jeudi 21 juin 2012

Louise Mushikiwabo à Kinshasa pour apaiser la tension

Louise Mushikiwabo à Kinshasa pour apaiser la tension Arrivée lundi 18 juin à Kinshasa, la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo s’entretient mardi 19 juin avec son homologue congolais, Raymond Tshibanda, sur la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC, en présence de leurs experts des questions de la défense et de la sécurité. La question de la mutinerie en cours dans l’est de la RDC, dont le Rwanda est accusé de soutenir en hommes et en armes est évoqué spécialement. Louise Mushikiwabo a d’abord été reçue le mardi matin par le chef de l’Etat congolais, Joseph Kabila. «Je suis officiellement en RDC pour une réunion des instituions diplomatiques et de sécurité sur le soutien du Rwanda dans la résolution de la crise dans l’Est», a-t-elle affirmé à la presse après l’audience avec Joseph Kabila. Toutefois, elle a refusé de se prononcer sur les accusations de Kinshasa sur le soutien de son pays aux mutins du Mouvement du 23 mars, M23, en indiquant que «l’opinion doit être éduquée et comprendre que le Rwanda a longtemps travaillé pour la pacification de la région des Grands lacs». La diplomate rwandaise a exprimé la volonté de son pays d’assister la RDC dans son travail de stabilisation. Les relations entre le Rwanda et la RDC se sont tendues après les accusations de Kinshasa sur la présence dans la province du Nord-Kivu (est) de 200 à 300 hommes, dont des Rwandais, recrutés sur le territoire rwandais d'où ils sont partis renforcer les mutins ex-rebelles congolais qui s'affrontent depuis un mois aux Forces armées de la RDC (FARDC). Le ministre congolais de l’Information, Lambert Mende, avait dénoncé le 9 juin la passivité des autorités rwandaises après la révélation de la présence de Rwandais, recrutés au Rwanda, au sein du Mouvement du 23 mars (M23), par la fuite d'un rapport interne de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en RDC (Monusco), puis confirmée dans un rapport détaillé de l'ONG Human Rights Watch (HRW). Selon l'ONG, le général en fuite Bosco Ntaganda, accusé par Kinshasa d'être l'instigateur de la mutinerie, aurait reçu le soutien de responsables militaires rwandais qui l'auraient approvisionné en armes, en munitions et en recrues venues du Rwanda. Louise Mushikiwabo avait vivement réfuté ces accusations en les qualifiant d’un gros mensonge, et disant ne pas comprendre que le Rwanda soit utilisé comme bouc émissaire par le gouvernement congolais dans une tentative de détourner l'attention de ses problèmes domestiques. « Je suis catégorique : le Rwanda n'a ni formé ni envoyé de combattants de l'autre côté de la frontière», avait-t-elle déclaré à Jeune Afrique. L’offensive diplomatique congolaise Du côté congolais, dans une offensive diplomatique, le ministre des Affaires étrangères, Coopération internationale et Francophonie, Raymond Tshibanda a effectué ces derniers jours une mini tournée à Kampala, en Ouganda, Dar-Es-Salaam, en Tanzanie, Bujumbura au Burundi et Luanda en Angola pour évoquer avec les présidents de ces pays la situation sécuritaire au Nord-Kivu et l'implication de plus en plus avérée de l'un des pays voisins dans la détérioration de cette situation, selon un communiqué de ses services, dans lequel le Rwanda n'est jamais nommément cité. Dans une déclaration faite vendredi 15 juin où le Rwanda n'est pas cité, le Conseil de sécurité de l'Onu a appelé à une enquête complète à la suite de ces rapports crédibles sur le soutien extérieur apporté aux groupes armés dans cette province. Les mutins, qui se revendiquent du Mouvement du 23 mars (M23) officiellement dirigé par le colonel Sultani Makenga, sont des ex-membres de la rébellion tutsi-congolaise du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), intégrés dans les FARDC dans le cadre d'un accord de paix avec Kinshasa signé le 23 mars 2009, dont ils réclament la pleine application. Début avril, une mutinerie provoquée par d’anciens rebelles du CNDP intégrés dans l’armée a éclaté dans la province du Nord-Kivu, dans l’Est de la RDC, après des fortes pressions de la communauté internationale demandant au gouvernement congolais d’arrêter et de livrer à la Cour pénale internationale le général Bosco Ntaganda poursuivi pour de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Il est recherché par la Cour pénale internationale pour enrôlement d'enfants quand il était dans une autre milice au début des années 2000. Il était le chef d'état-major du CNDP et Sultani Makenga, son adjoint, dans cette rébellion à l'époque soutenue par le Rwanda, selon des rapports de l'Onu. Les mutins, regroupés aujourd’hui au sein du Mouvement du 23 mars, dirigé par le colonel Sultani Makenga, sont depuis mi-mai installés sur plusieurs collines dans une petite bande du parc des Virunga, frontalière avec l'Ouganda et le Rwanda, où l'armée ne parvient pas à les déloger, en dépit des feux nourris de son artillerie. Le M 23 dirigé par le colonel Sultani Makenga se sont officiellement désolidarisés du général Bosco Ntaganda, ancien chef d’état-major général de la rébellion du CNDP. Mais selon certains analystes avisés, CNDP et M23, c’est Dupont Dupond. Depuis, Jean-Bosco Ntaganda, accompagné d’une poignée de ses fidèles, se serait refugié dans le parc des Virunga non loin de la frontière rwandaise, alors que l’armée congolaise, qui était sur le point de le capturer, avait unilatéralement déclaré le cessez-le-feu. Quels arguments de poids va apporter Louise Mushikiwabo dans un discours dont l’introduction, le développement et la conclusion sont d’avance connus par les Congolais qui ne sont plus dupes du jeu trouble que n’a cesse de jouer l’un de neuf voisins de leur pays pour essayer de convaincre l’opinion nationale et internationale? Après avoir aidé à allumer le feu, dont il ne sait à ce jour comment l’éteindre, le Rwanda, accusé et acculé par l’Onu, plusieurs pays et ONG internationales –dont Human Watch Rights- de son implication dans l’insécurité ayant élu domicile dans la partie orientale de la RDC, essaie de porter les habits de sapeur-pompier. Quelle réplique la partie congolaise a-t-elle réservée aux arguments de la ministre rwandaise des Affaires étrangères, alors que son implication est de plus en plus avérée dans tout ce qui se passe dans les deux provinces du Kivu ? Que peut-on attendre de la énième visite de la diplomate rwandaise en RDC sur le plan sécuritaire au Nord-Kivu ? Un apaisement ? Une cessation des hostilités entre les belligérants? Le rétablissement de la situation sécuritaire dans cette partie de la RDC la plus bouillonnante du pays ? Ni l’un ni l’autre dans l’immédiat. Kléber Kungu

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