lundi 4 juin 2012

Un gardien de vaches était chargé de recruter les candidats

Des Rwandais dans M23 ? Un gardien de vaches était chargé de recruter les candidats Le dossier brumeux sur l’implication du Rwanda dans les affrontements meurtriers au Nord-Kivu entre les mutins du M23 et l’armée régulière congolaise commence à livrer quelques pans de ses secrets après la publication par la BBC du rapport confidentiel de l’Onu accusant le Rwanda de soutenir la nouvelle rébellion le Mouvement du 23 mars, M23 en lui fournissant armes et munitions et…hommes formés à Kigali. Ces volontaires étaient recrutés par un…bouvier de la localité de Mudende qui garde des vaches appartenant à un gradé de l’armée rwandaise. À ce jour, une cinquantaine de ces combattants de nationalité rwandaise se sont rendus aux autorités congolaises, vingt-quatre sont hébergés dans le camp de la force de paix des Nations unies, la Monusco, à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, tandis que treize autres sont entre les mains de l’armée régulière (FARDC), et enfin quatorze qui étaient arrivés à la Monusco le 17 mai dernier ont disparu, probablement reconduits en toute discrétion au Rwanda. Depuis la révélation du contenu de ce rapport accablant, le Rwanda et la RDC ont décidé de mener une enquête conjointe pour éclairer ce dossier qui implique pour la énième fois le Rwanda de déstabiliser son voisin le Congo Kinshasa. Des officiers militaires congolais et rwandais ont interrogé les 29 et 30 mai les onze premiers soldats rwandais du M23 à s’être rendus à la Monusco à l’intérieur du camp de l’Onu à Goma, en présence de témoins membres de la force des Nations unies. Les résultats de ces auditions ne laissent en effet plus de doute sur l’implication du Rwanda dans les combats qui se déroulent au Nord-Kivu, précisément sur le caractère systématique du recrutement et de l’envoi de ressortissants rwandais vers la RDC, où ils combattent l’armée régulière aux côtés des mutins du M23. Selon plusieurs témoignages de ces jeunes Rwandais, le personnage clé du recrutement des soldats est incontestablement un bouvier (un gardien de vaches) qui joue le rôle d’agent recruteur dans la région de Mudende. Il approche les jeunes désœuvrés des villages et leur dit « qu’il y a de l’embauche dans l’armée rwandaise ». Une fois un grand nombre de volontaires rassemblés, le bouvier recruteur prend soin d’organiser lui-même le transport des recrues par autobus qui seront rassemblées à Kinigi, à l’entrée d’un parc naturel célèbre pour ses gorilles. Leurs effets personnels, cartes d’identité, téléphones portables et argent liquide rwandais sont confisqués. De là, privés de toute identification, ils partent en colonnes à pied vers la forêt de Runyioni, subissant au passage une formation militaire sommaire, avant de se retrouver en territoire congolais. Ces Rwandais ne sont pas des soldats professionnels. Ils sont jeunes, à peine vingt ans, de milieu rural défavorisé, recrutés pour la plupart dans les collines de Mudende, à quelques kilomètres de la frontière congolaise. Runyioni est présentée comme la place forte des mutins du M23. Ils y tiennent deux collines frontalières du Rwanda que les FARDC s’efforcent de reprendre depuis plusieurs semaines. C’est la plupart du temps en fuyant les bombardements que les jeunes recrues se sont rendues à la Monusco ou aux FARDC. On rapporte que beaucoup auraient réussi à regagner leurs villages, d’autres seraient encore en train d’errer dans cette région forestière, cherchant des voies et moyens de rejoindre leurs villages. Le récit des rescapés était poignant quant à la sale besogne qui était la leur au début de leur service militaire. L’un des rescapés de cette fuite a raconté avoir croisé au moins une soixantaine de jeunes en train de fuir. « Arrivés à Runyioni, nous avons vu des militaires blessés », a-t-il dit aux