lundi 11 juin 2012
3 millions de dollars détournés
Dossier connexion à la fibre optique
3 millions de dollars détournés
« Un certain Kalala Martin, avec un permis de conduire, a retiré en pleine journée 3 millions de dollars à la Biac [Banque internationale pour l’Afrique au Congo] ». Le ministre des Postes et télécommunications, Kin-kiey Mulumba, a craché le morceau devant les députés nationaux, lors de son interpellation à l’Assemblée nationale jeudi 7 juin. De cette somme, 10% seulement ont été, soit 300 000 dollars, ont été récupérés. Kin-kiey Mulumba venait d’enfoncer une porte dont l’ouverture était déjà visible auprès de l’opinion nationale avisée.
Lors de son interpellation à l’Assemblée nationale sur le dossier de la connexion de la RDC à la fibre optique, en réponse à la question orale du député Emery Okundji, le ministre des Postes et télécommunications a avoué que le détournement de la somme de 3 millions de dollars destinée à cette opération est la véritable cause du blocage de dossier aussi important pour un pays qui doit se mettre au même diapason que les autres pays dans cette ère des NTIC.
« Un certain Kalala Martin, avec un permis de conduire, a retiré en pleine journée 3 millions de dollars à la Biac [Banque internationale pour l’Afrique au congo] », a affirmé le ministre des Postes et télécommunications, Kin-kiey Mulumba.
Selon le ministre Tryphon Kin-Kiey Mulumba, le présumé détourneur, qui aurait agi sous les ordres de l’Administrateur délégué général de la Société commerciale des postes et télécommunications (SCPT), avait été interpellé, de même que son parrain, ajoutant que seuls 10% de la somme détournée, soit 300 000 dollars, ont été récupérés.
Pour le député Emery Okundji, auteur de la question orale adressée au ministre Tryphon Kin-kiey Mulumba, les réponses du ministre ont rajouté des zones d’ombres au lieu d’élucider cette affaire.
Puisqu’il s’agit d’une question de détournement des fonds, il a estimé qu’il faut mettre en place une commission d’enquête parlementaire, afin de démanteler toute la filière responsable de ce détournement, et qui « est en train de saigner à blanc le trésor public».
Les députés nationaux, ceux de la Majorité présidentielle y compris, ont décidé de mettre sur pied une commission d’enquête pour démêler cette affaire.
La RDC est le seul des quatorze pays participant au projet WACS qui n’a pas été connectée à la fibre optique le 15 mai dernier, à l’occasion du lancement de ce projet.
Alors qu’à cette date, à l’occasion du lancement officiel du projet WACS (West African Submarin Cable System), 14 pays, à l’instar du Congo Brazzaville et du Togo, ont été officiellement connectés pour la première fois à la fibre optique, la RDC, elle, comme d’habitude, pour ce genre d’événement important, a raté sa connexion, pour la simple raison que certains de ses enfants ont préféré remplir d’abord et prioritairement leurs poches au détriment des intérêts de plus de 60 millions de Congolais en détournant la somme qui était destinée à cette opération.
Grâce, donc, à ce projet du géant de télécom MTN visant à connecter quatorze pays africains à la fibre optique, les pays connectés vont désormais utiliser Internet à haut débit.
Les câbles de la fibre optique, déployés pour le projet WACS, longs de 14.600 km, quittent Londres, Grande Bretagne, longent les pays de l’Afrique de l’Ouest jusqu’à Cape Town (Afrique du Sud). Son coût s’élève à 600 millions de dollars américains.
La RDC n’a pas été connectée à la fibre optique à cette date parce qu’elle était en retard par rapport à la construction du point d’atterrage qui doit être connecté à la fibre optique. L’administrateur directeur général de la Société congolaise de poste et télécommunication (SCTP), Placide Mbatika, qui a assisté lundi au lancement du projet WACS en Afrique du Sud, s’était ainsi exprimé, toute honte bue.
Qui va gérer les revenus de la fibre optique ?
La RDC demeure à la queue des Nations connectées à la fibre optique alors que le câble sous-marin qui relie le pays à l’Europe a été posé à Moanda, ville côtière de l’Ouest, en février 2011.
Depuis cette date et avant même que le projet ne devienne opérationnel, syndicalistes et membres de l’ancien comité de gestion ont opté pour des querelles intestines interminables sur la gestion prochaine du projet (sur l’entité qui devrait gérer les revenus que générera l’exploitation de cette technologie), sachant qu’il sera très fructueux. Comme le ferait un couple qui, attendant la fin des études universitaires de son enfant, se met à se quereller sur la manière dont il va gérer le patrimoine que va générer cet enfant.
A en croire certaines sources, les revenus attendus de l’exploitation de la fibre optique constituent une affaire de gros sous, car ils seraient de l’ordre de 30 à 40 millions de dollars américains par mois.
Les employés de la SCPT comptent beaucoup sur le projet WACS d’autant plus qu’ils traînent près de cent mois d’arriérés de salaires.
Taux de pénétration Internet
L’utilité et l’importance de la fibre optique en RDC ne peuvent pas être mises en doute, vu la grandeur du pays, mais aussi l’engouement des utilisateurs de l’Internet dans un pays, grand comme quatre fois la France, mais qui, avec un taux de pénétration qui est passé de 0,03% en 2000, à environ 6 % en 2005 avec au moins 4 millions d’abonnés, a l’un des taux de pénétration d’Internet le plus faible au monde. Une évidence saute cependant aux yeux : en dépit de leur faible revenu, les Congolais, surtout les jeunes, montrent un engouement évident vers l’internet.
Dans les grandes villes du pays, les Congolais accèdent à Internet dans les cybercafés essentiellement pour lire et envoyer des courriers électroniques. Et de plus en plus des jeunes gens fréquentent les cybercafés pour utiliser les réseaux sociaux, le débit très faible ne permettant généralement pas la lecture des vidéos ou les téléchargements de certains fichiers lourds dont le PDF.
En RDC, l’Internet reste encore un bien élitiste, une denrée encore chère. Mais si le pays n’est pas connecté à la fin août, il y a une élite, une frange de la population congolaise, accro à l’internet, qui risque d’être pénalisée. Les participants au XIVè sommet de la Francophonie, qui réunira plus de 2000 personnes, du 12 au 14 octobre prochains à Kinshasa, auront besoin de l’internet à haut débit.
En attendant, il importe que le dossier du détournement de 3 millions de dollars de la fibre optique soit tiré au clair. Nous craignons cependant qu’il va grossir la liste de nombreux dossiers de détournements qui n’ont jamais été tirés au clair, les personnes impliquées n’étant pas du commun des mortels.
Kléber Kungu
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