurs. Embarqué dans le premier avion en partance pour Kinshasa, ce jeune garçon, la vingtaine révolue, atterrit dans la parcelle familiale avec pour bagages seulement  ses habits. D’un caractère insupportable, ce garçon, va vivre pendant quelques mois dans cette parcelle avant d’en être chassé pour avoir tenté de violer une de ses tantes maternelles, mère de nombreux enfants. Depuis, Dieu, dont le prénom est paradoxal avec son comportement acariâtre   menait une vie de kuluna, avant de revenir un jour, malade, à un pas de la tombe. Tout se paie ici bas.
            Le premier jour de son retour, à ceux qui le voyaient assis devant le portail de la parcelle familiale, Dieu répétait qu’il était malade, que ses bras étaient incapables de faire un moindre mouvement.  Au fil des semaines, la famille et les voisins découvrent que Dieu marche également difficilement. Cependant, il a encore l’usage de sa voix.

Dieu n’a pas honte de raconter sa vie de kuluna
            Ce qui lui permet de pouvoir s’entretenir avec autrui. A qui, comme s’agissant des hauts faits, il n’hésite pas ni n’a honte de raconter ses exploits de kuluna.
            Ainsi, à qui veut l’entendre, le soir, après avoir ingurgité quelques boules de fufu avec de matembele (feuilles de patate douce en français, NDLR) ou du pondu (feuilles de manioc, en français, NDLR). Dieu se met à raconter comment, alors kuluna, en compagnie de ses amis,  il a tué un jour un homme, ou volé  des objets de valeur (téléphones notamment) à plusieurs personnes.
            Outrecuidant, il a raconté comment il a volé de l’argent d’un homme qui venait de toucher son salaire. Cet homme ne serait-il pas responsable du mal dont souffre Dieu ? s’interrogent plusieurs personnes à qui il raconte sa vie de malfrat. Ainsi le mot « boulevard Kimbuta » ne quitte-t-il pas ses lèvres pour montrer que cet endroit est un véritable repaire de kuluna aux petites heures du matin…
            Les jours passent et le mal de Dieu va de mal en pis. Il perd de mieux en mieux l’usage et de ses bras et de ses pieds. Il dort à l’extérieur, à la belle étoile, exposé à toutes les intempéries. Puisque ses bras ne fonctionnent plus, personne ne se rappelle la date où il s’est brossé les dents qui, faute de soins, ont perdu totalement la couleur blanche. Puisque se laver exige que les bras interviennent, Dieu ne se lave plus.
            Si vous voulez vomir à cause des odeurs nauséabondes que dégagent le corps puant de Dieu, ayez seulement le courage de vous placer à ses côtés ! Se mettre debout lorsqu’il est assis sur un tabouret rélève d’un exploit surhumain pour ce kuluna qui est en train de payer les actes ignobles qu’il a déjà posés du haut de ses 22 ans.

Dieu fait caca sur place
            Aujourd’hui, il se met à faire caca dans ses habits à plusieurs reprises. Il ne peut en être autrement d’autant plus que l’ancien kuluna est incapable, à l’état actuel, de porter ou d’enlever ses habits, notamment. Nous sommes dimanche 22 février courant.  Le malfrat qui, la veille, s’est empiffré de beaucoup de repas avariés, va attraper de la diarrhée alimentaire. Après avoir déféqué dans ses habits, Dieu n’a fait que se badigeonner le corps et ses habits de son caca puant et crasseux.
            Un véritable scandale au sein des locataires dans la parcelle qui interpellent les bailleurs face à ce grand désordre. La triste nouvelle arrive aux oreilles de la mère de Dieu par l’un des locataires. Alors que quelques mois plus tard, Dieu et sa mère s’étaient violemment disputés et au cours de cette prise de bec, le fils impoli n’avait pas eu honte de qualifier sa mère de cane en raison du nombre élevé d’enfants qu’elle a mis au monde.
            Sans secours, Dieu a dû accepter que la « cane » le lave comme un bébé…c’est-à-dire nu comme un ver de terre. Dieu est en train de payer ses actes !
            Mais Dieu n’a pas commis que ces actes cités plus haut. Il est allé plus loin, il s’est comporté très mal dans sa vie. Ce qu’il va raconter, confesser un jour à un des locataires qui le supplient de se confesser.

 « Coucher avec des femmes en menstruation »
            « Un jour, commence-t-il, je suis allé consulter un féticheur, catcheur de son état, pour qu’il me donne des fétiches devant me permettre de devenir très glissant. Ainsi, lorsque je suis attrapé, je serai capable d’échapper à mes poursuivants comme un poisson… Le féticheur accède à ma demande en me donnant quelques consignes, poursuit-il. Je devais coucher avec lui et des femmes en période de menstrues. Mais comme prix, je devais lui remettre deux poules blanches…Il se fait que je ne lui ai pas encore remis ces poules…, termine-t-il son récit diabolique.
            Après avoir accumulé tant de méfaits qu’il conte comme hauts faits, Dieu est entre la vie et la mort, envoûté par un esprit diabolique qui l’empêche ainsi que les membres de sa famille, sa mère notamment, de l’emmener dans une église où il avait déjà commencé à se faire soigner spirituellement.
            Mardi 24 février, alors que sa mère débarque le matin pour le prendre pour le conduire aux soins, après avoir prétexté la culotte qu’il a jugée trop ample, Dieu arrive enfin à trouver un autre prétexte pour ne pas se rendre à l’église : « je sens des vertiges », dit-il à sa mère qui, convaincue, remet à aujourd’hui cette séance, promettant de l’y conduire à bord d’une moto, question de trouver 1 000 FC de transport.
            Dieu est en train de payer ce qu’il a semé. Pour un des confrères, il aura à le récolter aussi longtemps que possible. In fine, de ses membres, il aura des bras et des jambes atrophiés, prophétise cet homme qui en a vu de toutes sortes dans sa vie.

Kléber Kungu

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