jeudi 21 juin 2012

Les étudiants de l’UPC sensibilisés sur les billets à valeur faciale adaptée

Campagne de sensibilisation et d’information de la Banque centrale du Congo Les étudiants de l’UPC sensibilisés sur les billets à valeur faciale adaptée Ils étaient très nombreux les étudiants de la faculté d’administration des affaires et sciences économiques (Fase) de l’Université protestante au Congo (UPC), ainsi que le recteur de cette institution, Pr Mgr Ngoy Boliya, dans la salle de G1 Fase, pour suivre les explications du directeur général de la Banque centrale du Congo (BCC) chargé de la politique monétaire, Kayembe wa Kayembe, sur la problématique du lancement de nouvelles coupures à valeur faciale adaptée de 1 000 FC, 5 000 FC, 10 000 FC et 20 000 FC. Il était donc porteur d’un message : « éclairer et apaiser la communauté universitaire » de l’UPC, à travers elle, de l’opinion congolaise qui, face à l’expérience amère du passé, reste inquiète d’un risque d’un emballement des prix des biens et services sur le marché, comme l’a dit le chef des travaux, Ciamala, modérateur de la conférence-débat du 20 juin. Quel est l’objectif de la Banque centrale du Congo en mettant en circulation, dès le 2 juillet, de nouveaux billets à valeur faciale adaptée ? Quel est le bien-fondé de l’opération d’injection de nouveaux billets sur le marché monétaire ? Le moment est-il propice pour lancer ces nouveaux billets ? Quelle est la stratégie que la BCC met en œuvre pour faire réussir cette opération ? Quelles en sont les mesures d’encadrement ? A ces questions précises que le DG Kayembe wa Kayembe a répondu pendant plus de 2 heures. En ouverture de la conférence-débat proprement dite, le DG Kayembe s’est appuyé sur la théorie de certains auteurs économistes sur la gestion fiduciaire dans l’économie d’un pays. Le premier principe dictant que le nombre de coupures en circulation devant être au nombre de 12 dénominations pour faciliter les échanges économiques, comportant différents billets, notamment les billets à valeur faciale élevée, ceux à valeur faciale moyenne et ceux à valeur faciale faible. A ce sujet, il a pris l’exemple du dollar qui comporte 11 dénominations, allant de 1 dollar à 100 dollars, en passant par 2 dollars ; tandis que l’euro va de 5 euros à 500, en passant par 10 euros, 20 euros, 50 euros… Il en est de même du FCFA. Toutes ces monnaies, a précisé le DG Kayembe, ont des billets et des pièces de monnaie. Et le franc congolais ? En 1998, lors de la réforme monétaire, le français congolais (FC) avait également 11 dénominations (1 FC, 5 FC, 10 FC, 20 FC, 50 FC…), y compris des pièces de monnaie. Mais la situation actuelle, a-t-il annoncé, l’éventail fiduciaire de la monnaie congolaise n’a que 4 coupures en circulation (50 FC, 100 FC, 200 FC et 500 FC), sans aucune pièce de monnaie. Aussi les autorités monétaires congolaises ont-elles décidé de se conformer aux normes internationales en adaptant l’éventail fiduciaire. Mais pourquoi de 11 coupures en circulation en 1998, en est-on arrivé à 4 seulement aujourd’hui, 14 ans plus tard ? Le directeur général en charge de la politique monétaire de la BCC a évoqué deux raisons majeures : d’abord, la surenchère qui érode le pouvoir d’achat, qui a fait disparaître de la circulation les autres coupures, n’étant plus capables d’acheter quoi que ce soit sur le marché. Ensuite, en 1998, lors de la réforme monétaire, 100 FC se changeaient à…72.5 dollars, mais aujourd’hui, le même billet ne vaut même plus un seul dollar ! Comme pour étayer son argument, il a évoqué les périodes troubles que le pays a dû passer ; ce qui a provoqué de fortes inflations : par exemple, en 1999, l’inflation était de 400%, tandis qu’elle a grimpé à 511% une année plus tard. Conséquence : 100 FC ne représente plus que…26 cent en 2002 et que, même la plus grosse coupure en circulation, 500 FC, ne représente que…75 cent, c’est-à-dire moins d’un dollar ! Pour réaliser des paiements efficients, il faut un certain minimum de billets de banque. Or, l’éventail fiduciaire actuel en RDC ne garantit pas un paiement efficient. Pourquoi l’injection de nouveaux billets ? Contrairement à ce qui se raconte dans la rue sur la motivation de l’injection de nouvelles coupures, cette opération ne se réalise pas pour permettre à l’Etat de réaliser le paiement des salaires de ses fonctionnaires ni de concrétiser la réalisation de 5 chantiers. La BCC entend injecter de nouvelles coupures à valeur faciale adaptée pour adapter l’éventail fiduciaire aux normes internationales. Cette situation a pour conséquence une faible demande de la monnaie nationale par rapport à la devise. Par conséquent, la monnaie nationale ne joue plus les trois fonctions d’une monnaie : unité de compte, réserve de valeur et intermédiaire des échanges. D’où la dollarisation excessive de l’économie nationale. Aujourd’hui, cette dollarisation entraîne entre autres conséquences, l’absence de commodité dans les échanges (transactions) : pour acheter, par exemple, quelque chose d’une valeur de 400 dollars, il faut plusieurs liasses de billets de 500 FC. Ce qui augmente le risque de vol, de cambriolage… Le contexte est-il le même que celui d’hier ? Est-ce que le moment est