mardi 15 septembre 2015

Le calendrier électoral de l’opposition est-il opportun ?

Les élections font-elles peur ?
Le calendrier électoral de l’opposition est-il opportun ?
            L’opposition politique propose un calendrier électoral différent de celui rendu public jeudi 12 février par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Elle compte le déposer ce mardi 3 mars courant à certaines institutions nationales. A-t-elle raison en prenant cette option, cette opposition qui avait réclamé, à cor et à cri, la publication par la Céni du calendrier électoral ? Cette démarche est-elle constitutionnelle, alors que la Céni est la seule institution habilitée à élaborer un tel calendrier ? Peut-il être opportun ce calendrier électoral, qu’il soit proposé par l’opposition ou la Majorité présidentielle dès lors que la Céni, composée de toutes les composantes (opposition politique, Majorité  présidentielle, Société civile) a fait son travail ?
            Des partis de l’opposition politique, des regroupements politiques et parlementaires de l’opposition ainsi que ceux de la société civile et de la diaspora ont proposé vendredi 27 février un projet de calendrier électoral qu’ils estiment « réaliste, réalisable et cohérent ».
            Ils proposent que les élections locales, municipales et urbaines « qui sont plus complexes mais nécessaires à la consolidation de l’Etat et de la démocratie » se tiennent après 2016 « pour une programmation plus rationnelle ».
            Pour eux, il est question de corriger le calendrier de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) qu’ils qualifient de non consensuel. Une démarche que la Majorité présidentielle qualifie d’anticonstitutionnelle.

 Tant d’agitations, pourquoi ?
            Pourquoi tant d’agitations au sein de l’opposition après la publication du calendrier électoral que la Céni a qualifié de global et qu’elle ne veut, pour tout l’or du monde, rectifier parce qu’une frange de la classe politique trouve qu’il n’est pas réaliste.
            Dans sa dernière conférence de presse tenue vendredi 20 février à son siège,la Céni, par son rapporteur, Jean-Pierre Kalamba Mulumba, a souligné et expliqué le caractère « global, consensuel, réaliste, constitutionnel et légal » en dépit de tout ce qui se dit sur ce document.
            Pour la Céni, le calendrier électoral est global dans la mesure où il intègre les différents scrutins du cycle électoral et assure la régularité des élections en RDC ;, ce qui met fin aux arriérés électoraux de 2006 et 2011.
            Il tire son caractère consensuel par le fait qu’avant sa publication, plusieurs cadres de concertation avaient été organisés par la Céni avec toutes les parties prenantes, y compris avec « le Comité de liaison avec les mandataires des partis politiques régulièrement accrédités »,    aussi bien à Kinshasa que dans dix provinces du pays.
            Il est réaliste pour deux raisons. D’abord, du fait que le coût des opérations relève du budget pluriannuel convenu avec le Gouvernement, dont il a déjà débloqué une partie qui a été utilisée à l’opération de fiabilisation du fichier électoral et de stabilisation des cartographies opérationnelles. Ensuite, du fait que les délais des opérations contenus dans ce calendrier sont plus raisonnables qu’en 2006 ou 2011.
            Enfin, ce calendrier est constitutionnel et légal car les délais légaux ont été respectés, à savoir particulièrement : les articles 70, 73 et 103 de la Constitution.
            Comme pour balayer la demande de l’opposition selon laquelle il faut privilégier la présidentielle et les législatives, au détriment des locales, municipales, urbaines qu’elle estime plus complexes, la Céni, avait déclaré que le train était déjà en marche et ne pouvait pas, par conséquent, faire marche arrière pour satisfaire certaines revendications de l’opposition.
            Quant à la demande de l’opposition selon laquelle, la Céni devait privilégier les élections locales et  provinciales, la Céni avait répondu que cela ne relevait pas de ses prérogatives, soulignant en conclusion qu’il n’y avait pas d’élections plus importantes que d’autres. En outre, le rapporteur de la Céni avait relevé le fait que l’organisation des locales était plus qu’une nécessité d’autant plus qu’elles permettraient de rétablir l’autorité de l‘Etat qui fait défaut à l’intérieur du pays.
            Que cette opposition vienne aujourd’hui remettre en cause le travail consensuel réalisé par la Céni, il n’y a pas de doute à croire que cette démarche ne peut procéder qu’à une certaine peur de l’opposition politique qui ne veut pas aller aux élections qu’elle ne cesse pourtant de réclamer à cor et à cri, accusant la Céni de vouloir faire le jeu de la Majorité.

Vouloir à la fois une chose et son contraire
            Ce qui voudrait tout simplement dire que l’opposition politique congolaise veut à la fois une chose et son contraire.
            De leur côté, les opposants proposent que les élections des députés provinciaux, des gouverneurs, des vice-gouverneurs et des sénateurs se tiennent en 2015.
« Les élections des députés provinciaux, des gouverneurs, des vice-gouverneurs et des sénateurs sont prioritaires parce que suspendues au cours du cycle électoral 2011 -2016 et doivent être organisées en 2015 pour résoudre la question de leur légitimité. Car l’illégitimité érode l’efficacité de l’Etat », explique Emery Okundji, secrétaire général du parti de l’opposition Fonus.
            Dans son calendrier publié le 12 février dernier, la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) prévoit d’organiser les élections provinciales, municipales, urbaines et locales le 25 octobre 2015 alors que les élections présidentielle et législatives devraient se tenir le 27 novembre 2016
            L’opposition  est cependant d’accord avec  la Ceni sur une chose : la date de la tenue de la présidentielle et des législatives en 2016.
            Tout compte fait, on comprend maintenant que réclamer la publication du calendrier électoral et la tenue des élections est une chose, mais être prêt à se mettre en ordre de bataille le moment venu, en est une autre. La publication du calendrier électoral par la Céni a été pour bien des hommes politiques une surprise, même s’ils le réclamaient à cor et à cri.
            Maintenant que le calendrier est publié, préparons-nous à aller aux élections. Pour cela, il faut de l’argent, beaucoup d’argent. En avons-nous suffisamment pour y aller ? C’est là que le bât blesse.

Kléber Kungu

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