enquêteurs. « Nous avions peur, nous étions démoralisés, nous n’avions à manger que quelques pommes de terre ». « Au début, on nous employait à chercher de l’eau et du bois, à porter des caisses de munitions, et installer les bâches des bivouacs, mais quand les bombardements ont commencé, il fallait que l’on aille sous le feu récupérer les blessés dans les trous de fusiliers ». « On m’a envoyé chercher des bambous pour confectionner des brancards », déclare l’un d’eux, « j’en ai profité pour m’échapper en longeant une rivière ». Après deux jours de marche, certains de ces jeunes en fuite ne savaient plus s’ils se trouvaient au RDC ou au Rwanda quand ils sont arrivés à proximité d’un camp de la Monusco à Rugari en RDC. Défendre « ceux qui parlent notre langue » Au commencement était l’intox, le bourrage de cerveaux de ces jeunes recrues à qui on inculquait l’idée selon laquelle elles étaient recrutées pour une mission : la défense de leur langue que le gouvernement congolais combattait. Interrogés par les enquêteurs congolais et onusiens sur les raisons de cette guerre, ces jeunes recrues ne savent pas grand-chose. « On nous a dit qu’il fallait que l’on défende ceux qui parlent notre langue, que le gouvernement congolais combattait la langue rwandaise, et que nous devions nous battre pour la protéger ». Tous ont entendu dire que leur « grand chef » était le général Bosco Ntaganda, et qu’il leur rendrait visite à la fin de leur formation, mais ils déclarent ne l’avoir jamais vu. Le nom d’un autre chef du M23 présent à Runyioni est souvent cité : le major Rukara. Alors que c’est le général Sultani Makenga qui dirige cette nouvelle rébellion. Alors, qui est ce « nouveau » Rukara ? Si cet officier n’est pas fictif, tout porte à croire qu’il serait Rwandais et que les géniteurs du M23 auraient pris soin de remplacer le pion de Sultani Makenga par Rukara. En enquêtant, les enquêteurs congolais et onusiens ont remarqué ce fait fort troublant : les premières défections des proches de Bosco Ntaganda au sein des FARDC datent du 9 avril dernier. Or, plusieurs des recrues rwandaises déclarent avoir été acheminés sur le territoire congolais dès le mois de février. Ce qui a poussé certains analystes plus avertis de conclure au fait que la nouvelle guerre congolaise est simplement une agression préméditée minutieusement préparée de longue date. « C’est la preuve d’un plan minutieusement préparé de longue date, une infiltration pour une agression préméditée », dit un responsable qui tient à garder l’anonymat. Les FARDC affirment détenir, à Goma, neuf anciens miliciens des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) qui auraient rejoint le M23, après avoir été désarmés et rapatriés au Rwanda par la Monusco. Ce groupe rebelle a été constitué à l’origine par d’anciens militaires des Forces armées rwandaises, accusés d’avoir perpétré le génocide de 1994, avant de fuir vers le Congo lors de l’arrivée au pouvoir du président Kagamé. Les éléments des FDLR sont présentés à l’opinion internationale comme ceux qui cherchent à déstabiliser le pouvoir de Kigali, avec la particularité de mener leurs actions meurtrières uniquement sur le territoire congolais. Ce mouvement est en principe le pire ennemi du Rwanda. Un autre fait fort troublant. Quelle sera la réaction de la partie congolaise face à ces révélations fort troublantes qui mettent en cause un voisin dont les relations avec le Congo Kinshasa n’ont jamais été claires depuis des lustres ? En effet, depuis 1994, l’ingérence du Rwanda dans la situation qui prévaut dans la partie orientale de la RDC reste un secret pour ceux qui connaissent mal le pays de Paul Kagamé. Donc, il n’ya aucun doute : ce qui est présenté comme une mutinerie dans l’est de la RDC n’est en réalité qu’une belle initiative du Rwanda. Kléber Kungu

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