Burkina Faso:
Les députés s’attaquent à la
corruption
Les
Burkinabè, par leurs représentants, tiennent à assainir l’environnement sociopolitique de leur pays en
le débarrassant de leur pays de toutes les tares qui le gangrènent. Ainsi quatre mois
après la révolution ayant chassé Blaise Compaoré du pouvoir et la mise en place
de nouvelles autorités, le Conseil national de transition (l'Assemblée) a voté,
mardi 4 mars au soir, la loi anti-corruption, que l’on peut qualifier de première
grande loi.
Une loi
qui a fait l’unanimité au sein d’une Assemblée de 82 députés dont 81 ont voté
pour une abstention. C’est que les Burkinabè dans leur majorité tiennent à
tourner définitivement la page Compaoré.
La loi
anti-corruption, apprend-on, est un texte très fourni avec 117 articles et 5
titres qui le composent. Il définit tous les actes possibles de corruption et
détermine des sanctions. Chérif Sy, président du CNT, met l’accent sur
l’article 63 qui permet de contrôler le rapport entre le salaire gagné par un fonctionnaire et
ses biens.
« Vous avez des fonctionnaires dont le
salaire est connu et qui ont des demeures telles que, pour pouvoir les avoir,
il faut multiplier leurs salaires par trois cents. La loi autorise que l’on
puisse vous interpeler pour que vous puissiez prouver comment vous avez pu
avoir un tel train de vie », a précisé Chérif Sy.
Cinq ans de prison
La
sanction prévue dans ce type de cas peut aller jusqu'à cinq ans de prison et 25
millions de francs CFA d'amende.
Les députés
du CNT sont allés plus loin dans la lutte contre la
corruption en s’attaquant même à la petite corruption. Ainsi ont –ils aussi
décidé de s'attaquer à la corruption électorale, au « financement occulte » des
partis politiques et à la petite corruption, celle des administrations et de la
rue. Le point concernant le
« financement occulte » des partis politiques a conduit le seul
député qui s’est abstenu à adopter cette position, souhaitant avoir une
définition claire de « financement occulte ».
Tout
Burkinabè est mis à contribution dans cette lutte. Chérif Sy souhaite
d'ailleurs adresser un message à ses compatriotes. « Il faut avoir le courage de dénoncer les
corrupteurs ; il faut refuser d’être un corrompu ou d’être un corrupteur, un
point c’est tout », a-t-il déclaré.
La loi anti-corruption
votée par les députés, il reste qu’elle soit validée par le Conseil
constitutionnel, puis promulguée par Michel Kafando, le président de la
transition.
Honorer le rang
d’ « hommes intègres »
Le
peuple burkinabè tient à honorer son qualificatif d’ « hommes
intègres ». En votant la loi anti-corruption, qui porte prévention et répression de la
corruption, le CNT ambitionne de marquer son passage sur le paysage politique
du pays. Avec cette loi, des garde-fous sont désormais placés en vue de
moraliser la gestion des ressources et freiner le phénomène devenu planétaire
qu’est la corruption.
La nouvelle loi anti-corruption, qu’auparavant le régime Compaoré avait vidée de sa substance,
ambitionne de définir les règles de prévention et de répression des actes jugés
de corruption. Elle définit la typologie des actes de corruption et prévoit les
sanctions y afférentes. La loi édicte ensuite les mesures à respecter aussi
bien dans le secteur privé que dans le secteur public en vue de prévenir la
corruption.
Elle
institue une obligation de déclaration d’intérêt et de patrimoine pour
certaines autorités (une liste non exhaustive a été intégrée dans la loi) et
des emplois dans la haute administration civile et militaire. Cette loi traite
de la coopération internationale, du recouvrement d’avoirs et de l’entraide
judiciaire en matière de corruption.
Délit
d’apparence adopté. Le délit d’apparence, cette mesure si chère au Pr Laurent
Bado, cité par Burkina 24, a été intégrée
dans cette loi. Elle punit, à l’article 63, d’un emprisonnement de 2 à 5 ans et
d’une amende de 5 millions à 25 millions de F CFA, « quiconque ne peut
raisonnablement justifier l’augmentation de son train de vie au-delà d’un seuil
fixé par voie réglementaire au regard de ses revenus licites« . En plus, « la
juridiction du jugement ordonne la confiscation de la partie non justifiée du
patrimoine ». .
Kléber Kungu
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