approprié pour lancer les nouvelles coupures, les mêmes causes produisant les mêmes effets ? Le DG Kayembe a parlé des caractéristiques des trois secteurs de la vie nationale dans les années 1990. Le secteur réel était marqué par l’absence d’activités économiques, des pillages (1991 et 1993) qui ont détruit tous les tissus économiques, le secteur des finances publiques a obligé la BCC d’octroyer des avances à l’Etat, d’où l’émission de nouvelles coupures, faisant augmenter les émissions de la BCC de 2000% et la masse monétaire de 3000%, l’émission, en 1992, de 5 coupures jusqu’à la coupure de 5 millions de zaïres avec une masse monétaire de 4000% et une inflation de…4 600%. Le secteur extérieur, lui, a connu moins de rentrées de devises, les exportations faisant défaut. En 1993, toutes les devises appartenaient à l’Etat, obligeant ainsi tous ceux qui disposaient de devises de les garder à l’étranger. Mais depuis 2002, les choses ont évolué positivement : le taux de croissance est resté au-delà de 6%, sauf en 2009, où il a chuté en raison de la crise économique et financière mondiale. Aujourd’hui, le taux de croissance est de 6,6%, les finances publiques sont équilibrées et orthodoxes. L’Etat accuse un excédent de 180 milliards de FC et la BCC dispose d’un excédent de 1,350 milliard de dollars, l’équivalent de 8 semaines d’importations de biens et services ! En plus, le marché de change est fixe. Toutes ces performances prises en compte, la BCC croit que le contexte est favorable pour qu’elle envisage cette opération sans risque d’impact négatif sur le marché des biens et services. Y aller graduellement et prudemment La BCC n’entend pas lancer cette opération la tête baissée. Elle compte y aller graduellement et prudemment. Mais, elle n’injectera que 3 (1 000 FC, 5 000 FC et 10 000 FC) des 4 nouvelles coupures à valeur faciale adaptée, 20 000 FC devant attendre. Ce qui amènera l’éventail fiduciaire de coupures en circulation à 7. Comme stratégie de lancement, le DG Kayembe a annoncé que la BCC allait injecter des billets, mais qu’il n’y aura pas de nouvelles émissions, excepté des émissions de remplacement de billets usés (impropres à la consommation). Dans la foulée, il a annoncé l’intention de la Banque d’injecter d’abord 9 milliards de FC, tout en assurant l’opinion que la masse monétaire n’allait pas augmenter et que le volume à émettre d’ici à décembre prochain est de 8 millions de billets, ce qui ne représente pas grand-chose par rapport au 40 millions de billets de 500 FC du Cinquantenaire injectés, mais qui se raréfient davantage. Dans ce cadre, il a informé que la BCC a incinéré 15 milliards de FC de billets impropres à la consommation. Discipline budgétaire L’opération de l’injection de nouvelles coupures n’ira pas sans mesures d’encadrement sur lequel repose son succès. L’engagement du gouvernement à observer une discipline budgétaire, sinon son renforcement, l’engagement de la BCC à surveiller tous les canaux d’injection de liquidités, le resserrement de la politique de financement d’autres banques, l’élargissement de la fourchette d’appels d’offres et l’activation de la politique de change en cas de choc, voilà autant de mesures d’encadrement annoncées par le directeur général de la BCC en charge de la politique monétaire. La cible, les étudiants de l’UPC, ont réagi positivement au message de la BCC par le nombre de questions posées, leur pertinence, le nombre d’intervenants. L’orateur n’a pas hésité à le reconnaître. Et le recteur de l’UPC, le Pr Mgr Ngoy Bolia y est revenu, en clôture de cette conférence-débat. « Ils se sont rendus compte qu’à l’UPC, les têtes travaillent. Ils ont planché sur un sujet d’actualité : l’émission de nouveaux billets », a-t-il déclaré, tout en évoquant les tristes événements de 1993 ayant entraîné les pillages dont son université à été victime. « Ce que le directeur a dit nous a édifiés et rassurés. J’espère qu’après le 2 juillet, ce qui s’est passé en 1993, ne se produira plus. Je félicite mes étudiants pour la pertinence de leurs questions », a ajouté le recteur, visiblement satisfait. Des questions sur la dollarisation de l’économie nationale, les dépenses de souveraineté, l’émission parallèle de la monnaie, l’emballement des prix au lancement des nouveaux billets, la circulation de 2 monnaies (locale et étrangère) dans les frontières entre la RDC et ses voisins… Répondant à une question d’un étudiant sur la crainte de la population de voir déjà quelques cartons de ces nouvelles coupures détenues par quelques personnes privilégiées, le DG Kayembe a répondu en ces termes. « Je confirme avec force et énergie que depuis 2005 [année d’émission de ces billets] ces billets sont toujours dans les coffres-forts de la Banque », a-t-il déclaré, lançant un défi à toute personne détenant des preuves sur la détention par des particuliers des cartons de nouvelles coupures de les lui apporter. « Faites confiance à la BCC car depuis 2005 ces billets sont gardés dans ses coffres-forts et ne peuvent circuler qu’à partir du 2 juillet », a-t-il conclu. Si le message est passé chez les étudiants, qu’en est-il de la population en général ? Kléber Kungu

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